Les âmes d'Atala

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Manucius éditions

Les éditions Manucius se présentent ainsi :

« Au début du XVIe siècle, Aldo Manuzio dit Manuce, humaniste vénitien, fonde sa propre imprimerie et lance un programme de publications qui va fournir quelques-uns des plus beaux volumes de l’histoire de l’édition.

Non content d’exhumer les auteurs grecs et latins classiques dont il respecte scrupuleusement le texte original afin de laisser le lecteur « converser librement avec les morts glorieux », Alde s’entoure des plus fameux intellectuels de son temps qui décident collégialement des publications à venir. Il sera, entre autres, l’éditeur d’Érasme et de Dante.

Les bibliothèques d’aujourd’hui recèlent bien des livres tombés dans l’oubli. Si le temps discrimine le plus souvent avec justice, il n’en demeure pas moins qu’il est parfois bien difficile de se procurer certains textes.
Devant ce constat, l’objectif des Éditions Manucius est de republier ces écrits, de restituer au public une part de notre patrimoine oublié mais aussi de transmettre au lecteur contemporain un peu plus que de « la matière brute ».
Autour d’un collège d’universitaires et de spécialistes responsables de collections, nous avons conçu un programme de publications de référence.
Les textes seront reproduits à l’identique quand cela sera nécessaire, toujours accompagnés de transcription en caractères modernes, et présentés avec un appareil critique (préfaces, index, glossaire, etc.) pour une appréhension pertinente par le lecteur contemporain.

Mais les Éditions Manucius, fidèles à la tradition inaugurée par Alde Manuce, ne se contenteront pas d’exhumer des ouvrages anciens et fondamentaux, elles publieront également des textes contemporains, libres, vigoureux et modernes (collection Le Marteau sans Maître). »

 

Pour notre part, nous avons été séduit par le papier, la présentation et le catalogue des ouvrages proposés par cette jolie maison d’édition dont voici une petite recension des meilleurs titres publiés à nos yeux.

 Nous commençons avec un curieux texte d’Octave Uzanne tout en prémonitions.  L’auteur de Sports et transports en France et à l’étranger : la locomotion à travers l’histoire et les mœurs, des Contes pour les bibliophiles,  de La Bohème du cœur, souvenirs et sensations d’un célibataire, ou des Zigzags d’un curieux : causeries sur l’art des livres et la littérature d’art  disserte sur la fin des livres. Car vous le savez : TOUT A UNE FIN ! Cela donne lieu à de belles images.

 

La fin des livres
Octave Uzanne

«Si par livres vous entendez parler de nos innombrables cahiers de papier imprimé, ployé, cousu, broché sous une couverture annonçant le titre de l’ouvrage, je vous avouerai franchement que je ne crois point, que l’invention de Gutenberg puisse ne pas tomber plus ou moins prochainement en désuétude.
Je crois que si les livres ont leur destinée, cette destinée, plus que jamais, est à la veille de s’accomplir, le livre imprimé va disparaître. Ne sentez-vous pas que déjà ses excès le condamnent?
Je crois donc au succès de tout ce qui flattera et entretiendra la paresse et l’égoïsme de l’homme; l’ascenseur a tué les ascensions dans les maisons ; le phonographe détruira probablement l’imprimerie. Il y aura des cylindres inscripteurs légers comme des porte-plumes en celluloïd, qui contiendront cinq et six cents mots et qui fonctionneront qui tiendront dans la poche; toutes les vibrations de la voix y seront reproduites. Soit à la maison, soit à la promenade, en parcourant pédestrement les sites les plus remarquables et pittoresques, les heureux auditeurs éprouveront le plaisir ineffable de concilier l’hygiène et l’instruction, d’exercer en même temps leurs muscles et de nourrir leur intelligence, car il se fabriquera des phono-opéragraphes de poche, utiles pendant l’excursion dans les montagnes des Alpes ou à travers les Cañons du Colorado.
Après nous la fin des livres!»

Octave Uzanne
1894

 

12x16cm – 50p – 5€

 

Pour les amateurs de Loti et les désenchantés, Manucius a pensé à vous :

 

Le secret des désenchantées
Marc Hélys .
Avant-propos par Jean-Benoît Puech.

Le roman Les Désenchantées de Pierre Loti paraît en 1906 et connaît un immense succès. Loti est alors une figure éminente de la littérature dont on peine aujourd’hui à imaginer le rayonnement. En Turquie, il est une véritable idole, particulièrement auprès de la gente féminine qui s’identifie toute entière à la belle héroïne de son roman Aziyadé.

Le secret des “désenchantées” est publié en 1923, quelques  mois après la mort du grand écrivain. Il révèle, documents à l’appui, comment l’auteur des Désenchantées a été l’objet d’une supercherie magistralement orchestrée par Marie Léra (alias Marc Hélys), journaliste française, et deux de ses amies turques et musulmanes.
Protégées par l’anonymat de leur voile, les trois complices osent rencontrer l’écrivain à Constantinople, et entament une relation épistolaire suivie dans laquelle elles lui suggèrent d’écrire leur histoire de femmes soumises à la règle de l’islam traditionnel. S’inspirant de leurs lettres, Loti s’exécute et construit peu à peu son roman. Mais il ignore – et il ignorera toujours -, que l’essentiel de ces témoignages révoltés est le fait d’une journaliste occidentale, elle-même très engagée dans le combat féministe de l’époque. Et c’est sous le charme de cette singulière et si romanesque mystification que Loti va écrire l’un de ses plus grands succès.
Le secret des “désenchantées” dévoile l’arrière plan du célèbre roman. Marc Hélys n’hésite pas à mettre en miroir sa correspondance échangée avec l’écrivain et le texte même des Désenchantées; le lecteur débusque alors la forge intime de l’écriture, la réappropriation par le créateur d’une réalité vécue, mais fondée sur le travestissement.
12x16cm – 264p – 16€

 

Nous continuons notre petite déambulation à travers la bibliothèque de Manucius  pour tomber sur un incontournable de cette année gourmontienne !

 


Le livre des masques
Remy de Gourmont.
Texte établi et présenté par Daniel Grojnowski.

Remy de Gourmont publie les deux séries du Livre des Masques aux éditions du Mercure de France, dans les dernières années du XIXe siècle. Il y fédère des oeuvres fort diverses qui ont été fondatrices du Symbolisme littéraire et qui ont fourni leurs références à plusieurs générations d’écrivains, modernistes (Apollinaire, Cendrars) ou surréalistes (Breton).
Cinquante-trois monographies présentent à un public aussi large que possible des auteurs alors inconnus ou mésestimés comme Lautréamont, Rimbaud, Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam, Mallarmé, Corbière, Laforgue.
Et d’autres qui ont été appelés à la notoriété ou que la postérité a consacrés : Gide, Louÿs, Lorrain, Maeterlinck, Verhaeren, Huysmans, Renard, Bloy, Schwob, Claudel, Barrès, les frères Goncourt.
Ces études offrent l’intérêt d’un jugement daté. Elles permettent également de découvrir un grand nombre d’écrivains qu’on est désormais en droit de juger injustement ou justement oubliés.
La Présentation de l’ouvrage rappelle la tradition du «portrait littéraire» dans laquelle s’inscrit Remy de Gourmont. Elle montre comment il a constitué un groupe symboliste en lui assurant une suprématie philosophique, esthétique et artistique mais aussi – et surtout – éditoriale.
Cette édition donne à lire les remaniements qu’a effectués l’auteur lorsqu’il a assemblé ses monographies en volumes. Elle les accompagne de Notices qui situent chaque écrivain au moment où il est présenté. Enfin elle reproduit à l’identique les «masques» remarquables gravés par Félix Vallotton.
15x24cm – 320p – 23€

 

 

 

 Mais si Remy de Gourmont a échappé à l’oubli notamment grâce à Christian Buat et aux amateurs, d’autres n’ont pas eu cette chance. Aussi, qui se souvient aujourd’hui d’Arsène Houssaye  ? Nous ne parlerons pas de « martyr littéraire » (roman qu’il a écrit en 1847) mais bien d’ un oublié de la cohorte fin-de-siècle ! Un de plus.

 

 

 

 

La mort de Voltaire
Arsène Houssaye.

