Zofloya, ou le Maure
Pour celles et ceux qui l’auront manqué, on vous rappelle la première réédition depuis celle de 1812 du chef-d’œuvre de Charlotte Dacre, surnomée « Rosa Matilda ».
Considéré comme directement issu du Moine, Zofloya inspire Shelley, connaît quelques imitations et est qualifié par Swinburne d’ouvrage proche des productions de Sade. A l’opposé des stéréotypes littéraires de l’époque, le roman offre au lecteur tous les ingrédients du genre gothique, ainsi que, et c’est en cela que Dacre innove, une héroïne digne des pires personnages masculins du temps, qui s’adonne avec passion et délectation à la haine, au vice, à la manipulation et au meurtre.
De Venise au sublime des paysages alpins, de visions nocturnes en repères de brigands, Dacre excelle en perversion et en transgression, bouleverse les codes et révolutionne la littérature de ce début de siècle avec un roman gothique dont l’héroïne n’obéit, de la première à la dernière page, qu’à ses pulsions et désirs sexuels et se révèle prête à toutes les exactions pour arriver à ses fins.
Maurice Lévy cite l’ouvrage à plusieurs reprises et le résume dans son ouvrage Le Roman gothique anglais, Max Milner y consacre un sous-chapitre entier dans Le Diable dans la littérature française et la quasi totalité des ouvrages anglo-saxons traitant du gothique le mentionnent et l’analysent aux côtés du Moine de Lewis, de L’Italien de Radcliffe ou de Melmoth de Maturin.
« […] Autour du thème du pacte faustien, Charlotte Dacre, qui usait du pseudonyme de Rosa Matilda, fit des étincelles en manifestant pour la chair des appétits marqués dans son roman librement dérivé du Moine de Lewis. Elle retint d’ailleurs l’attention pour son allant et son jusqu’auboutisme. On a beau être anglaise, on n’en est pas moins femme. Ou plutôt, ça n’est pas parce qu’elle fut femme que Charlotte Dacre usa d’une héroïne niaise qui aurait par principe respecté les codes et usages incombant aux personnes du beau sexe. Zofloya est en la matière une notable exception du roman de ce temps, et c’est Maurice Lévy qui le dit. » (Eric Dussert, L’Alamblog, 20 mai 2015)
§ Article du Matricule des Anges, juin 2015
§ Emission Paludes du 27 novembre 2015
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13/03/2018