Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle
Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle
Christine Planté
Au XIXe siècle, les poètes s’interrogent avec insistance sur la part féminine nécessaire à la création, dans une période d’intense et multiple renouvellement de la poésie, mais aussi de redéfinition de la place des femmes dans la société et la culture.
« Elle était la poésie sans lyre », dit Raphaël chez Lamartine, à propos de la femme aimée. « Sans une espèce d’androgynéité », écrit Baudelaire, « le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l’art, un être incomplet ». Pour Rimbaud : « La femme sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! » Tandis que dans les « Cinq grandes odes » de Claudel, la Muse rappelle au Poète que « ce n’est pas avec l’encre et la plume que l’on fait une parole vivante ! », et lui demande : « Quel compte donc fais-tu des femmes ? »
De Musset à Claudel, c’est en effet dans le dialogue avec une Muse désormais au singulier que le Poète se représente. Pourtant, dans le même moment, les évocations poétiques de figures féminines et de l’amour se font souvent ironiques, violentes, transgressives et dérangeantes. Pourtant, très peu de femmes poètes sont retenues par l’histoire littéraire pour ce même XIXe siècle.
Les contributions réunies ici s’attachent à relire l’histoire poétique du XIXe siècle du point de vue de la différence des sexes, et envisagent l’ensemble des aspects de la relation masculin/féminin dans ses implications poétiques, culturelles, sociales et idéologiques. On trouvera dans ce volume, après des réflexions générales sur le traitement de la différence des sexes dans la langue, dans la réception critique et dans l’écriture poétique, des études de figures mythiques comme celle de la Muse, ainsi que d’œuvres et de situations singulières d’écrivains hommes et femmes, dans un parcours allant d’un tournant du siècle à l’autre, et des poétesses de l’« Almanach des Muses » à Guillaume Apollinaire.
Ont participé à ce volume, issu du colloque international organisé à Lyon en juin 1998 par l’équipe XIXe de l’unité de recherche LIRE « Littérature, idéologies, représentations aux XVIIIe et XIXe siècles » (CNRS ; Université Lumière Lyon 2) : Anne E. berger, Aimée Boutin, Laurence Brogniez, Marianne Bury, Marie-Pierre Chabanne, Michèle Clément, Luce Czyba, Michel Décaudin, José-Luis Diaz, Michèle Fontana, Lucienne Frappier-Mazur, Anne Geisler-Szmulewicz, Patrick Labarthe, Pierre Laforgue, Martine Lavaud, Gayle A. Levy, Christine Marcandier-Colard, Laurent Mattiussi, Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, Nicole Mozet, Hélène Millot, Christine Planté, Bärbel Plötner, Thierry Poyet, Martine Reid, Claude Rétat, Jacques-Philippe Saint-Gérand, Daniel Sangsue, Rachel Sauvé, Marie-Claude Schapira, Catriona Seth, Agnès Spiquel, Alain Vaillant, Nathalie Vincent-Munnia, Serge Zenkine.
1898 – THOMAS EAKINS
La Bibliothèque invisible
La Bibliothèque invisible
Catalogue des livres imaginaires
Stéphane Mahieu
La Bibliothèque invisible traite des livres qui n’existent pas, mais dont on trouve le titre, le nom d’auteur et la description dans des romans, des pièces de théâtre, des pamphlets, voire des bandes dessinées. On ne peut les emprunter en bibliothèque ou les acheter en librairie ; ils ne s’ouvrent qu’à l’intérieur d’autres livres. Savants fous, philosophes oubliés, auteurs de pièces injouables ont leur place dans la bibliothèque invisible qui double les bibliothèques réelles et les révèle. Il n’est jamais assez de livres, telle pourrait être la leçon donnée par les écrivains qui ont rêvé ces ouvrages introuvables.
Le Dix-huitième Colloque des Invalides
Le Dix-huitième Colloque des Invalides aura lieu le vendredi 24 octobre 2014
au Centre culturel canadien, 5, rue de Constantine, 75007 Paris,
sur le thème: « … et les femmes ».
Les points de suspension ouvriront, à n’en pas douter, un vaste horizon aux chercheurs, dans l’esprit éclectique et érudit qui caractérise nos rencontres.
Comme lors des précédents colloques, les communications orales seront limitées à cinq minutes, avec une discussion illimitée dans le temps.