 

«Ce fut surtout à l’heure de sa mort que la royauté de Voltaire a été universellement reconnue. Quand il mit un pied dans la tombe, il mit un pied dans l’immortalité.
Homme étrange jusqu’à la fin! Depuis un demi-siècle, il disait à toute l’Europe qu’il n’avait qu’un moment à vivre, lui qui était né mourant. Son tombeau, fait d’une simple pierre, s’ouvrait contre l’église qu’il avait bâtie. Il avait beaucoup gambadé, selon son expression, autour de son tombeau, sans que l’heure sonnât de s’y coucher. Ses amis étaient venus et revenus lui dire adieu; il attendait la mort de pied ferme…»

Extrait:
Il se décida à partir – il avait quatre-vingt-quatre ans! un jour d’hiver, un jour de neige, un jour de bise, le mardi 3 février 1778, il se mit en route et voyagea toute une semaine pour revoir sa bonne ville de Paris. Il arriva le septième jour. Croyez-vous que ce fut pour lui un jour de repos? non. en descendant de voiture, il ne monta pas dans cette maison à jamais consacrée, du quai des Théatins, où l’attendait la marquise de Villette devant un feu d’enfer, car la Seine charriait ce jour-là. Il s’en alla à pied, enveloppé dans sa pelisse, chaussé de bottes à la Souwarof, encapuchonné dans une perruque de laine surmontée d’un bonnet rouge, il s’en alla chez ses chers anges, le comte d’Argental, qui ne l’attendait pas, mais qui le reconnut dans cet étrange accoutrement quoique l’absence eût été bien longue.
Voltaire se jeta dans les bras de son meilleur ami et lui dit avec des larmes dans les yeux: «J’ai interrompu mon agonie pour venir vous embrasser».

12x16cm – 42p – 4€

 

Nous poursuivons avec une découverte supplémentaire, mais est-ce bien étonnant lorsqu’il s’agit de Charles Péguy !

 

 

Marcel premier dialogue de la cité harmonieuse
Charles Péguy (1897).
Préface de Roger Dadoun.

 

 
 
 
 

 

A l’issue d’un entretien avec son ami Marcel Baudouin, «à Orléans, le dimanche 7 juin 1896», Péguy jette les bases de la construction utopique qui deviendra un an plus tard, après la mort brutale de son ami, l’ouvrage intitulé Marcel premier dialogue de la cité harmonieuse. C’est une des œuvres les plus étonnantes de toute la littérature utopique, et l’une des plus insolites de Péguy. Ce n’est pas un «dialogue» – mais une succession de courts paragraphes, séparés par des blancs qui semblent être mis là pour marquer l’absence du grand ami disparu ; et ce «premier» sera le dernier, puisque Péguy ne donnera aucune suite. Dans cette œuvre d’une extrême simplicité – presque toutes les phrases sont construites avec les seuls verbes «être» et «avoir» – Péguy procède par négations, inhabituelles sur le registre utopique: si l’on comprend qu’il faille éliminer rivalités, haines, jalousies, mensonges et guerres, il est surprenant de voir que la cité de Péguy ne se veut ni charitable ni juste, et qu’elle rejette égalité, mérite, émulation, renommée, gloire. Le principe de base est l’harmonie, mais toute relative: la cité du Marcel ne sera pas «toute harmonieuse», mais seulement «la mieux harmonieuse» possible.
15x24cm – 96p – 16€

 

Un classique des livres que tout le monde connaît mais que personne n ‘a prit le temps de lire, la méthode Coué…

 

 

La méthode Coué
Émile Coué.
Préface de Roger Dadoun.

 

 
 
 
 

 

Émile Coué (1857-1926), psychologue et pharmacien français, est le père de la méthode éponyme: la célébrissime Méthode Coué. Le terme, véritable mot-valise, est volontiers utilisé aujourd’hui ironiquement pour railler les adeptes naïfs de la pensée positive tous azimuts. Souvent synonyme de déni du réel, d’aveuglement, au mieux de démagogie lorsqu’il s’agit de nos politiques, au pire de bêtise quand l’insistance s’y fait trop forte. Pour d’autres, Coué est l’inventeur de l’effet placebo et le véritable précurseur de ces nouvelles techniques de développement personnel qui font florès. Ses adeptes sont innombrables, célèbres ou anonymes, qu’ils le sachent ou non.
Mais qui a lu véritablement la Méthode Coué? Personne!
Le texte d’Émile Coué est un des piliers méconnus de notre modernité toute faite d’omnipotence magique de l’individu, de «positive attitude» comme le laissait entendre un récent premier ministre, adepte s’il en est de la célèbre méthode, ou une non moins célèbre chaîne d’hypermarchés qui somme obsessionnellement de «positiver».
On sera touché également en parcourant enfin La Méthode Coué par le parfum désuet et naïf, voire même par le comique absurde qui se dégage du texte du célèbre pharmacien psychologue.
12x16cm – 196p – 13€

 

Remarquez que monsieur Dadoun se fait plaisir et il n’y a pas de mal.

