Camille Lemonnier, essai de biographie critique
Camille Lemonnier, essai de biographie critique
(1922)
Au moment où la guerre éclata, les amis et admirateurs de Camille Lemonnier se disposaient à ériger à sa mémoire un monument sur une des places de Bruxelles. Le sculpteur choisi, M. Pierre Braeke, y travaillait avec ardeur. Il ne restait plus qu’à chercher un emplacement approprié. Pour célébrer l’auteur de tant de beaux livres de nature, on voulait un cadre de verdure et de fleurs. On l’a trouvé en face de l’entrée principale du Bois de la Cambre. Devant ces arbres qu’il a tant aimés, à l’orée de cette forêt de Soignes qui lui a inspiré quelques-unes de ses plus belles pages, s’élève la stèle votive que la Belgique reconnaissante dédie au grand écrivain. L’occasion nous paraît bonne de passer ici rapidement en revue l’œuvre immense de celui qui, comme le père de Mirabeau, aurait pu s’écrier :
« J’ai tant écrit que si ma main, au lieu d’être de chair, eût été de bronze, elle serait usée ! »
Camille Lemonnier naquit en 1844, dans une maison de la chaussée d’Ixelles qui existe encore, à peine transformée. Son père était avocat, originaire de Louvain. Sa mère, Marie Panneels, était une Brabançonne de vieille souche. Il la perdit quand il avait deux ans.
Est-il Flamand ? Est-il Wallon ? La question a été souvent posée. Son père était de culture française. Mais la grand’mère qui l’éleva, était nettement flamande. D’autre part, une bisaïeule de son père était italienne. Comment déterminer, d’après ces apports, son originalité ethnique ? Lui-même résolvait le problème, en disant : « Ni Flamand, ni Wallon ! Toute la terre belge est ma terre ! Je me sens chez moi dans les plaines de Flandre comme sur les monts de Meuse. » Cependant, comme il avait un vrai tempérament de peintre, comme son héros favori était Rubens, c’est aux artistes de Flandre qu’il semble s’apparenter surtout. Lire la suite »