Histoire merveilleuse et édifiante de Godemiché
L’abbé Du Laurens est intrigant, trivial, obscène, scandaleux, subversif, spirituel, hilarant, licencieux, libertin, philosophe, écrivain. Absolument. Deux dates : 1719 – 1793. Entre elles deux, la vie de ce personnage captivant, élevé chez les Jésuites, promis à la vie monastique, étudiant doué, esprit vif, amoureux des belles-lettres, écrivain polémiste, dont les ouvrages licencieux le mèneront sur les routes de l’exil. Dénoncé, Du Laurens sera finalement condamné à l’emprisonnement perpétuel. Il en mourra à l’âge de 74 ans, après 26 années d’enfermement, en laissant derrière lui une oeuvre somme toute abondante, parmi laquelle un ouvrage paru en 1763 : L’Arétin moderne. Étrange ouvrage où des histoires se mêlent à des essais sur des sujets aussi divers que les enfants, l’agriculture, les chiens… Quoi qu’il en soit, le fond de l’affaire est une critique à tout va de la religion. Mais les histoires qui parsèment cet ouvrage peuvent être regardées comme de véritables petites nouvelles. C’est pour quoi elles sont là, rassemblées sous cette couverture. Parodiant à souhait certains des plus fameux épisodes de la Bible, elles nous font découvrir un grand auteur. Et bien que le siècle des Lumières nous ait depuis longtemps habitués aux plus beaux esprits, il faudra bien avouer que Du Laurens fait partie des premiers d’entre eux. Ce que ne manqueront de remarquer les frères Concourt au siècle suivant : Ce Du Laurens (…) a été, dans son siècle, un esprit rare et redoutable. Au bout de ces imaginations ordurières, de ces portraits caricaturaux, derrière cette parade licencieuse, ce rire et cette polissonnerie, il y a une idée armée. Dans ce carnaval de la Bible et de l’Évangile, de l’enfer et du paradis, il y a un pamphlet, un réquisitoire, un manifeste. Dans ce farceur, il y a un parti : la raison du XVIIIe siècle.
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23/08/2019