Animale Machine
Animale Machine, « La Grecque prodige », Eleni Sikelianos.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claro. Actes Sud, 2017.
Cinq ans après Le Livre de Jon, où elle rendait hommage à un père héroïnomane, la poétesse Eleni Sikelianos revient avec Animale Machine, un texte aussi inclassable qu’inventif mêlant registres de langue et genres littéraires, autobiographie, poésie, pastiches, jeux typographiques, écriture manuscrite et visuels divers, pour retracer le destin chaotique de sa défunte grand-mère, Melena. Jamais gratuite ou purement formelle, la composition kaléidoscopique du récit saisit les multiples facettes de la personnalité hors normes de cette immigrée grecque “dure à cuire” qui fut, dans l’entre-deux-guerres, danseuse burlesque de cabaret aux États-Unis sous le nom de “la Fille Léopard”, se maria pas moins de cinq fois (notamment avec un truand, un aviateur, un nain et un prêtre noir), et eut trois enfants. Cet anti-portrait qui tire sa sève d’une constellation de souvenirs, d’impressions et d’anecdotes est porté par un geste qui ne va pas sans rappeler celui d’André Breton dans Nadja. Loin du tombeau poétique, cette singulière entreprise littéraire constitue en effet une ode à l’imaginaire où la mélancolie et la fulgurance le disputent à l’humour pour fixer l’identité de l’être aimé – et, au-delà, l’expérience d’une femme immigrée américaine. À l’image d’une grand-mère radicalement marginale, un texte en forme de “scrapbook” où l’aventure de l’écriture mime celle d’une vie au sein d’une Amérique dont le livre d’Eleni Sikelianos raconte “autrement” le rêve, les marges et la violence.
Lire la chronique ICI de Lou et les feuilles volantes.
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16/07/2017