Les âmes d'Atala

  • Publications
  • Blog
  • Qui sommes-nous ?
  • Contact
  • Soutenir

La Pompe funèbre

 

1er juin 1908 : Marguerite Steinheil, le retour de “Pompe Funèbre”

2008_0531_214551aa.1212301377.JPG

Marguerite Steinheil et sa famille

Lorsqu’on assure la permanence du commandement au ministère pendant tout le samedi ou le dimanche, on représente pendant 24 heures le ministre de l’Intérieur (devenu Président du Conseil dans le gouvernement actuel). Pendant une journée, on prend toutes les décisions conservatoires au nom du ministre et il nous appartient de juger s’il convient ou non de le déranger si une difficulté grave se présente. Les conseillers des G. Clemenceau se relaient pour assurer cette mission en chaque fin de semaine. Ce jour-ci, c’est mon tour.

Vers cinq heures de l’après midi, le préfet de police Lépine m’appelle. Au son de sa voix, je sens que l’affaire dont il souhaite m’entretenir est grave.

” – Monsieur le conseiller, une femme vient d’être retrouvée ligotée dans son appartement de l’impasse Ronsin dans le XVème arrondissement. Son mari et sa belle-mère gisaient à côté d’elle, sans vie.

– J’imagine que si vous me dérangez, c’est que les victimes doivent être connues ?

– Exactement. Vous vous rappelez Marguerite Steinheil ?

– Oui, la dame dans les bras de laquelle le Président de la République Felix Faure est mort, en 1899. C’est elle la femme ligotée ?

– Oui, et dans une fâcheuse position. J’ai peur que cette affaire prenne rapidement une tournure politique, c’est la raison pour laquelle je souhaite que le Président ou son représentant soit immédiatement averti. “

Je passe au préfet quelques consignes sur les conditions dans lesquelles les informations sur l’enquête doivent nous remonter et raccroche.

Même si le drame qui vient de se produire ne prête guère à sourire, je ne peux m’empêcher de repenser à la fin tragi-comique de Felix Faure, décédé dans les bras de sa maîtresse Marguerite Steinheil. La presse de l’époque avait largement fait ricaner l’opinion publique sur les circonstances de cette mort. On raconte que le prêtre accouru avait demandé : ” Monsieur a-t’il encore sa connaissance ? ” . Un domestique avait alors répondu : ” Non, rassurez-vous monsieur le curé, elle vient de sortir par la porte de derrière “.

Les chansonniers avaient déclamé en parlant du Président disparu : ” Il voulait être César, il ne fut que Pompée ” . Je n’ai jamais su s’ils faisaient allusion au sens un peu exagéré du faste du rival politique de Clemenceau ou si, de façon plus polissonne, ils rappelaient que Marguerite Steinheil avait peut-être pratiqué une fellation au Président avant son décès. Toujours est-il que l’infortunée jeune femme avait immédiatement été affublée par tous les journalistes du surnom de “Pompe Funèbre” .

faure.1212301544.jpg

La mort de Félix Faure, il y a bientôt dix ans, en 1899

C’est donc “Pompe Funèbre ” qui revient aujourd’hui dans une autre affaire, dix ans après.

J’envoie immédiatement deux policiers porter un message d’information à G.Clemenceau à son domicile (il n’a pas le téléphone) pour qu’il n’apprenne pas l’affaire par les journaux du matin. En fin de courrier, je sollicite ses instructions.

Deux heures après, les deux fonctionnaires reviennent avec un mot assez court de mon Patron, décidément toujours en pleine forme :

” Puisque Pompe Funèbre est revenue, ne cherchons pas à enterrer l’affaire. Cela serait impossible : dans ce type de crime à grand spectacle, personne ne saurait garder le silence comme une tombe. Pour autant, je ne me se sens pas concerné et ai décidé, jusqu’à nouvel ordre … de faire le mort. “

steinheil.1212301863.jpg Marguerite Steinheil

 

 

Lu sur le site « Il y a un siècle » : http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2008/06/01/1er-juin-1908-marguerite-steinheil-le-retour-de-pompe-funebre/

Nous vous rappelons que vous pouvez télécharger ici même le PDF du premier numéro d’Amer, revue finissante où vous pourrez lire entre autres choses un article de Ian Geay intitulé Irrumations fin-de-siècle. Il y est question de cette pompe funèbre là et de bien d’autres bouches encore.

Laisser un commentaire

1/06/2008

« AMER Chef ! Chef ! »

Publications

  • Amer n° 1
  • Amer n°2
  • Amer n°3
  • Amer n°4
  • Amer n°5
  • Amer n°6
  • Amer n°7
  • Amer n°8
  • Amer Hors Série Enfants
  • Amer fanzine #1
  • Amer fanzine #2
  • Olga ou pourquoi j’ai cousu ma chatte
  • L’égoïste de Marcel Schwob
  • La Voluptueuse de Marcel Schwob
  • La Perverse de Marcel Schwob
  • Histoires hétéroclites
  • Noir & blanc
  • Miscellanées de Jean Lorrain
  • Sang froid
  • La Veillée de l’huissier
  • L’Apocalypse merveilleuse
  • Bernard Vital
  • Une mauvaise rencontre
  • Théorème de l’assassinat
  • Les Mauvais sous
  • L’égalité devant les asticots
  • Le Corps défait
  • Fosse Commune
  • Salomé 1900
  • TRAiTRE 001
  • TRAiTRE 002
  • TRAiTRE 003
  • Traitre Discographie
  • MAKACH 001
  • MAKACH 002
  • Kronstadt 1er album
  • Punk à singe
  • SEVICES
  • Ypaul de Quarse
  • Ostavka (Ep conclusions)
  • FUTURs MORTs
  • Fifth Era
  • Amer sonore

Archives

Liens

  • Au carrefour étrange
  • Barbotages
  • Bibliothèque
  • Chéribibi
  • Claude Izner
  • L'Alamblog
  • L'arbre vengeur
  • l'Ex, homme-âne-yack
  • L'incontournable
  • La fée verte
  • Le Boucher
  • Le chat rouge
  • Le Moine Bleu
  • Le Sandre
  • Les amateurs de Remy de Gourmont
  • Les Féeries intérieures
  • Les petites revues
  • Lilith Jaywalker
  • LMG névroplasticienne
  • Lucien Descaves
  • Marcel Schwob
  • Maupassant
  • Miscellanées
  • Octave Mirbeau
  • Oscar Wilde
  • Pierre Michel
  • Pole Ka
  • Quoique, la revue
  • Raoul Ponchon
  • Richepin
  • Sao Maï
  • Société Octave Mirbeau
  • tristesse souffrance haine

Méta

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR