Le Martyrologe romain
Durand de Mende compte dans la nuit sept parties : vespera, l’heure qui précède les ténèbres ; crepusculum, l’instant douteux entre la lumière et les ténèbres ; conticinium, le temps le plus calme de la nuit ; intempestum, le temps où la nuit est plus dangereuse ; gallicinium, le moment où chante le coq ; matutinum, le point du jour ; et diluculum, ou le commencement de l’aurore. Nous ne contesterons pas ces divisions. D’après nos propres observations cependant, il semble qu’on distinguerait plus justement aussi dans la nuit, trois temps : le premier temps irait de l’apparition de la première étoile à l’établissement du grand silence de la nuit, ce serait l’heure où la lumière s’efface, où tous les bruits s’éteignent, où l’homme disparaît de son empire ; le second temps ou minuit serait l’heure de l’obscurité plus profonde, des rondes sabbatiques, des prouesses infernales ; le troisième temps, délivré de cette espèce d’obsession sinistre qui pèse à minuit sur le monde, ramènerait petit à petit la lumière, le mouvement, la vie. Dans tous les cas, il est hors de doute que l’Eglise attache à la nuit une grande importance. Dans l’établissement de ses pieuses coutumes, dans la distribution des prières liturgiques, dans l’introduction des règles monastiques, elle a toujours été visiblement préoccupée des heures du repos. Pour comprendre sa maternelle sollicitude, il faut rappeler que l’homme durant la nuit, étendu sur sa couche, fatigué par la veille ou renouvelé par le sommeil, est comme une proie que se disputent les bons et les mauvais anges. Comme le corps, pendant le sommeil, continue ses fonctions sans que le principe sensible en ait conscience, les fonctions vitales de l’esprit continuent de même, sans que le principe intelligent ait aucune conscience de ce qui se passe en lui pendant ce temps. Il en résulte que l’Âme incline alors à bien ou à mal suivant la prépondérance des éléments de mal ou de bien que trouvent en elle les esprits qui la visitent. De là ces deux croyances, toutes les deux universelles, que l’homme, pendant la nuit, est soumis à des influences bonnes ou mauvaises, préservatrices ou corruptrices, et que le temps du sommeil est aussi favorable aux communications divines qu’aux obsessions diaboliques. Cette opinion, de quelque manière, qu’on l’entende, s’appuie incontestablement sur des faits d’expérience, sur l’autorité des saintes Ecritures, sur le témoignage de l’histoire, et doit par conséquent entrer pour une part dans la direction de notre vie.
J. Carnandet et J. Fèvre (dir.), Traité sur la connaissance des temps in Le Martyrologe romain
Laisser un commentaire
4/01/2015