J.-K. Huysmans – Cécile Bruyère, Correspondance 1896-1903
J.-K. Huysmans – Cécile Bruyère, Correspondance 1896-1903, édition de Philippe Barascud, Paris, Éditions du Sandre, 2009.
Cette édition, publiée à l’occasion du centenaire de la mort de mère Cécile Bruyère (1845-1909), rend hommage à René Rancœur, qui le premier, édita une grande majorité de ces lettres en 1950, dans un article de La Pensée catholique (n° 13). Or de nombreux passages furent éliminés et des lettres gardées secrètes aux archives de Sainte-Cécile de Solesmes. Philippe Barascud a revu l’ensemble sur autographes et ajouté de nombreuses notes qui complètent notre connaissance de ces échanges passionnants. Des annexes proposent un texte inédit et la réédition d’articles sur Huysmans et l’abbesse de Solesmes.
C’est singulier pourtant de ne pas vouloir comprendre que le style du XVIIe siècle, excellent en tant que langue oratoire, et très apte également à exprimer des idées purement abstraites, est absolument impuissant à rendre la vie ambiante de nos jours, à décrire les mille nuances compliquées de l’être moderne, à fixer l’âme d’un temps. Cette incompréhension a été la mort de l’art catholique qui n’existe, à l’heure actuelle, plus.
J.-K. Huysmans à Cécile Bruyère, 11 juin 1897.
Lorsqu’on a vécu dans un milieu raffiné, que les forces sont moindres, que la vie vous a usé, que l’observation, la réflexion vous ont accoutumé à juger et à apprécier ce qui vous entoure, débuter dans la vie religieuse nécessite une telle mort du jugement propre, et de la sensibilité que cet obstacle, s’il n’est point radical, est au moins considérable. Or être moine, sans ces renoncements, me semble un danger véritable, on ne peut être religieux et surtout moine à demi.
Cécile Bruyère à Huysmans, 7 septembre 1898.
170 pages, 19 €
ISBN 978-2-35821-021-8
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14/12/2009