Hommage à David
Le 08 novembre, à l’Anamorphose, 48 rue du long-pot à Lille-Fives.
Il y a des groupes de musique sans disque, voici un disque sans groupe. Venez donc au fin fond de la ville tentaculaire, à l’Anamorphose, célébrer avec nous la dernière sortie de LADA, le 78 tours de Merdézuth, mais aussi, et surtout, la mémoire de son chanteur, David, qui nous a quittés en juillet dernier. Discussion autour de la camarde, écoute collective, chansons subversives, bouffe, bières et amitié. N’ayez crainte d’emprunter la rue Saint-Jacques, l’eschec ne vous y attend pas.
18h30 Le Camarade et la Camarde.
Tentative de récit d’un pas de côté pour regarder la mort en face ou comment nous avons cheminé avec David après l’annonce d’un cancer récidivant jusqu’au « choix » de celui-ci de décider de sa propre mort.
Ce partage d’expérience n’a pas la prétention de servir d’exemple, de donner la bonne marche à suivre ou de fabriquer des héros et des héroïnes. Il vient s’ajouter aux histoires de parcours de vies partagées par d’autres avant nous (nous pensons entre autres au livre de N’DREA, Perdre ma vie est un risque plus grand que celui de mourir, d’abord édité par le groupe autonome Os Cangaceiros, en février 1992, puis réédité chez les camarades des Éditions du bout de la ville, en 2023, ou à la brochure anonyme Aigu…Agressif…foudroyant, parue en 2016), textes écrits autour de la fin de vie, de son accompagnement et de la mort et qui nous ont beaucoup apporté lors de notre propre cheminement aux côtés de David. Ce récit sera suivi d’un échange pour qui voudra.
Notez, parce que ce n’est pas anodin, que nous évoquerons sans fard au cours de cette discussion la maladie, la souffrance et la mort.
20h30. Écoute collective du disque de Merdézuth en mangeant, en buvant, en discutant.
Merdézuth, c’est quoi pour commencer ? C’est un petit groupe dans lequel David chante et joue de l’accordéon, Nico de la guitare, l’autre David de la batterie, et Lisa du flutiau. Merdézuth ce sont de beaux textes (Mac Orlan, Jacques Prévert, François Villon, Emile Verhaeren, Leon Rosselson) joliment mis en musique, du plaisir d’être ensemble, un enregistrement dans une cave, rue des Ailes à Schaerbeek, un chat qui miaule, la joie et l’émotion d’entendre la voix de David, du miel pour les esgourdes pardi ! Le 78T 6 titres vient tout juste de sortir en vinyle chez LADA, la division sonore des âmes d’Atala, en co-production avec les labels Stonehenge, Attila Tralala, AREDJE, la Distropie et Gestalt.
En présence de Nico et de la Distropie qui nous parleront – ou pas – de cette aventure vinylique, mais aussi, toujours et encore, de livres.
21h00. Quand la police nous fait chanter. On poursuit nos discussions, notre gueuleton en musique.
Présentation en musique de ce splendide chansonnier, auquel à participer David, Quand la police nous fait chanter, Florilège francophone chronologique de chansons, textes et poèmes causant des flics, édité par l’Amicale des Chansonniers Amateurs Bénévoles, une première fois en 2015, puis dans une version augmentée et enrichie en 2024.
On reprend ici in extenso l’intro du brûlot : « La chanson connaît la police »
On a beaucoup chansonné les forces de l’ordre, et depuis longtemps. Il faut dire qu’il y a matière ! Dès le Moyen Âge, il n’a pas manqué de plumes acérées s’appliquant à évoquer la volaille. Grâce à elles nous sont parvenues les traces d’une tradition orale qui n’a rien perdu de sa frondeuse vigueur. Comment les cerbères à la nuque raide, brutaux sous tous les régimes, ne seraient-ils pas chahutés dans d’innombrables refrains vengeurs ? Une chansonnette est en tout cas moins douloureuse que des menottes serrées au sang, une clé d’étranglement, une compression thoracique, un coup de matraque, de flash-ball, de taser ou une « balle perdue ».
La litanie sécuritaire de cette époque vrille les tympans et les comportements mais ne parvient pas à étouffer le vivant brouhaha populaire, d’où jaillissent toujours, en toutes langues, de séditieuses rengaines. On conclura cette brève entrée en matière par un extrait de La Semaine sanglante, écrite en juin 1871 par Jean-Baptiste Clément après l’écrasement de la Commune.
Demain les gens de la police
Refleuririons sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuples et des curés.
Ceux qui avaient vécu sans police un moment la voyaient revenir pour longtemps. Jusqu’à quand ?
Amicale des Chansonniers Amateurs Bénévoles
Laisser un commentaire
6/11/2024