Tombeaux
TOMBEAUX, d’après La Mer de la fertilité de Mishima, François Noudelmann
Ed. Cécile Defaut, coll. Le Livre / La Vie dirigée par Isabelle Grell
Extraits
« Devant le balcon de la caserne, il est midi, le corps, devenu un seul muscle, a libéré le foutre de
sang qui le gonflait. »
« Mishima fut coupé en deux, séparé désormais de toute volonté. Il a perdu la tête, ont déploré les gens de bon sens. Il a transmis un nom prestigieux à son fils, Esprit de la littérature et des arts martiaux, mais il lui a légué aussi cette tête sans maquillage. Baveuse et molle, elle laisse un souvenir entêtant pour la mémoire des survivants. »
« Relire Mishima jusqu’à son trait final a fendu la petite mythomanie de mon existence samouraï en
produisant une lacération imprévue, comme une césarienne qui n’accouche de rien. »
Préface d’Isabelle Grell
Mishima, Noudelmann, témoins de passages
Un an durant, François Noudelmann a porté sur son dos, à son bras, le long de son flanc les quatre volumes de La Mer de la fertilité. Fidèles comme une ombre, ils l’ont accompagnés parfois même malgré lui. Les ombres, en cette période de l’année, sont trapues. A la fin de l’hiver, elles sont sur le guet et n’aspirent qu’à s’allonger, à vous devancer, à vous dépasser. Un an de temps change un homme. Ici, du 21 mars 2010 au 22 mars 2011 se sont passés 366 jours de vies. J’insiste le pluriel. Comme Noudelmann insiste sur le pluriel de « tombeaux ». On en découvre un, le regarde de près, prend le temps d’explorer ce qui se passe autour, minutieusement, lucidement et soudain, juste à côté, là, caché sous les feuilles de l’écriture, un autre tombeau. Des morts, la Mer de la fertilité en féconde d’autres, avec trois grains de beauté chacun. Ceux que François Noudelmann découvre si présents encore à son souvenir, lui fondent dessus, comme ça, sans crier gare et s’imposent dans la mer d’encre qui coule dans ces pages. Un homme surtout. Un revenant. Noudelmann, sans peut-être y penser en rédigeant cet ouvrage que vous avez sorti du lot des petits cimetières que sont les livres, confirme la formule sartrienne « ce n’est pas tout de mourir : il faut mourir à temps ». Et j’y vois une allusion à la fable de La Fontaine « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».
Editions Cécile Defaut
Format 13 x 19 cm
128 pages
isbn 978-2-35018-314-5
Prix de vente public: 14 €
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2/02/2012