Odyssée lumpen
«Parce qu’ils s’en vont tous, à Londres, à Berlin, à Barcelone ou à Paris, et je leur dis, oui, c’est bien, prenez le train et fuyez à l’étranger, quittez cette Italie au bout du rouleau. Mais je vais vous dire autre chose : n’oubliez pas que pendant que vous partez, tata-toum, tata-toum, tata-toum, sous chaque 108 mètres de votre fuite il y a deux rails construits par les ouvriers des aciéries de Piombino.»
Un rejeton de la fière classe ouvrière toscane, premier de sa famille à avoir fait des études supérieures, se retrouve à composer, dans une cuisine puante de Bristol, la pizza Margherita en hommage à l’autre Marguerite, la maléfique Thatcher. Il est flanqué d’un flibustier tout droit sorti de L’île au trésor, d’un acteur shakespearien dans la débine, d’un Pavarotti déboucheur de chiottes et de toute une troupe de semi-délinquants, lumpenprolétaires rebelles, amateurs de bière, de foot et de diverses substances.
Ces souvenirs vrais sont passés au filtre de la poésie fantastique et de la critique sociale, dans un récit drolatique et émouvant, entre Ken Loach, George Orwell et H.P. Lovecraft. Un chant d’amour à une classe morcelée, malmenée par les managers doucereux et les superviseurs esclavagistes, mais qui résiste encore et toujours.
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21/06/2024