Réponse d'un voyou
Espèc’ d’échappé d’saint-Sulpice,
Aboule un peu ton sal’ caillou !
Mauvais Saint-Just en pain d’épice,
Je vais t’dir’ ton fait, moi « voyou » :
Reluquez-moi c’pou d’séminaire,
C’méchant aztèque au coup tordu !
Si ça fait pas suer, cré tonnère !
Sors donc que j’te crève, eh ! vendu !
Montre-nous ton museau qu’on l’giffle !
Voyez-vous c’fœtus sans bocal
Nous traiter d' »voyoyu », parc’ qu’on siffle
Ses méchants propos d’radical !
« Voyou » toi-même, avorton d’prêtre ;
Le peuple en a trop d’êtr’ tondu ;
I’crch’ sur ta bobin’ de traître !
Sors donc que j’te crève, eh ! vendu !
Le seul « voyou » s’trouv’ dans ta ch’mise,
Dégoûtant’ paillasse à soldats ;
Te livrant comme un’ fille soumise,
T’as lâché l’peuple en vrai Judas.
À Boulang’, pour dev’nir ministre,
Not’ drapeau roug, tu l’as rendu !
Tu n’es qu’un p’tit gredin sinistre !
Sors donc que j’te crève, eh ! vendu !
Espèc’ de chéri d’cabitines,
Tu commenc’s à nous fair’ rager.
Content’-toi d’cirer les bottines
Du brav’ général Boulanger.
« Enfant de chœur » de la Boulange
Accroupi, le derrièr’ tendu,
Approche un peu ton nez qu’on l’mange !
Sors donc que j’te crève, eh ! vendu !
Sois traquill’, va t’es sur la liste !
Vienn’ la Roug’, tu n’y coup’ras point !
Effronté d’parjur’ socialiste,
L’avenir te montre le poing !
Sans pitié, le peupl’, pour qu’l’traître,
À la lanterne soit pendu
Viendra crier devant ta f’nêtre :
Sors donc que j’te crève, eh ! vendu !
Jules Jouy, Réponse d’un « voyou« , 1888
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5/07/2009