Un peu plus de trois lignes…
Pendant une vingtaine d’années il collabora à quantité de revues, parmi lesquelles La libre revue, L’en-dehors et La revue blanche, dont il fut le rédacteur en chef de 1896 à 1903. F.F. entra au Matin en mai 1906. « Seul journal français recevant par fils spéciaux les dernières nouvelles du monde entier », Le Matin publiait une rubrique de faits divers, « Nouvelles en trois lignes » depuis 1905. C’est dans cet elliptique condensé de faits divers que l’anarchisme de Fénéon s’exprime sans doute le mieux, en inventoriant sans indignation ni commentaire, juste la distance de l’ironie, les morts de misère, les guillotinés, les suicides dans l’armée, les ridicules ecclésiastiques, laïques et républicains.
Dans le feu d’une discussion
politique, à Propriano (Corse),
deux hommes ont été tués
et deux blessés.
Sont rétablies, à Bône,
les communications
du parquet et du barreau
avec la prison, d’où le typhus
a disparu.
Collision dans la rue entre
la municipalité de Vendres
(Hérault) et le parti adverse.
Deux gardes champêtres
ont été blessés.
[…]
Au Brabant (Vosges),
M. Amet-Chevrier, 42 ans,
et sa femme, 39 ans, ont
désormais dix-neuf enfants.
M. Bozzoli, de Constantine,
se querellait avec sa mère.
Elle tomba morte (rupture
d’anévrisme). Désespéré,
il se cassa la tête.
Une façon de marabout
qu’hébergeait un Arabe
des environs de Constantine
lui a emporté sa cassette
et sa fille.
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21/01/2010