Esprit fin de siècle
« On classe aujourd’hui, un peu trop rapidement, ce qui se rattache à la fin du XIXe siècle – l’ensemble des artistes, groupes, revues, et les modes de vie qui leur sont liés – sous l’étiquette « esprit fin de siècle », en donnant à cette appellation un sens péjoratif, synonyme de décadence et de dégénérescence. La hotte « fin de siècle » est emplie de fantasmes sexuels, de pratiques religieuses obscures, de paradis artificiels, de pulsions mortifères, de complaisances existentielles… Huysmans, le sâr Péladan, Maurice Maeterlinck ou Jean Lorrain cachent Charles Cros, Alphonse Allais, Alfred Jarry ou encore Erik Satie. Le torturé, le sérieux, l’emphase ont enfoui le ludique, la gaieté, le dérèglement social. Thanatos contre Éros. Au sein de cet ensemble flou, le seul élément commun relèverait de la subversion, que celle-ci se manifeste par l’humour, par l’innovation formelle, ou les deux à la fois. On ne distingue pas plus les Illuminations des Déliquescences, que Mallarmé, Manet et Rodin. Les esthétiques qui dérèglent l’ordre établi ou perturbent les convenances, tenues pour indignes, se voient fondues en un magma où ne surnagent que la provocation ou la maladie mentale. »
Marc Partouche, La Ligne oubliée, Al Dante, 2004, p. 88
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19/10/2009