Trencadis
Le grand roman qu’on attendait sur Niki de Saint Phalle
Porté par une écriture à vif, sensorielle, d’une richesse inouïe le livre isole les scènes fondatrices de la vie de cette femme ahurissante de résilience et les reconstitue dans toutes leurs douloureuses nuances, mordantes jusqu’au sang […] Un beau geste de sororité scellé par un texte essorant, d’une prodigieuse inventivité.
«Je montrerai tout. Mon cœur, mes émotions. Vert – rouge – jaune – bleu – violet. Haine -amour – rire – peur – tendresse.»
Niki hait l’arête, la ligne droite, la symétrie. A l’inverse, l’ondulation, la courbe, le rond ont le pouvoir de déliter la moindre de ses tensions. Délayer les amertumes, délier les pliures : un langage architectural qui parlerait la langue des berceuses. Aussi vit-elle sa visite au parc Güell comme une véritable épiphanie. Tout ici la transporte, des vagues pierrées à leur miroitement singulier. Trencadis est le mot qu’elle retient : une mosaïque d’éclats de céramique et de verre. De la vieille vaisselle cassée recyclée pour faire simple.
Si je comprends bien, se dit-elle, le trencadis est un cheminement bref de la dislocation vers la reconstruction. Concasser l’unique pour épanouir le composite. Broyer le figé pour enfanter le mouvement. Briser le quotidien pour inventer le féérique. Elle rit : ce devrait être presque un art de vie, non ?
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13/11/2023