 

 
Utopies sodomitiques (Diagonales de l’anal) / De Sodomia (Exposé d’une doctrine nouvelle sur la sodomie des femmes, distinguée du tribadisme)
Roger Dadoun / R.-P Sinistrari d’Ameno

Quel peut être cet «ignoble plaisir», ce «vice infâme», «ce crime abominable entre tous», qui ne saurait être sanctionné que par la décapitation, le gibet, le bûcher, exigeant au préalable torture par le feu, flagellation et autres sévices – crime que dénonce avec tant de fureur sacrée le R.-P. Sinistrari d’Ameno, dans son traité De Sodomia, publié à Rome en 1754?
Son nom, venu du texte biblique, est Sodomie, ou plutôt les Sodomies, vu la part belle faite à la femme et au tribadisme, avec force clitoris ou olisbos et moult pointilleux détails. Le prélat met ainsi en pleine lumière, nolens volens, le rôle de la sexualité, plus précisément de la sexualité anale, plus précisément de l’anus, dans une vision théologique et religieuse de l’homme sur laquelle plane l’ombre de Satan
Ce lien entre Satan et libido anale, Roger Dadoun l’explore méthodiquement – pour y apporter une riposte décisive – dans ses Utopies sodomitiques, savant essai où s’entrecroisent les roses et noires diagonales de l’anal: un Luther, accroupi sur les latrines du monastère de Wittenberg, hallucinant la Réforme à venir, un Jérôme Bosch ourdissant un Royaume millénaire où le Diable avale les humains pour les chier comme des étrons, un Dante, un Sade, les hordes nazies faisant d’Auschwitz «l’anus du monde», mais aussi les exquis Sonnets luxurieux de l’Arétin, Fourier et son Nouveau monde amoureux, les récits d’un Artaud ou d’un Bataille, les avancées déterminantes de la psychanalyse et les plus hautes créations esthétiques qui viennent restituer à l’Anal toute son éminente fonction dans le circuit énergétique vivant de la réalité humaine.
12x16cm – 130p – 10€
 
 
Nous savons que parmi vous se planquent quelques amateurs de cette littérature vilainement qualifiée de policière. Manucius a pensé à vous en éditant Gaboriau dans un texte moins connu que l’Affaire Lerouge…
 
 
 

 

Les esclaves de Paris. Tome 1: Le chantage
Émile Gaboriau (1897).

 

 
 
 
 

 

Les Esclaves de Paris font partie de la grande saga policière d’Émile Gaboriau, et dans ce genre, il est sans doute l’un de ses romans les plus accomplis; bizarrement il est également l’un des moins connus et n’a jamais été republié depuis 1936, alors qu’il connaît des rééditions régulières en Angleterre et aux États-unis. Paru en feuilleton dans Le Petit Journal en 1867, il eut un succès retentissant dans la lignée de l’Affaire Lerouge et de Mr Lecoq. Émile Gaboriau, père du roman policier y déploie une fois encore ses talents de maître du suspens qui ont largement inspiré Conan Doyle.
Paris est la proie d’un immense chantage. Trois malfaiteurs fondent une redoutable association qui va faire trembler la capitale jusqu’aux moindres de ses tréfonds. Dans l’ombre, le placeur de domestiques Mascarot, le médecin homéopathe Hortebize et l’avocat Catenac recueillent méthodiquement les honteux petits secrets de la population parisienne. Au bout de vingt-cinq années d’efforts opiniâtres, ils disposent d’une mine de renseignements suffisamment fournie pour mettre enfin à exécution leur plan machiavélique.
Autour de ces passions humaines si banales que sont l’amour, l’ambition et l’argent, les très nombreux personnages de l’intrigue tourbillonnent sans se rendre compte du piège tendu qui se referme inexorablement. Paris ne deviendra-t-il qu’un gigantesque marché aux esclaves? Qui sera en mesure d’assembler toutes les pièces du puzzle afin de déjouer la formidable machination? Monsieur Lecoq peut-être?…
Au-delà de l’histoire brillamment menée, le lecteur découvrira également le Paris du Second Empire en pleine mutation haussmannienne, avec ses Champs-Élysées, théâtre de rencontre journalier de la bonne société, mais aussi ses ruelles faméliques où la plus cruelle des misères côtoie l’ignominie des hommes, le tout décrit avec une écriture enlevée et vigoureuse qui désigne son auteur comme un des grands prosateurs du XIXe siècle.
16x24cm – 368p – 24€
 
 
Les amateurs d’arts se coltineront Huysmans qu’on a connu mieux inspiré, mais quand même !
 
