Dictée de Pierre Louÿs
« Il y a quelque vingt ans, mon cher Hippolyte, nous pagayions sur ce ruisseau méditerranéen, tandis que des scarabées faisaient bruire leurs jolis élytres sur les lauriers-thyrses et les lauriers-sauce, d’où tombaient des pétales amarante et fanés. Une foule de dames patronnesses marmottaient et marmonnaient au débarcadère, sous le patronage d’un pâtissier caduc. Là croissaient nos acacias, nos zinzolines fleurs de lis, nos chrysanthèmes poivrés ; quatre-vingts buffles et trois cents sarigues ballaient et bringuebalaient dans le pacage où étaient aussi parqués quatre-vingt-douze chevaux rouans.
On nous offrit une omelette, quelques couples d’œufs qu’Hyacinthe nous avait procurés en mil neuf cent neuf ; des entrecôtes pourries et des sandwiches arrosés de malvoisie parfumé. Enfin, nous revînmes à Chalon-sur-Saône. Nous retrouvâmes nos chambres, aux plinthes bleu de roi, nos béryls, nos agates et nos bibelots de marqueterie et de tabletterie. Il nous semblait être partis depuis l’an mille. Malgré les praticiens homéopathes ou allopathes, nous retrouvâmes, et à quel période ! toi, ton entérite, et moi mon emphysème. »
Un commentaire pour “Dictée de Pierre Louÿs”
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27/11/2010
Il y a quelques fautes dans le texte que vous publiez :
Je crois que Pierre Louÿs parlait de « lauriers-tins » et non de thyrses.
A cette époque, l’entrecôte était masculin, donc: « pourris ».
Les couples sont féminines quand elles concernent des objets identiques, donc: « procurées »
Et il y avait une virgule après « moi » dans la dernière ligne.
Mais bravo d’avoir marqué période au masculin quand il signifie « degré ».