Imaginaires de la fin du monde : perspectives pré- et post-apocalyptiques
Université Bordeaux Montaigne
Lundi 9 décembre 2019
Cette journée d’étude se propose de montrer comment « la fin du monde » continue à façonner notre vie jour après jour. Nous sommes confrontés à d’innombrables informations susceptibles de nous signifier l’approche sinon de la fin, du moins d’une fin.
Fin du monde ou Fin de l’espèce ?
Lors du dernier sommet sur l’environnement à New York, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a insisté sur l’acuité du problème climatique. Il s’agit d’une urgence qui affecte irrémédiablement la planète entière, et à laquelle font écho les dernières catastrophes naturelles telles que les récents incendies en Amazonie. Mais ce n’est pas seulement un temps de catastrophes : des menaces persistantes pourraient sembler annoncer une fin du monde imminente ; les records de température, les pandémies et la famine en augmentation. On sait que cette vision apocalyptique de l’avenir est présente dans nos vies depuis le début de notre histoire, puisque, selon la religion chrétienne notamment, l’homme, à cause du Péché Originel, est condamné à vivre dans l’errance et dans l’attente du Jour du Jugement dernier. C’est ainsi que l’idée de la fin va s’ancrer dans nos traditions dans un premier temps avec le récit du « Déluge » et aussi celui du « Jour du Seigneur ». Ces déterminations n’impliquent pas nécessairement la fin de tout, mais une fin, une fin qui ouvre la porte à une nouvelle ère. De là nait notre première inquiétude : Fin du monde ou Fin de l’espèce? Dans quelle mesure l’homme est-il coupable de ces catastrophes ? Dans cet axe, on s’interrogera également sur le rapport entre l’apocalypse et la mythologie, ou encore, l’apocalypse et les guerres : existe-t-il des poly-apocalypses qui nous mèneront graduellement à l’effondrement ?
Représentations de sociétés apocalyptiques
Dans Fabuler la fin du monde, Jean- Paul Engélibert insiste sur deux mots qui accompagnent notre vocabulaire ces derniers temps : « L’apocalypse, vieux mythe qui mobilise plus que jamais philosophes, spécialistes des sciences sociales et critiques littéraires, et l’anthropocène ». Nous pouvons d’ailleurs constater que l’abondance de films post-apocalyptiques (plus de 183 titres), et de jeux vidéo autour de la fin du monde, au même titre que le survivalisme, contribuent à renforcer cette crainte apocalyptique. Si cette peur de la fin du monde a servi à construire notre société, il est important de prendre en compte deux éléments significatifs qui ont collaboré à entretenir cette appréhension eschatologique : la numérologie et les prophètes. Avec les progrès de la technologie, la numérologie continue à jouer un rôle important dans le déchiffrement prévisionnel (la datation, symbolique et calendaire) du « Jour du jugement dernier ». Comment interpréter et nuancer les prophéties des prophètes de l’apocalypse avec les indices de destruction actuels ? Dans quelles autres disciplines l’apocalypse est-elle présente et décrite ? Existe-t-il, par exemple des discours politique capitalisant, ou au contraire, dévoyant les vertus heuristiques de cette tension apocalyptique ? Ces discours politiques peuvent-ils à partir de là eux-mêmes représenter un danger pour l’humanité et la planète ?
Transformations post- apocalyptiques
Si l’apocalypse biblique suppose « un nouveau ciel et une nouvelle terre » (Apocalypse 21 :1), cela est source d’espoir (ou cela ouvre à tout le moins une perspective de recommencement). Il y a par conséquent la possibilité d’imaginer ce monde aprèsl’apocalypse. Au sein de nombreux pans des domaines artistiques ou intellectuels une pensée tantôt d’une fin partielle du monde : c’est le principe même du « post-apocalyptique », si prisé par la pop-culture. L’imaginaire post-apocalyptique implique ainsi la plupart du temps, et pour jouer sur les mots, d’avoir fait « machine-arrière » vis-à-vis de notre devenir technique. A côté de lui et plus radicalement, il y a bien une pensée du monde sans nous : elle est notamment portée par certains représentants du courant philosophique récent du « Réalisme spéculatif » et par leur rapport à l’absoluité du « grand dehors ». A l’opposé, le Transhumanisme oscille entre son assignation au Salut de l’humanité et la menace qu’il fait planer d’une supplantation de l’homme par la machine : téléologie, pour certains, de ce même devenir technique.
*
Orientation bibliographique
Engélibert, Jean-Paul, Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d’apocalypse. Paris, La Découverte, 2019.
Meillassoux, Quentin, Après la finitude, Paris, Le Seuil, 2006
Worms, Frédéric. 2010. « Paradoxes de « l’apocalypse » », in Le moment du soin, Paris, PUF, 2010.
https://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/La-peur-de-la-fin-du-monde-a-une-fonction-sociale-148504-3241775
*
Modalités de soumission des propositions de communication
Les propositions de communication (durée : 20 minutes + 10 minutes de questions)
Un titre et un résumé d’environ 200 mots ( 10 à 15 lignes), en français ou espagnol, accompagnés d’une brève notice biobibliographique, devront être envoyés a deux organisatrices avant le 4 novembre 2019 : erica.moron@u-bordeaux-montaigne.fr , diana.sierra-diaz@etu.u-bordeaux-montaigne.fr et journee.doctorants.ameriber@gmail.com
Lieu de la journée doctorale :
Université Bordeaux Montaigne
Domaine Universitaire, 19 Esplanade des Antilles, 33607 Pessac
Laisser un commentaire
18/10/2019