 
 


Trois primitifs
Joris-Karl Huysmans.
 

J.-K. Huysmans est surtout connu comme l’auteur d’un chef-d’œuvre célébrissime A Rebours, roman crépusculaire, catalogué sous le vocable commode et aguichant du genre «décadent». Ce qui l’est moins, et qui n’avait pas échappé à quelques-uns de ses contemporains et non des moindres, Léon Bloy et Barbey d’Aurevilly, c’est que le fameux roman n’était qu’une étape de la «route» qui devait mener l’auteur «à contempler la face de Dieu» selon le premier, «aux pieds de la croix» selon le second.
Les Trois primitifs, l’un des derniers textes écrits par Huysmans, confirment la justesse de vues des deux écrivains. Ultime moment de la «route» qui mena Huysmans, dans sa quête d’un réel véridique, du «naturalisme» au «réalisme mystique», le texte témoigne d’un intérêt exceptionnel: d’abord, il atteste la continuité sans faille de la fascination huysmansienne pour l’art insurpassable des Primitifs et la place éminente de la passion esthétique dans son itinéraire vers la foi catholique mais surtout, la magistrale et emportée description du Retable de Mathias Grünewald doit être considérée comme un véritable testament: le Christ qui s’y montre sous l’effigie scandaleuse d’un Dieu mourant à la chair abominablement putréfiée bientôt transfigurée en un corps sublime incarne parfaitement la double dimension d’un réel désormais entier en lequel chair et esprit, réalisme et mysticisme ne se repoussent plus mais se génèrent l’un l’autre. Le Retable est pour Huysmans la réalisation irréfutable de cette possibilité, la confirmation de la justesse de sa foi.
Les lignes écrites sur Grünewald témoignent d’un accomplissement, d’une parfaite osmose entre un style et une vision. Huysmans n’y est pas seulement un écrivain, une langue, il est aussi «un œil», il est celui qui sait voir «comme personne n’a vu», écrira Remy de Gourmont, et le Christ qui apparaît dans l’entrelacs du texte huysmansien est le Dieu le plus implacablement réel qui soit.
 
 
Pause gastronomique avec ce petit Vicaire…
 
 
 

 

 

Bibliographie gastronomique

 

 

 

 

 

 

12x16cm – 192p – 10€

Georges Vicaire (1890).
«L’art de manger a […] inspiré en tous les temps des plumes sévères ou badines, et on constatera, dès les premières pages, que des livres de cuisine ont été parmi ceux qu’ait tout d’abord répandus l’imprimerie: hommage rendu par la typographie naissante à une des plus légitimes préoccupations qui soient!
Le travail de Georges Vicaire, s’il abonde en indications précieuses, s’il facilite désormais des recherches malaisées, se lit aussi page par page avec un vif intérêt. C’est que tous les titres, anciens et modernes, les uns naïfs et un peu barbares encore, les autres raffinés etspirituels, sont éminemment suggestifs; et on se trouve facilement amené à évoquer la physionomie de leurs multiples auteurs, et passer, pour ainsi dire, une revue de l’histoire de la Table à travers les âges, et de tout ce qui y a rapport.»
Très grande bibliothèque de la gourmandise qui recense plus de 2500 ouvrages parus sur le sujet entre le XVe et la fin du XIXe siècle. Un guide qui demeure indispensable.
Reprise de l’édition de 1890.
14x20cm – 514p – 54€
 
 
Et pour finir, cette collection, incontournable, par laquelle nous avons découvert la maison d’éditions Manucius : 18 épisodes du Mystérieux Docteur Cornélius par Gustave Lerouge !!!
 
 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 1 et 2: L’énigme du «Creek Sanglant» et Le Manoir aux Diamants
Gustave Le Rouge.

