La chair du livre
Evanghélia Stead, La Chair du livre. Matérialité, imaginaire et poétique du livre fin-de-siècle
Paris : PUPS, coll. « Histoire de l’imprimé », 2012.
Présentation de l’éditeur :
À l’époque où la chair était triste et les sens las, l’ardeur du baiser s’est portée sur le livre, objet, esprit et matière. Images et estampes, couvertures et reliures, pliages, ornements, graphisme et typographie ont doté les textes d’un sens intellectuel, poétique, et sensuel. À la toute fin de l’ère qui connut l’explosion de l’imprimé et imposa le sens courant du terme illustration, le livre et l’imprimé fin-de-siècle ont porté une charge poétique vibrante où s’enracine la fécondité du XXe siècle.
La Chair du livre cherche à lier cet esprit du temps à la matérialité et à l’imaginaire. Centré sur le livre français, l’ouvrage a une dimension européenne. Il part de l’étude d’une bibliothèque qui fit scandale. Il s’arrête sur le statut de l’image dans le livre tiré en grand nombre et les revues, et étudie l’inconfort que suscita le terme d’illustration. Il aborde le livre de bibliophilie et certains de ses artistes. L’imaginaire singulier de la bibliothèque, la lecture qui est Femme, le livre conçu comme de la chair entre deux peaux, l’impact du noir et du blanc et les taches d’encre arrêtent l’attention, autant que les livres éventails qui transcendent la matérialité dans leur élan vers la poésie.
Innervé par des questions qui ont préoccupé Mallarmé, presque partout présent dans ces études, La Chair du livre n’en fait pas le point de départ d’une « rupture inaugurale » (Y. Peyré), mais donne à voir le contexte dans lequel s’enracine la méditation mallarméenne. La révolution typographique et poétique, la poésie visuelle, le graphisme symbolique naissent dans une fin de siècle qui connaît le nouvel attrait de la publicité, une iconographie galopante, et déjà une crise de « la galaxie Gutenberg » (M. McLuhan).
Pour répondre à ces questions, à l’heure d’une autre « crise », La Chair du livre, composé de quinze études idiosyncrasiques, croise les méthodes et les points de vue sans atténuer les aspérités et les divergences d’une époque de transition. Entre histoire de l’imprimé et de l’édition, études littéraires, arts du livre, esprit du temps, matérialité et imaginaire, il aspire à rendre au livre sa dimension d’objet parlant de l’histoire culturelle.
Évanghélia STEAD est professeur de Littérature comparée à l’université de Versailles Saint-Quentin, membre du centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC), et directrice du séminaire du TIGRE (ENS, DHTA). Traductrice littéraire polyglotte, elle travaille sur les poétiques fin-de-siècle et leur lien à la modernité, sur l’esthétique du livre et les revues artistiques et littéraires entre 1880 et 1920, et sur l’héritage des grands textes et des figures mythiques dans les littératures occidentales. Elle a déjà publié dans la collection « Histoire de l’imprimé » L’Europe des revues (1880-1920) : Estampes, photographies, illustrations, co-dirigé avec Hélène Védrine (2008)
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30/08/2012