Lucio Urtubia R.I.P
Anarlivres rend hommage à Lucio Urtubia.
Le 18 juillet, Lucio Urtubia (Maitron), « anarchiste, braqueur, faussaire… mais tout d’abord maçon », nous a quittés. Né à Cascante (Navarre) le 18 février 1931, il avait fuit l’Espagne pour échapper à une condamnation aux travaux forcés pour des vols ou en tant que déserteur de l’armée espagnole, selon les versions. En région parisienne, il rejoint sa sœur et, suite à la fréquentation de militants anarchistes catalans sur les chantiers de construction, adhère à la CNT espagnole et milite activement. En 1957, il héberge pendant neuf mois le guérillero Francisco Sabaté (dit Quico, Wikipédia) dans son studio de Clichy, puis participe à divers braquages en France, Belgique, Hollande et à Londres, pour assurer le combat antifranquiste et la solidarité. C’est à partir de 1969 qu’il installe avec d’autres camarades une imprimerie pour sortir tracts, brochures, journaux… et qu’il se lance dans la fabrication de faux papiers ainsi que dans le trafic d’armes et d’explosifs pour des groupes de confiance. Il met aussi au point une arnarque qui permet à l’aide de faux documents de toucher des chèques falsifiés. Le 22 mai 1974, Lucio et sa compagne Anne Garnier sont arrêtés et accusés de complicité dans l’enlèvement par les GARI (infos) de Balthazar Suarez, directeur de la succursale parisienne de la Banco de Bilbao. Il sera incarcéré à la Santé jusqu’au 18 septembre 1974 mais acquitté avec tous les autres inculpés lors du procès en 1981. Jusqu’aux années 1982-1983, il poursuit ses activités de faussaire pour fournir faux papiers et ressources à de nombreux groupes révolutionnaires de par le monde. En 1997, Lucio crée l’Espace Louise Michel – Sustraiak (« racines » en basque) rue des Cascades dans le 20e arrondissement de Paris. Il en fait un lieu d’accueil pour les luttes anti-impérialistes, sociales, syndicales, anti-carcérales qui hébergera nombre de réunions, d’expositions et d’activités. Un lieu aussi ouvert aux artistes engagés. Bernard Thomas a relaté ses aventures dans Lucio l’irréductible (Flammarion, 2000), puis il prendra lui-même la plume pour écrire en 2005 Lucio. Ma morale anarchiste (Les Editions libertaires). Un film documentaire lui sera consacré : Lucio : anarchiste, braqueur, faussaire… mais tout d’abord maçon (2007, 93 min), réalisé par Aitor Arregi et José Maria Goenaga. Certains, de façon anonyme, l’accuseront de mensonges et d’avoir inventer des événements pour se mettre en valeur (lire dossier du CRAS). Lucio a sans doute enjolivé une partie de ses souvenirs ; le temps et les historiens, malgré les difficultés, réussiront peut-être à séparer le bon grain de l’ivraie. Mais, aujourd’hui, saluons l’anarchiste irréductible qui a su montrer son humanité, son intégrité, sa solidarité et sa constance dans l’action.
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31/07/2020