Les Actes des précédents Colloques des Invalides, Les À-Côtés du siècle (1997), Les Ratés de la littérature (1998), Les Romans à clés (1999), Les Mystifications littéraires (2000), Ce que je ne sais pas (2001), Les Fous littéraires (2002), Les Têtes de Turc (2003), Paris, sa vie, son œuvre (2004), La Censure (2005), Querelles et invectives (2006), Curieux curiosa (2007), Des Prix (2008), La Réclame (2009), Films et plumes (2010), Crimes et délits (2011), Alcools (2012), Secrets (2013), sont disponibles en librairie ou auprès de l’éditeur : Du Lérot, 16140 Tusson.
Jean-Jacques Pauvert et la censure
http://www.youtube.com/watch?v=szjP0UOU-lM
Trois romans : Les Microbes humains, Le Monde nouveau, Le Claque-dents
Trois romans : Les Microbes humains, Le Monde nouveau, Le Claque-dents
Louise Michel
Édition établie, présentée et annotée par :
Claude Rétat
Stéphane Zékian
Revenue du bagne en 1880, Louise Michel retourne en prison de 1883 à 1886. Elle y échafaude les œuvres très diverses qui feront des années 1886-1890 une période féconde, celle notamment des trois romans qu’elle publie coup sur coup chez Dentu et dont ce volume offre la première édition critique : Les Microbes humains, Le Monde nouveau, Le Claque-dents. Jusqu’alors elle avait écrit des romans en collaboration. Avec ce cycle, elle construit un massif qui lui est propre, trois actes scandant l’écroulement du vieux monde et l’avènement du nouveau. La « série rouge » qu’elle projetait ne voit pas le jour, mais elle sculpte en grand dans la fiction, dans la « légende nouvelle » dont elle veut doter la révolution, dans le langage, dans une rythmique inédite de l’expression.
Dans le contexte du premier centenaire de la Révolution française où socialistes et anarchistes protestent contre sa confiscation par la République bourgeoise, les trois romans saluent, de tout leur contre-pouvoir d’élocution, des insurrections qu’on ne songe guère à célébrer, et annoncent une révolution imminente.
Œuvres de mémoire, germes d’avenir, ces romans de la faillite bancaire, de la névrose, de la pourriture et de la lutte pour la vie s’écrivent avec toutes les nuances du rouge au son vibrant des tocsins.
Ces trois romans sont suivis d’un dossier documentaire comprenant notamment une revue de presse et des documents inédits. Les textes ont été établis, présentés et annotés par Claude Rétat et Stéphane Zékian (UMR LIRE).
Claude Rétat, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la littérature française et de l’histoire des idées et des savoirs au XIXe siècle, a publié notamment sur le romantisme (Hugo, Michelet) et sur l’histoire de l’interprétation des religions, au carrefour des sciences et de la
littérature, à partir des années 1760.
Stéphane Zékian est chargé de recherches au CNRS. Ses travaux portent sur la politisation de la mémoire littéraire française (L’Invention des classiques, CNRS Éditions, 2012), ainsi que sur la délimitation des territoires littéraire et scientifique à partir de la Révolution française.
Collection
Présences de Remy de Gourmont
APPEL À CONTRIBUTIONS
Présences de Remy de Gourmont
CERISY 30 septembre-4 octobre 2015
&
(Re) lire Remy de Gourmont
Université Paris-Diderot Paris-7 / BnF 3 avril 2015
Comité scientifique :
Didier ALEXANDRE (Paris IV), Patrick BESNIER (Université du Maine), Christian BUAT (Site des Amateurs de Remy de Gourmont), Tiziana GORUPPI (Université de Pise), André GUYAUX (Paris IV), Emmanuelle KAES (Université François-Rabelais Tours), Alexia KALANTZIS (UCP, UVSQ), Jean-Louis MEUNIER (Unîmes et RIRRA XXI-Montpellier III), Valérie MICHELET-JACQUOD (Université de Lausanne), Évanghelia STEAD (UVSQ), Yoan VERILHAC (Unîmes), Éric WALBECQ (BnF).
Direction :
Thierry GILLYBŒUF (CARGO-Cercle des Amateurs de Remy de Gourmont), Vincent GOGIBU (Président du CARGO-Cercle des Amateurs de Remy de Gourmont) et Julien SCHUH (Université de Reims Champagne-Ardennes) dirigeront le colloque « Présences de Remy de Gourmont » et assureront la direction de publication des Actes aux éditions du CARGO et du Sandre (diffusion les Belles Lettres).
