RIP Tai Luc
Au retour de Bruxelles, j’apprends la disparition, le vendredi 1er décembre, de Tai Luc. Dehors, la neige recouvre encore une bonne partie de la ville. J’ai l’impression qu’une partie de moi, une partie de ma jeunesse, vient soudainement de m’être arrachée et je me sens envahi par une infinie tristesse, au milieu de tous nos morts qui font la ronde dans ma tête embrumée. Je sais qu’à ce moment-là, je ne suis pas seul, et que je communie avec tous les mauvais garçons et toutes les mauvaises filles, tous ceux et toutes celles qui ont un jour, pour toujours, embrassé la cause lysergique, et qui aujourd’hui se sentent orphelin, orpheline autant qu’étranger et étrangère dans et à ce monde. Je l’ai interviewé à deux reprises en tant que parolier, guitariste, chanteur, fondateur du groupe La Souris Déglinguée, une fois avant qu’il ne devienne docteur en linguistique, enseignant à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de diachronie et synchronie taï-kadaï et de tham-pali du Laos, pour le skinzine que je faisais à l’époque, une seconde presque quinze ans plus tard, dans un rade où on s’était filé rencard, pour le Amer, quatrième du nom, sur la boxe, en 2010. Ça remonte. Depuis on correspondait de temps à autre. En mars 2014 je lui écrivais pour lui annoncer la mort de Jonnhy, aka Dj Krueger, « parce que c’est encore en écoutant la Souris ou un bon vieux morcif de skinhead reggae qu’on cachera nos larmes, au final, comme pour accompagner à peu près tout ce qu’on a fait et vécu depuis qu’on se connaissait. Si l’International Raya Fan Club veut dire quelque chose, voilà, il a rejoint les esprits invisibles et il continuera de nous accompagner à travers vous ». Aujourd’hui, c’est lui qui s’est fait la malle, et évidemment je pense à tous les ami.es, présents, lointains ou disparus qui savent de quoi je parle.
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3/12/2023