Lu en silence, le cœur au sud.
Ne pas laisser les larmes à la seule tristesse.
David,
bonne âme entre toutes,
Tu as fait comme tu as voulu, et comme tu le voulais en te faisant la malle comme d’autres, à une autre époque, se la sont faite, à la cloche de bois. Tu as bien fait l’aminche !
Mes larmes, aujourd’hui, ont le goût de nos dernières conversations, frelot.
Merci pour l’attention portée aux vivants. Merci pour ta délicatesse, camarade. L’amer, c’est toi aujourd’hui, de nous rappeler comment vivre, de nous rappeler de vivre.
Nous avions la passion des livres et de la littérature en partage, mais surtout de ce qui excède leurs pages, parce qu’il s’agit toujours bien de cela. Nous partagions également le vice joyeux de leur chapardage, en conséquence. Il n’y a guère que les boutiquiers qui nous en auront tenu rigueur, dans ce monde de marchandises et d’esclaves qu’ils chérissent.
Il y a quelques semaines, tu m’as apporté en sus de plusieurs exemplaires du florilège francophone chronologique Quand la police nous fait chanter de l’Amicale des Chansonniers Amateurs Bénévoles quelques livres extraits de ta bibliothèque pour alléger ta barque, et moi ma peine. Car nous le savons tous les deux, ils ont ce pouvoir. Parmi eux Eekhoud, bien sûr – le Cycle patibulaire -, mais aussi Haute Solitude de Léon-Paul Fargue.
En exergue au premier chapitre de ce curieux roman – véritable diorama d’états de l’âme -, je relis ces paroles du chansonnier Paul Delmet qui avait officié au Cabaret de la Pie borgne avant de se produire au Chat noir :
Un poète ayant fait un voyage de rêve
M’a dit qu’il existait dans un ciel radieux
Une étoile où jamais ne sonne l’heure brève
L’heure brève où les cœurs se brisent en adieux
Je n’en dirais pas davantage, David, sous les auspices silencieuses de nos lunes décadentes.
Hormis ceci, peut-être : je t’aime mec.
Et le correcteur, ici, me passera l’emploi du présent. Pour éternité.
AMOUR – LITTÉRATURE – RÉVOLUTION
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26/07/2024