La question des chiens
LA QUESTION DES CHIENS
Opinion de Bibi
A Toumine John
M’sieu Loze, not’ préfet d’police,
Contre les cabots entre en lice.
Il paraîtrait que tous les maux
Nous vienn’nt de ces brav’s animaux.
J’dis qu’il a tort de fair’ des niches
A nos bons amis les caniches.
Y’ a qué’qu’un qu’offre plus d’ danger :
C’est l’ brav’général Boulanger.
Les chiens, errant à l’aventure,
N’aspirent pas à la dictature.
Quelque temps qu’il fass’, chaud ou frais,
lls ne voyag’nt pas à nos frais.
Ils ont un’ conduit’ polissonne ;
Mais, quoi, ça n’ fait d’mal à personne.
Y’ a qué’qu’un qu’on d’vrait attacher :
C’est l’ brav’ général Boulanger.
«Les chiens mord’nt», dit-on ; c’est un’ craque :
I’s n’mord’nt que c’lui qui les attaque,
Et puis, i’s sont très rigolos,
Quand ils se dis’nt bonjour dans l’dos.
Leur voix, à tort’ on la critique :
I’s n’aboient pas d’ la politique.
Y’ a qué’qu’un qu’on devrait mus’ler :
C’est l’brav’ général Boulanger.
La polic’ les pig’ par derrière,
Pour les conduire à la fourrière.
D’vant la rousse, i’s sont nos égaux,
Car, leurs bêt’s noir’s c’est les sergots.
Au lieu de conduire à la chaîne,
Ces copains de la race humaine,
Y’ a qué’qu’un qu’on devrait piger :
C’est l’braY’ général Boulanger.
De pitié j’ sens mon cœur se fendre,
Quant, comm’ des bandits, j’les vois pendre.
S’ passant d’ cour d’assis’s et d’ jurés,
On les execut’ sans curés.
L’ bourreau, sans tambour ni trompette,
Leur-y serre la margoulette.
Y’ a qué’qu’un qu’on d’vrait nettoyer:
C’est l’ brav’ général Boulanger.
Jules Jouy, 12 juillet 1888.
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27/06/2008