Le Confort moderne
Ce récit, qui semble anticiper Les Choses de Georges Pérec, nous entraîne dans un vertige d’objets, premières automobiles, produits d’une ingénierie prodigue, mobilier fonctionnel, luxe inutile, gadgets, gâchis.
Dans ce tableau de la vie moderne, la presse même n’est pas épargnée, en sa boulimie de nouveautés. À travers le portrait d’un jeune homme de son temps, étourdi par le « progrès », ce « fanal obscur » que dénonçait déjà Baudelaire, Boylesve fait le portrait de la conscience moderne, frappée de vanité dès sa naissance.
Cette nouvelle est d’un tour bien français, c’est-à-dire que le drame y est rapporté d’un ton souriant, avec une dignité affectant la désinvolture. C’est avec une acuité de moraliste classique que Boylesve témoigne de la crise morale que traverse le début du XXe siècle, crise de laquelle il n’est pas certain que nous soyons sortis aujourd’hui.
En somme, ce récit, qui sait pourtant éviter les conclusions péremptoires et la satire univoque, tend à notre époque un miroir dans lequel elle a peut-être intérêt à se mirer. Il s’offre à nos méditations, à l’heure où une certaine modernité, triomphante au début du siècle dernier, commence à inspirer doutes et réserves, en cet autre début de siècle.
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21/01/2021