Farrel en lecture pour le Prix Sade
Dans le fanzine Darkness on lit :
« En 1979, la revue Bizarre Bondage, essentiellement consacrée aux pratiques sadomasochistes, lancée par Dominique Leroy en 1970, diffusée dans les sex-shop et les librairies spécialisées, compte 12 numéros. On y trouve de multiples rubriques et quelques dessins de Philippe Cavell et Joseph Farrel. Le magazine sera interdit aux mineurs, d’exposition, d’affichage et de publicité par arrêté du ministre de l’intérieur du 11 décembre 1979. Le recueil de 29 dessins de Farrel accompagnés d’un texte de fiction de Robert Mérodack, intitulé Douleurs Fugitives, ainsi que 30 autres dessins rassemblés dans l’ouvrage Obéis ! Sinon… édité par Dominique Leroy, sont tous deux interdits aux moins de 18 ans, d’affichage, d’exposition et de publicité par arrêté du 22 juin 1984. Même peine pour Couleur Sang (Bloody Heavens), un recueil de 27 dessins sadomasochistes de Joseph Farrel, qu’il livre sous le pseudonyme d’Angelo, accompagnés d’un texte de Maximilien, sanctionné par l’arrêté ministériel du 22 août 1984, lequel vise également la réédition du roman sadomasochiste de Robert Mérodack Le rendez-vous de Sodomal qui raconte l’histoire d’une jeune fille et de sa mère séquestrées, violées et torturées, illustré par de nombreux dessins de Farrel. Ces exemples de restrictions sévères à l’endroit de l’œuvre de Joseph Farrel, répertoriés dans le célèbre Dictionnaire des livres et journaux interdits de Benard Joubert, traduit indéniablement la force et la puissance visuelle de ses dessins.
Après la publication remarquée du Dictionnaire des films pornographiques & érotiques 16 et 35 mm, Christophe Bier avec Dominique Forma proposent aujourd’hui un recueil étourdissant qui rassemble plus de 200 dessins de Joseph Farrel, dont une grande partie inédits ou reproduits d’après les originaux : « Depuis 1960, pendant près de cinquante ans, Joseph Farrel a dessiné des femmes en pleurs, humiliées, battues, déformées, perforées, élargies, séquestrées, subissant l’implacable folie sexuelle des hommes. Cet artiste marginal ne respecte rien, brise les tabous élémentaires, ignore l’autocensure. Son œuvre est la plus scandaleuse depuis celle de Sade. Noire, grinçante, choquante, désespérée. « Je ne vais pas au-delà de ce qui est impossible« , affirme-t-il dans une formule renversante. La soumission féminine non consentie a trouvé son maître le plus âpre. »
Un livre sulfureux qui pourrait théoriquement être la cible de la censure en application de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, toujours en vigueur, à l’instar des revues et recueils cités au début de cet article. Un risque parfaitement assumé par Christophe Bier qui explique : « Au cours des derniers mois qui ont précédés sa finalisation, on m’a d’ailleurs plusieurs fois conseillé de consulter un avocat. L’autocensure rode hélas comme un prédateur affamé. Je ne crois pas à cette fable et, sans fausse modestie, je ne pense pas que publier cet ouvrage »plus que mauvais genres’, »déviants » oseraient quelques-uns, soit un acte de résistance ou de courage, en fait. Il fallait le faire, parce que c’est une évidence et qu’il s’agit de poésie à couper le souffle. »
FARREL
Christophe Bier Editeur, 2017.
Cartonné relié, 29,7 x 21 cm, 192 pages, couleurs, tirage limité à 600 ex. 200 reproductions de dessins, des esquisses, des inédits. Prix: 70 euros. Disponible sur: www.farrelartbook.com «
Farrel, avec des textes de Christophe Bier et Dominique Forma (Christophe Bier éditeur) en lecture chez les jurés du PRIX SADE.
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27/08/2017