 

 
 
 
 

 

Gustave le Rouge est un auteur injustement méconnu du grand public bien qu’il ait publié plus d’une centaine d’ouvrages dont certains sont, sans aucun doute, des textes majeurs du «roman populaire», au sens le plus noble du terme.
Publié en 1912 en dix-huit épisodes, Le Mystérieux Docteur Cornélius apparaît sans conteste comme son chef-d’œuvre. selon Blaise Cendrars, il est «ce roman du monde moderne où, par les tableaux de la nature exotique, son amour des aventures, son goût policier de l’intrigue, son penchant métaphysique, son don de visionnaire scientifique» Le Rouge «a fait la somme du roman du XIXe siècle…».
Grands et petits se plongeront avec délices dans cet univers romanesque singulier, où la puissance créatrice, la fantaisie et l’imagination dominent. De New York à la Bretagne, du Grand Ouest américain à l’île des Pendus, la plume de Le Rouge entraîne le lecteur dans des lieux étonnants, mystérieux et énigmatiques, où s’affrontent impitoyablement deux conceptions du monde antagonistes; l’une, incarnée par le sympathique savant français Prosper Bondonnat dont les travaux de recherches sont orientés dans le seul but d’ajouter une pierre à «l’édifice radieux de la modernité», l’autre, par le maléfique docteur Cornélius Kramm, chirurgien esthétique américain, «sculpteur de chair humaine», inventeur de la «carnoplastie», obsédé par la conquête du pouvoir et de l’argent.

12x16cm – 210p – 10€

 

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 3 et 4: Le sculpteur de chair humaine et Les Lords de la «Main Rouge»
Gustave Le Rouge.

«Tout d’abord, […] le docteur prit un moulage des deux sujets, et les deux moulages dressés sur deux socles furent revêtus, grâce à la photographie, des couleurs, des teintes exactes de la vie. À l’aide d’injections de paraffine chaude, faites sous l’épiderme, il pourvut le faciès un peu maigre de Baruch des rondeurs que possédait le visage de Joë; […]. La ressemblance des deux physionomies commença à s’accuser de façon frappante.
Ses bras squelettiques retroussés jusqu’aux coudes, Cornélius travaillait avec une ardeur fébrile. Taillant en pleine matière vivante, ajoutant et retranchant suivant le besoin, c’était vraiment alors qu’il méritait son surnom de sculpteur de chair humaine.»

12x16cm – 192p – 10€

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 5 et 6: Le secret de l’île des pendus et Les chevaliers du chloroforme
Gustave Le Rouge.

« – Émile, dit-il nonchalamment, apportez-moi cent mètres de boudin. Émile crut avoir mal entendu et se redressa tout effaré:
– Vous dites? bégaya-t-il.
– Parfaitement, cent mètres de boudin, qualité supérieure; je paie comptant, seulement je tiens à une chose, c’est que le boudin soit d’un seul morceau.
– Mais, milord…
– Arrangez-vous! […] Mais si, dans dix minutes, je ne suis pas servi, je ne remettrai plus les pieds dans cette baraque! […]
Un grand silence s’était fait dans la taverne. Très calme, milord Bamboche avait pris un autre havane bagué d’or, puis, ayant placé son chronomètre à côté de lui, il attendait. […] La neuvième minute ne s’était pas écoulée qu’une gigantesque rumeur s’éleva. Dans la brume du matin une file d’hommes s’avançait, jeunes et joufflus comme de vrais garçons charcutiers qu’ils étaient, et portant sur les épaules un interminable câble noir. En tête, Émile s’avançait la face rayonnante d’un juste orgueil. […]
– Maintenant, reprit l’Anglais, Émile distribuera, à toutes les personnes qui en feront la demande, vingt-cinq centimètres de boudin et une coupe de champagne. […]
– Vive milord Bamboche! hurla la foule. »

12x16cm – 192p – 10€

 

 

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 7 et 8: Un drame au Lunatic-Asylum et L’automobile fantôme
Gustave Le Rouge.

« Les folles mirent le couvert, chacun prit place à table, et bientôt la réunion présenta le spectacle le plus vif et le plus animé.
à la grande surprise de lord Burydan, qui s’en donnait à cœur joie, […] les hommes offraient à boire à leurs voisines et leur passaient les plats avec une politesse exquise; on se fut cru dans la salle d’une table d’hôte ordinaire; mais à mesure que les fumées du vin montaient à ces cerveaux déséquilibrés, les changements se produisirent dans l’attitude des invités.
On n’était pas arrivé au dessert que l’homme-chat sautait sur la table, faisait le gros dos en exécutant toute une gamme de miaulements les plus réjouissants du monde. L’homme-automobile, qui se promenait toute la journée emmailloté de pneumatiques, réclamait à grands cris du benzonaphtol. On lui fit avaler un siphon d’eau de Seltz et il déclara qu’il avait son plein d’essence et qu’il allait bientôt partir. Une grosse dame, qui se croyait changée en gigot de mouton, offrait un couteau et une fourchette à ses voisins pour leur permettre de goûter un morceau de son épaule dodue. Quelques charitables folles, songeant aux blessés de la guerre balkanique, transformaient activement en charpie la nappe et les serviettes damassées de Mr. Palmers. »

