Litanies pour une amante funèbre (Gabrielle Wittkop)
Car tu ne sauras ni le jour ni l’heure,
Mais la mormolyce fardée de crins noirs,
Mais la mormolyce muette sous le crêpe,
Mais la mormolyce voilée de vermine,
Mais la mormolyce tout habillée d’ombre,
Mais la mormolyce couronnée de larves,
Mais la mormolyce mangeuse d’enfants,
Mais la mormolyce tigrée de sang sec,
Mais la mormolyce qui flaire les sueurs,
Mais la mormolyce qui traque la proie,
Mais la mormolyce qui sait les chemins,
Mais la mormolyce qui ferme la lèvre,
Mais la mormolyce qui ronge la lèvre,
Mais la mormolyce dans quelque angle mort,
Viendra te trouver sans que tu la voies,
Car tu ne sauras ni le jour ni l’heure.
Finale
Les jeux sont faits, rien ne va plus.
Que glisse l’empalée secrète
Sur les torrents mugissants de la mort.
Le silence se caille à sa lèvre gercée,
Les bougies des tripots charbonnent,
Les suicidées raflent tous les atouts.
Combustion indigo, enfer par omission,
Les cartes sont zinguées, que la nuit nous enlève,
Vieux chancre du regret, que la nuit nous enlève
Et que les fleuves referment sur nous leurs bras.
Série de 31 poèmes de Gabrielle Wittkop éditée par les éditions du Vampire Actif et Nikola Delescluse, exécuteur testamentaire littéraire de l’auteure du « Nécrophile » avec une belle préface d’Éric Dussert et 22 collages de l’artiste issus d’un projet consacré à la figure de Madeleine.
Bella vista, les anges pleureurs d’encre font des gestes,
Le gel éclate et fend les lèvres des fausses fleurs,
Lubriques, les tombeaux bâillent, léchés des goules.
Bella vista, les cyprès en marche
Portent les lampes du tribunal.
L’œil éjacule un lait entre les marnes,
Les rhizomes germent dans la moelle.
Bella vista, les feux du ciel fulgurent sur les morts,
Le grand souffle des ossements jette la cendre sur la tripe,
La terre, je le sais, je le sais, sera trop pesante à ma bouche.
Je tremble à la lisière de la nuit. Et je te mords.
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14/07/2017