L’Apocalypse de notre temps
Présenté par Boris de Schlœzer
C’est par des fragments épars, d’infimes mouvements de l’âme, que Rozanov manifeste le profond sentiment religieux qui l’anime. Pour lui, ce sentiment ne peut être ressenti que physiquement, corporellement, de manière animale, dans notre vie quotidienne, familièrement. La conscience de Dieu, c’est d’abord la conscience de soi, de sa chair, de son sang. Le mysticisme de Rozanov est proche de celui de Dostoïevski, du héros de Crime et Châtiment dont il cite un long passage dans L’Apocalypse. L’homme devenu pareil à la bête redécouvre sa nature angélique. Rozanov voit dans la révolution d’octobre 1917 une véritable conflagration qui est l’aboutissement de cette séparation entre le corps de l’homme et Dieu. Le Dieu du Christianisme, entièrement spiritualisé, objet de foi et de spéculation a désséché la Terre, il l’a rendue stérile. Le Christianisme a pourri le monde, et le cœur même de l’homme. La catastrophe russe aux yeux de l’auteur n’est qu’un épisode de la dissolution de la civilisation chrétienne, propagatrice du plus profond nihilisme. Écrit dans un monastère où il avait trouvé refuge en 1918, L’Apocalypse de notre temps est en quelque sorte le testament de Rozanov, un livre brûlant et désespéré.
Éditions Ivréa / Champs libre
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26/06/2018