Hors d’atteinte
Les premiers jours de l’inhumanité
Nous l’entourons. Il a les yeux rouges, ses mains jointes tremblent. Ma mère arrive en s’essuyant sur un torchon. Il pose sur la toile cirée un morceau de papier journal enroulé. Comme fou, il n’a même pas pris la peine de se laver les mains.
— J’ai trouvé, j’ai trouvé !
Il défroisse délicatement le morceau de papier dont l’encre a bavé, en tremblant.
— Regardez !
Il ouvre ses mains… Une pépite ! Elle étincelle dans le reflet de nos prunelles d’enfants, clignote dans les yeux de ma mère.
Il est beau, ce rêve. C’est mon plus beau.
Auteur notamment du Thé au harem d’Archi Ahmed (1983), Mehdi Charef, qui a publié trois autres romans et réalisé onze films, retrouve l’écriture après treize ans d’interruption. Rue des Pâquerettes revient sur son arrivée en France en 1962, à 10 ans, dans le bidonville de Nanterre : il y raconte sa difficulté à comprendre son père, qui les a arrachés, lui, sa mère et sa sœur, à leurs montagnes pour les faire venir en France ; l’humiliation, la boue et le froid du bidonville ; mais aussi l’enthousiasme de son instituteur, l’amitié des camarades, la douceur d’Halima ; et sa grand-mère, persuadée que la vie d’un enfant qui pose autant de questions ne pourra être que trop pleine.
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17/05/2019