12x16cm – 192p – 10€
 
 
 

 

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 9 et 10: Le cottage hanté et Le portrait de Lucrèce Borgia
Gustave Le Rouge.

«Dans la surexcitation du péril ou de l’angoisse, l’assassin eut une inspiration désespérée et macabre.
Eh bien, oui, ce serait Balthazar Buxton lui-même qui tendrait à travers le guichet le jeton libérateur! C’était là le seul moyen, il n’y en avait pas d’autre! Et encore fallait-il se hâter!
Il empoigna ce petit cadavre léger comme une plume, il le rapprocha du guichet, donnant à la main, encore souple, la forme qu’il fallait, engageant – à peine – entre les deux doigts le jeton pour qu’il tombât facilement, et, en proie à une angoisse atroce, il se cacha derrière le cadavre qu’il soutenait sous les aisselles d’une main; de l’autre main il tenait le poignet du mort, tout prêt à le pousser d’un coup sec, assez rapide pour que le jeton tombât.
Fritz avait frappé au guichet. […] Par la plus inconcevable chance, ce stratagème, […] eut un succès complet.
Le gardien vit d’un coup d’œil distrait la main squelettique pousser le jeton et se retirer précipitamment. […]
L’instant d’après, la porte à coulisse s’ouvrait, et Fritz Kramm, guidé par un des hommes, arrivait sans encombre jusqu’à l’auto qui l’attendait. Il n’avait eu garde d’oublier les cinq chèques de chacun deux cent mille dollars, payables à la caisse de la Central Bank.»
12x16cm – 192p – 10€
 
 
 
 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 11 et 12: Coeur de gitane et La croisière du Gorill-Club
Gustave Le Rouge.

«Tout d’abord, ils ne virent pas bien ce que renfermaient ces armoires; mais, quand ils s’en furent approchés, ils reculèrent avec un frisson de dégoût et d’horreur. […]. Il y avait là des centaines d’organes, des corps entiers conservés en apparence dans toute leur fraîcheur par des procédés inconnus.
Immergés dans de vastes bocaux, […], des cœurs palpitaient au milieu d’un liquide incolore, des poumons s’enflaient et se dégonflaient avec un bruit haletant, des masses d’entrailles bleues et vertes se tordaient, encore agitées des mouvements reptiliens qui accompagnent la digestion chez les êtres vivants.
Il y avait encore, […] des fœtus vivants dont les vaisseaux ombilicaux étaient prolongés par des tubes de caoutchouc qui venaient aboutir à une étrange pompe de cristal, pleine de sang tiède.
Rapopoff, pendant tout cet examen, donnait les signes de la plus vive terreur […]. Tout à coup, il se rejeta en arrière, avec un véritable hurlement. […]

 

 

 

 

 

Il montrait du doigt une vitrine dans laquelle M. Bondonnat, stupéfié d’épouvante à son tour, aperçut son exacte ressemblance, son double, un autre Bondonnat en chair et en os, qui, admirablement embaumé, semblait le contempler avec un sourire tranquille.»

 

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.

Épisodes 13 et 14: La fleur du sommeil et Le buste aux yeux d’émeraude
Gustave Le Rouge.

«[…] une auto, couverte d’une couche de poussière qui attestait une longue route, vint stopper en face de la porte de l’embarcadère. Deux hommes en descendirent. C’étaient lord Astor Burydan et son ami Agénor. Tous deux paraissaient en proie à une vive surexcitation.

Lord Burydan traversa les salles en quelques enjambées, se rua sur le quai, et apercevant le chef de gare, il se précipita vers lui.

– Sir, lui dit-il d’une voix pleine d’angoisse, le train de New York est-il parti? […]

– Vous n’avez pas de chance, répondit-il flegmatiquement, il y a quelques minutes à peine que le train a quitté la gare. Tenez, en regardant bien, on le distingue encore. Il va franchir le signal qui se trouve en tête du pont de l’Estacade.