Vincent GOGIBU (Président du CARGO-Cercle des Amateurs de Remy de Gourmont), Sophie LUCET (Université Paris-Diderot Paris-7), Julien SCHUH (Université de Reims Champagne-Ardennes) et Stéphanie SMADJA (Université Paris-Diderot Paris-7) dirigeront la journée « (Re)lire Remy de Gourmont ».
Argument scientifique :
Figure majeure de critique et d’écrivain, Remy de Gourmont (1858-1915) surgit au détour de la plupart des études consacrées aux auteurs du tournant du siècle ; et l’on ne peut travailler sur Cendrars, Jammes, Jarry, Gide, Léautaud, Saint-Pol-Roux, et bien d’autres, sans évoquer la place singulière dans la vie littéraire fin-de-siècle de celui qui se définissait lui-même comme un « dissociateur d’idées ». La postérité de Gourmont a pâti pourtant de la mauvaise réputation qu’a tactiquement élaborée à ses dépens La Nouvelle Revue française. En outre, une certaine histoire littéraire, trop souvent encline à relayer le portrait figé du bibliophile érudit et de l’intellectuel sceptique, a contribué à minimiser l’influence pourtant décisive de Gourmont dans la vie des idées, exercée notamment au travers d’une activité d’écriture incessante et variée dans la presse de l’époque (revues et journaux) et ce, dans les domaines les plus variés.
Depuis les années 2000, un renouveau des études sur Remy de Gourmont est en cours, initié par un premier colloque à Cerisy en 2002 qui rendit hommage à Karl D. Uitti et à ses travaux, puis par un Cahier de l’Herne, des rééditions, la découverte d’un roman anarchiste inédit, Le Désarroi, le site internet (www.remydegourmont.org), l’activité du CARGO-Cercle des Amateurs de Remy de Gourmont et la publication de la Correspondance (un troisième tome paraîtra en 2015, ainsi que sa biographie) qui ont constitué un apport décisif à la connaissance de l’œuvre de Gourmont, et ont permis de lui donner une visibilité nouvelle. Le centenaire de sa mort a été inscrit aux commémorations nationales en 2015.
Des pans entiers de la production de l’écrivain, journaliste, essayiste infatigable, qui multipliait les pseudonymes et les collaborations internationales, ont été révélés par ces investigations. Cependant, bien d’entre eux n’ont pas encore fait l’objet de l’attention qu’ils méritent.
L’objectif des deux événements – « Présences de Remy de Gourmont » et « (Re)lire Remy de Gourmont » – est, cent ans après sa disparition, de réévaluer, avec le recul permis par plusieurs années fécondes de travaux universitaires, associatifs, éditoriaux, la place de cet écrivain singulier que notre époque, qui aime les classifications bien nettes, a tant de mal à appréhender. Ces manifestations voudraient porter des éclairages neufs sur cette œuvre plurielle : replacer Gourmont dans les courants culturels de son époque, mesurer son influence, préciser ses dettes et ses apports à la littérature de la France, de l’Europe et d’ailleurs, hier et aujourd’hui, en corrigeant l’image déformée que l’histoire littéraire conserve toujours de lui.
On s’intéressera par exemple au paradoxe d’un écrivain reclus, à moitié défiguré, qui multiplie pourtant les amitiés avec de nombreux auteurs, sert de maître à la jeunesse, anime de multiples revues, donne le ton dans les débats des idées, en France mais aussi à l’échelle mondiale ; au créateur protéiforme, inventeur de nouvelles formes romanesques, accomplissant l’appropriation, annoncée par Des Esseintes, de la littérature décadente latine dans la littérature moderne, et définissant les conditions de l’idéalisme littéraire fin de siècle ; au concepteur de nouveaux genres journalistiques, mais dépassant le Symbolisme qu’il a contribué à légitimer dans l’espace littéraire ; à l’anarchiste des Lettres qui soutient « la qualité des canons » en 1914 ; au libre penseur aux tendances mystiques, défenseur d’un illusionnisme à la Villiers mais passionné par les sciences contemporaines ; à l’historien de la littérature, qui a redéfini le panthéon de son époque et a œuvré méthodiquement à créer l’histoire à venir de la littérature de son temps.
On s’intéressera également à démontrer par quelles thématiques son œuvre demeure présente et significative aujourd’hui.
Dans la dynamique du renouveau des études gourmontiennes et d’un renouvellement des perspectives critiques sur la période 1880-1914, nous souhaitons donner à ces événements la plus grande ouverture possible, et toutes les propositions seront les bienvenues.