Un semblant de vie chez les Rimbaldophiles
En publiant sur Internet un texte d’Octave Mirbeau, l’Angevin Pierre Michel ne se doutait pas qu’il avait soulevé un gros point d’interrogation…
Insolite
« L’éternel craquement des sabots dans la cour. » Ce vers attribué à Rimbaud est construit en alexandrin. C’est l’Angevin Pierre Michel, l’un des grands spécialistes d’Octave Mirbeau en France, qui vient d’en faire la découverte, en publiant sur Internet un article de Mirbeau sur « Les enfants pauvres ».
L’article en question est paru dans Le Gaulois du 23 février 1 885. On y trouve ce passage énigmatique : « Ah ! la gaie, et douce, et gentille pension ! Et comme nous voilà loin des orphelinats misérables, avec les figures graves des bonnes Soeurs, les allures épaisses des abandonnées et, comme dit le poète Rimbaud, L’éternel craquement des sabots dans les cours. »
Aussitôt lu, l’Angevin, ancien prof de lettres et rédacteur en chef des Cahiers Octave Mirbeau depuis 1993,
est interpellé par ce vers. Il se met à parcourir l’oeuvre de Rimbaud. Aucune trace de cet alexandrin. Une découverte qui l’intrigue d’autant plus que « par le passé, j’avais déjà retrouvé à deux reprises des références de Mirbeau à Rimbaud alors que ce dernier était un parfait inconnu… »
Les sabots des enfants ?
L’Angevin se tourne alors vers un chercheur universitaire de Rennes, Stephe Murphy. Qui vient d’écrire un article sur cette découverte. Il sera publié la semaine prochaine dans les Cahiers de Mirbeau. Ce vers, écrit-il, « ne fait pas partie des oeuvres connues de Rimbaud. Rien […] ne laisse imaginer qu’il s’agit d’une plaisanterie de la part de Mirbeau […] ». Mais il précise tout de même : « Nous ne prétendrions pas que le vers cité par Mirbeau soit l’un des plus beaux de l’oeuvre de Rimbaud. »
Certes… mais est-ce crédible ? Pierre Michel insiste pour dire que Mirbeau a cité le poète « à une époque où l’on parlait peu de Rimbaud ». Qu’il était probablement en possession de certains manuscrits du poète. Qu’ils avaient un ami commun, Louis Forain. Et puis cet alexandrin, poursuit Steve Murphy, « peut sembler typiquement rimbaldien. Avec ses sonorités mimétiques… » Pour Pierre Michel, il s’agirait même « du bruit des sabots des enfants dans les cours d’école ».
Ce vers proviendrait de quelle oeuvre ? C’est une question qui reste sans réponse. Une piste semble plausible, cependant. On sait que « L’homme juste » et « Les Veilleurs » ont été retrouvés incomplets. Du grain à moudre pour les Rimbaldophiles pour qui cette découverte est un nouveau terrain de réflexion.
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18/03/2009