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase: une gerbe de flammes livides monta dans le ciel, montrant, pendant l’espace d’un éclair, la ville, les campagnes et le double ruban d’acier de la voie ferrée. Puis une détonation formidable retentit.

Le signal rouge avait disparu, comme éteint par un souffle invisible, et, à la place du pont et du train, il n’y avait plus qu’un grand nuage blanchâtre qui montait en tourbillonnant vers le ciel où resplendissait la pleine lune.»

12x16cm – 192p – 10€

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 15 et 16: La dame aux scabieuses et La tour fiévreuse
Gustave Le Rouge.

«Pendant le récit de la jeune fille, des nuages couleur de suie et de soufre avaient peu à peu envahi toute l’étendue du ciel. Un brouillard d’une odeur fétide avait complètement submergé les marécages. On n’apercevait plus la tour fiévreuse.

L’atmosphère était devenue étouffante. On eût dit l’haleine ardente qui s’échappe de la gueule d’un four. […] il y eut un sourd grondement de tonnerre, des gerbes d’éclairs d’un vert aveuglant s’éparpillèrent aux quatre coins du ciel comme les boîtes d’un gigantesque feu d’artifice; le soleil lança d’entre deux nuages un dernier et macabre rayon blanchâtre puis disparut complètement; la pluie s’était mise à tomber, non pas par gouttes plus ou moins larges, mais par seaux, par jets de la grosseur du poignet; ce n’était plus une averse, c’était un déluge. […]

Puis, comme il arrive dans ces brusques ouragans, il y eut une accalmie et, pendant quelques minutes, ce fut presque le silence.

C’est alors qu’avec une épouvante qu’ils ne purent dissimuler lord Burydan et ses amis entendirent distinctement le son lointain d’une cloche. Jupiter claquait des dents, ses cheveux s’étaient hérissés sur sa tête.

– La cloche de la tour fiévreuse, balbutia-t-il en tremblant de tous ses membres.»

12x16cm – 192p – 10€

 

 

Le mystérieux Docteur Cornélius.
Épisodes 17 et 18: Le dément de la maison bleue et Bas les masques!
Gustave Le Rouge.


«Dans ce silence profond, dans ces épaisses ténèbres, il entendait les battements de son cœur sonner à grands coups sourds dans sa poitrine. Il lui sembla ensuite que des voix chuchotaient à son oreille. En même temps, l’obscurité s’animait de toutes sortes de figures grimaçantes dont l’aspect se modifiait sans cesse […]. C’était, à certains instants, comme des milliers de mouches de feu douées d’un rapide mouvement de vibration; puis ces points lumineux se réunirent pour former d’innombrables mains sanglantes, qui toutes se tendaient vers son visage et le désignaient de l’index tendu, comme pour dire: “C’est lui!” […]
Aux mains sanglantes qui tournoyaient comme des oiseaux de mauvais augure, avaient succédé des faces grimaçantes, qui le regardaient avec de hideux sourires, et parmi lesquelles il reconnaissait les physionomies de quelques-unes de ses victimes.
Il aperçut au premier rang Pablo Hernandez, qui s’avançait en donnant le bras au chimiste Maubreuil. Tous deux avaient le visage d’une couleur cadavérique, mais leurs prunelles rayonnaient d’un éclat insoutenable, d’une cruelle fixité; et la contemplation de ces regards avait, pour l’assassin, quelque chose de si terrible qu’il finit par perdre connaissance.»

 

Ce tome clôture la grande saga du Mystérieux docteur Cornélius. Il est augmenté d’une nouvelle inédite, Le spectre mortel (1907), qui constitue en quelque sorte le synopsis du premier épisode (l’énigme du «creek sanglant») et d’une bibliographie. Ces éléments viennent compléter la préface et les repères biographiques présentés dans le tome 1/2 de la série.

 

 

 

12x16cm – 192p – 10€

 

Quelques prévisions pour finir :

 

l‘esprit de révolte
Pierre Kropotkine
Préface de Roger Dadoun
12x16cm – 60p – 5€

 

Diversités galantes sur les femmes & l’amour
Octave Uzanne
12x16cm – 50p – 5€

 

Les mystères de Paris
Joris-Karl Huysmans
12x16cm – 60p – 5€

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30/12/2008

« La Nouvelle Revue des Livres Anciens Forcènerie »

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