Pour David. Pour tous et toutes.
Écrit et lu par des ami.es et proches de David à l’occasion de la crémation…
« Salut l’aminche,
Salut le keupon,
Salut l’amant,
Salut le daron,
Alors, ça y est, t’es parti. Mais pas sans dire un mot.
Au long de ces 7 derniers mois, tu nous as donné les clés pour comprendre ta pensée, tes motivations et tes choix face à la mort qui s’annonçait ; et surtout face à la vie qui continuait.
Il est temps d’essayer de les partager.
Décembre 2023.
ça fait quelques semaines que tu sens ce qu’on nomme encore avec pudeur « des désagréments » envahir ton corps. Pour toi, ça ne fait aucundoute : la maladie s’étend et refait des siennes. Comme à chaque fois au cours de ces deux dernières années, tu n’as pas besoin de blouse blanche pour comprendre ni pour avoir raison. Pas encore bien sûr de toi sur le sujet, tu te prêtes malgré tout à l’exercice de passer les quelques examens préconisés.
En parallèle, les complices qui t’ont accompagné sur l’année qui a suivi l’opération de ton cancer se remettent tranquillement en branle, prêtes à affronter à tes côtés une nouvelle épreuve sur le chemin de ta vie.
Prêtes à faire ce qu’elles ont à faire, être présentes pour un poto.
Début janvier 2024, avant même d’avoir reçu les résultats des examens, tu évoques à un compagnon de fortune ton désir de refuser les traitements que te prodiguerait le très mal nommé milieu « hospitalier ». Le bilan que tu tires de l’année qui vient de s’écouler ne t’as pas réconcilié avec ce monde de techniciens, froid et austère qui enlève ses lettres de noblesse à la notion de soin en la réduisant à un vulgaire « maintien en vie » coûte que coûte. Les quelques racontars et autres approximations sont venus à bout du peu de confiance que tu leur prêtais encore.
Tu veux sortir de la délégation et de la passivité, te prendre en main, sortir du tunnel et enfin choisir. Faire sans eux et, tant que possible, reprendre l’initiative avec tes proches. Tu devances les gens autour de toi qui pourraient avoir envie que tu te battes en détournant les termes du combat. Vu que la mort est inéluctable, autant faire sauter le tabou, quitter l’aveuglement et la regarder en face. L’apprivoiser peut-être. Ton ultime liberté sera de décider du quand et du comment, mais surtout de profiter au maximum de ce qu’il te reste à vivre.
Tu trouves autour de toi quelques petits couteaux bien aiguisés qui t’écoutent, te comprennent et qui sont prêtes à trouver avec toi comment faire pour que tes dernières volontés soient exaucées. Amen ! Et nous voilà embarquées dans un combat non pas face à la mort, mais pour la vie. Pour qu’elle continue à ressembler à l’idée que tu t’en fais. La mort n’étant qu’un moment de la vie.
Qu’on ne se méprenne pas, tu n’as pas envie de mourir et tu n’es pas pressé. Tu as encore des désirs, des projets et des relations qui te tiennent à coeur avec lesquelles tu veux continuer à partager du temps de qualité.
Pari tenu. Merci !
En Belgique, l’euthanasie est légale. Toujours avec des proches, tu fais donc les démarches pour y avoir accès, comme un plan B. Parce que ton option principale réside encore et toujours dans le DIY. Quelques potos, un peu l’ingéniosité, pas mal de détermination et s’ouvre le champ des possibles pour une vie à la hauteur de nos idées.
Au mois de mai, malgré ce que tu as mis en place pour retarder l’avancée du crabe, tu sens ton souffle plus court et la fatigue plus présente. Ce qui n’était encore qu’une idée doit se concrétiser, sans quoi tu pourrais finir d’une manière que tu veux éviter à tout prix.
Ensemble, nous allons dessiner petit à petit le chemin qui te convient le mieux pour partir apaisé. Te laissant bien évidemment la possibilité de changer d’avis à tout moment. Généreux comme tu l’es, tu t’assures aussi que ton départ se fasse le plus en douceur possible pour les gens qui sont autour de toi.
Ces dernières semaines, la maladie avançait à grand pas. Il t’a fallu alors décider d’une date. Décision d’autant plus cruelle que tu aurais bien encore grappillé quelques jours, voire quelques semaines. Mais le risque de passer le cap qui t’aurait amené vers l’hospitalisation était trop grand. Ta décision était prise. Et, nous, nous étions aussi prêtes
que possible.
Tu ne voulais pas de tralala, mais rester dans un quotidien agréable fait de rigolade, de sincérité et d’amour. Avec cette discrétion et cette force tranquille qui te caractérisent si bien.
Après une dernière matinée de « kiff intégral », tu es parti au cours de ce que tu as encore eu la force d’appeler « une belle journée ». Nous couvrant encore une fois de tes mots d’amour. Tu es parti. « De la manière la plus proche de ce que t’aurais jamais pu imaginer. »
Même ta gouaille et ton sens de la formule t’auront accompagné jusqu’au dernier souffle.
Tes trois derniers mots : « amour, anarchie et accordéon ». Un art de vivre !
Merci pour tout le poto.
T’as fait un joli passage ici bas, et vu la laideur du monde c’était pas gagné d’avance.
Salut à toi
et mort aux cons ! »
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27/07/2024