Namio Harukawa RIP
Namio Harukawa (春川ナミオ, Harukawa Namio?), né en 1947 à Osaka et mort le 24 avril 2020, est un artiste japonais dans le domaine du dessin érotique. Namio Harukawa est un nom de plume : Namio est l’anagramme de Naomi, prénom de l’héroïne du roman Un amour insensé de Jun’ichirō Tanizaki, et Harukawa est issu du nom de l’actrice japonaise Masumi Harukawa. Son art, qui s’inscrit dans le registre du fétichisme et du sado-masochisme, dépeint des femmes rondes callipyges dominant et humiliant des hommes minces, généralement à travers la pratique du facesitting.
Si les productions nées de sa plume ont longtemps été réservées aux amateurs du genre et aux magazines spécialisés, celles-ci ont néanmoins inspiré bon nombre de dessinateurs par la suite. En 2013, 71 dessins ont d’ailleurs été exposés au musée de l’érotisme à Paris, issus pour la plupart de son ouvrage “Le Jardin de Domina”, l’histoire de la dirigeante d’une boîte de cosmétiques dominant sexuellement ses employés.
Cette pratique sexuelle, autrefois peu connue de par les non-dits de la censure, est aujourd’hui bien présente dans nos sociétés et sur les plates-formes spécialisées. Dénommée “queening” outre-Atlantique, celle-ci est devenue l’un des symboles sexuels de la domination féminine et du fantasme de l’homme soumis.
Depuis les années soixante, Harukawa Namio fait preuve d’une constance admirable dans la thématique qu’il aborde. Cela fait environ cinquante que le dessinateur japonais s’amuse à représenter un aspect particulier du fétichisme masochiste masculin, à savoir le facesitting. Il dessine sans relâche des hommes dans de multiples positions dont le visage est écrasé sous les imposantes fesses de femmes aussi belles qu’opulentes. L’exposition Garden of Domina, présente jusqu’au mois d’octobre au Musée de l’Érotisme à Paris dans le quartier de Pigalle, est la toute première exposition hors du Japon d’Harukawa Namio. L’artiste a confié au musée, dédié aux arts sensuels, plus de soixante-dix œuvres dont cinquante-neuf dessins issus de son dernier ouvrage, Le Jardin de Domina, ainsi que quatre groupes de trois images formant chacun une histoire. Une sorte de mini bande dessinée en somme, mais sans les bulles ! Car si les dessins d’Harukawa sont un prétexte pour reproduire de plantureuses femmes nues exerçant leur domination sur de petits hommes étouffés par le postérieur de leurs maîtresses, ils racontent bien une histoire. Celle d’Ôhara Kana, une ancienne joueuse de volley-ball devenue mannequin, qui s’est donnée pour mission d’éveiller les hommes « aux joies de la servitude. »
Qu’on ne s’y trompe pas, Namio Harukawa est avant tout un grand artiste au style précis et affirmé. Le dessinateur fétichiste, né à Osaka en 1947, commence à dessiner dès sa plus tendre enfance et voue très tôt une admiration pour des femmes dotées, pour le moins, d’un caractère bien trempé. Son nom de plume est un pseudonyme reprenant deux noms de femmes. Harukawa est le nom de famille d’une actrice japonaise, Masumi Harukawa, connue pour son rôle dans Désir Meurtrier d’Imamura Shôhei, sorti en 1964, qui retrace l’histoire d’une femme entièrement dévouée à son mari et qui change de vie après son viol. Namio étant l’anagramme de Naomi, l’héroïne du roman de Tanizaki Junichirô sorti en 1924, Un amour insensé, qui dépeint la vie d’un homme mûr entièrement dominé par une jeune adolescente. Le thème de la domination féminine est omniprésent dans l’œuvre de Namio Harukawa, ce thème le fascine depuis l’école primaire, période à laquelle il commence à griffonner. En véritable autodidacte, il parfait sa technique en reproduisant le style des magazines pulp japonais, des magazines peu onéreux destinés aux adolescents. Tout au long de sa carrière, il dessinera invariablement des arrière-trains triomphants pour en devenir la star. Après de nombreuses années à avoir œuvré dans la discrétion pour des revues SM sans apparaître en public, Harukawa a publié des dessins et exposé son travail dans de nombreux lieux au Japon.
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28/05/2020