BCMG
(affiche réalisée par Dr Devo)
BCMG, la soirée consacrée aux films de genre et/ou au cinéma beau et hors-norme, programmée par les projectionnistes du Majestic et l’équipe de Matière Focale, présente ce mois-ci un triple hommage à l’enfance, l’imaginaire et au cinéma lui-même ! Il s’agit deux longs métrages encore une fois très différents, ayant le bon goût de revisiter l’enfance en s’adressant à tous, petits et grands, et sans jamais prendre nos petites têtes blondes (ou les adultes !) pour de gentils imbéciles qu’il faudrait à tout prix préserver en les inondant de films mièvres, stupides et laids. Ici, ce sera le contraire: de la grande mise en scène, de l’émotion, du rire, de la beauté et surtout l’impression de voir des films qui n’ont jamais l’air d’être « pour enfants » (ce qui, de nos jours est assez rare). Redécouvrez PANIC A FLORIDA BEACH, le classique rare du grand Joe Dante, et ne loupez surtout pas le sublimissime THE FALL, film jamais sorti en salle, ce qui est, disons-le clairement, proprement scandaleux !

19H30 : THE FALL. Film de Tarsem Singh (USA/Inde, 2006). V.O sous-titrée. Projeté en 35mm. Durée: 1h57.
Avec Lee Pace, Catinca Untaru, Justine Waddel, Robin Smith, Marcus Wensley, Leo Bill, Julian Beach.
Los Angeles, années 20. A la suite d’un accident, Alexandria, une petite fille de six ans originaire d’Inde, se casse le bras et se retrouve coincée à l’hôpital. Elle rencontre alors Roy, cascadeur de cinéma, complètement immobilisé par un accident qui lui a brisé les jambes. Pour échapper à l’ennui, le jeune homme raconte, jour après jour, une saga épique, celle du Bandit Masqué et de ses cinq accolytes qui ont tous juré de se venger du gouverneur Odious. Une amitié naît entre la petite fille et le cascadeur qui n’hésite pas à modifier son histoire au gré des remarques de celle-ci. Mais le récit d’aventure va prendre une tout autre tournure et très vite, le réel va teinter l’imaginaire d’une couleur plus sombre, à moins que ça ne soit le contraire ! Un parcours initiatique étrange commence pour tous deux…
Les mots manquent pour décrire l’insondable beauté du méconnu THE FALL. C’est d’abord un film dont la mise en scène est à couper le souffle. Cadrages au cordeau, échelle de plans malicieuse, jeux de perspectives, gros travail sur les couleurs, effets spéciaux imaginatifs et pourtant d’un « naturel » déconcertant, montage toujours inventif, etc., c’est un émerveillement total et inédit qui met superbement en valeur un récit magnifique et très nuancé qui s’inspire des dynamiques du conte merveilleux. Tarsem Singh a su en garder la noirceur et la précision originelle, et il propose un film osant toutes les audaces. THE FALL, jamais distribué en salle en France (une fois de plus, c’est un SCAN-DALE !), est une grande saga épique, un mélodrame précis et flamboyant, jamais gnan-gnan ni sentencieux, dans lequel on trouve aussi un humour étrangement pince-sans-rire qui n’est pas sans rappeler Terry Gilliam. Il s’inscrit aussi dans la droite lignée de deux autres réalisateurs avant-gardistes et populaires : Michael Powell et Ken Russel avec lesquels Singh partage le sens du lyrisme le plus bouleversant. Sans aucun doute, c’est un des plus beaux films de cette saison BCMG…
(Pas de bras, pas de cinéma ? Dieu est témoin que je déteste les enfants acteurs à peu près autant que la maladie, la guerre et Nanni Moretti, mais là, je m’incline. Elle s’appelle Catinca Untaru, et malgré cela, elle est ahurissante. Ceci dit, Tarsem Singh l’a vraiment poussé dans ses derniers retranchements. Est-ce la prochaine Fairuza Balk ?)
Comme vous le savez, je n’aime pas les bandes-annonces, mais vous, vous adorez. Comme celle de THE FALL est pas mal sans plus (et avec des coupes musicales qui font mal aux oreilles), je vous propose le sublimissime générique de début qui est le meilleur film de l’année à lui tout seul… Là, ça se voit pas trop mais la photo de Colin Watkinson est à tomber par terre ! Ha, et pour ceux qui peuvent pas s’empêcher d’aller sur youtube, évitez les nombreux extraits du film qui bien souvent en disent trop ! Et mettez le son assez fort…)
(Quand tu entends la cloche, tourne la page et passe au second film…)
(Est-ce un être humain ? Est-ce une fourmi ? Est-ce une abomination scientifique issue d’infernales manipulations atomiques ? C’est tout ça en même temps: c’est MANT ! Avec Joe Dante le frisson est ausi dans la salle et pas que sur l’écran, à moins que ça ne soit le contraire. A noter que le film est projeté en atomo-vision!)
21H40 : PANIQUE A FLORIDA BEACH (MATINEE). Film de Joe Dante (USA-1993). V.O sous-titrée. Durée : 1 h 39. Film projeté depuis un support numérique sur projecteur HD.
Avec John Goodman, Cathy Moriarty, Simon Fenton, Kellie Martin, Lisa Jakoub, Robert Picardo, John Sayles, Dick Miller.
USA, 1962. La famille Loomis, emmenée par son père de famille, militaire de carrière, vient d’emménager à la base de l’U.S Navy située à Key West, en Floride. Le plus grand des deux fils, Gene, 15 ans, n’a qu’une seule passion: le cinéma ! Tous les samedis, il emmène son petit frère voir les grands chefs-d’œuvre ou les petites gourmandises bis du cinéma fantastique et d’horreur des sixties dont il se délecte avec malice ! Et samedi prochain est une grande date, car le célèbre (enfin, auprès des afficionados de cinéma de quartier !) producteur/scénariste/réalisateur indépendant Lawrence Woolsey (l’épatant John Goodman) viendra présenter sa nouvelle série B d’épouvante MANT (monstre mi-homme mi-fourmi, comme son nom l’indique), film improbablissime mais présenté avec un tout nouveau procédé: le « Rumble-Rama » qui fait bouger les sièges et trembler les murs ! Malheureusement, Key West a d’autres préoccupations: JFK vient d’annoncer le blocus envers Cuba et le papa de Gene doit embarquer en mission en première ligne pour la Baie des Cochons… Les USA ont le sentiment d’être à l’aube de l’apocalypse nucléaire et retiennent leur souffle. Lauwrence Woolsey, en bon bonimenteur, décide d’exploiter cette paranoïa fondée ou non, pour mieux vendre son film de monstre mutant atomique !
Malgré un titre français particulièrement débilissime et orthographiquement très indécent (décidément les distributeurs français sont des champions!), MATINEE est un film passionné et délicieux du grand réalisateur populaire Joe Dante (Gremlins, Explorers, etc.). Il rend ici hommage au cinéma de quartier et/ou bis, et au cinéma fantastique tout court dans cette comédie pourtant jamais nostalgique et qui sait, par la petite histoire, évoquer avec gourmandise la contre-culture américaine. Il dépeint aussi l’atmosphère viciée et conservatrice d’une certaine Amérique de l’après-guerre qui est en train de complètement muter. La mise en scène est élégante et alerte, et le scénario, fouillé, drôle, et délicieux comme toujours chez Dante, sait rendre la saveur de l’adolescence. Le personnage de Woolsey, roublard sans doute, passionné sûrement, fauché toujours, mais qui essaie coûte que coûte de faire entrer l’action du film dans la salle de cinéma même, est à lui seul un hommage ému à tout un pan de cinéastes qui en tournant des films soit beaux soit un peu improbables ont donné ses lettres de noblesse au cinéma fantastique et de genre. Ils ont aussi fait entrer le cinéma populaire dans une ère plus moderne et tout simplement artistique. Un film jouissif pour tous les cinéphiles.
Dr Devo.
(Ouais, faut y aller avec une fille, mais si possible pas avec sa mère ! Bon, pour être honnête, cette fois-ci, la bande-annonce est vraiment très bien ! On sent que ce n’est pas un distributeur français qui l’a faite !)
Dress-code de la soirée (facultatif) : réalisateurs, monstres à moitié humains, mutants de l’ère atomique, infirmières, professeurs fous, cascadeurs, mystiques aborigènes, bandits, princesses inaccessibles, esclaves, gremlins, cow-boys, ou spectateurs du Majestic.
Réservations fortement conseillées: possibles dès le Vendredi 28 Décembre à la caisse du Cinéma Le Majestic.
Soirée proposée par Plan-Séquence & le site Matière Focale.com.
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30/12/2011