Blues et féminisme noir
Blues Legacies and Black Feminism
Gertrude « Ma » Rainey, Bessie Smith et Billie Holiday
Blues et féminisme noir explore l’œuvre de deux blueswomen quelque peu oubliées : Gertrude « Ma » Rainey (1886-1939) et Bessie Smith (1894-1937). La première incarne le blues traditionnel, la seconde, le blues classique. Dévalorisée par les spécialistes du blues et du jazz – qui sont en général des hommes blancs –, l’œuvre de ces deux chanteuses porte un message spécifique : elle affirme la place et les revendications d’autonomie des femmes noires américaines. En analysant et en contextualisant les paroles de leurs chansons, Davis met en évidence les prémices du féminisme noir et les signes avant-coureurs des grandes luttes noires étatsuniennes qui suivront. Elle nous montre que Ma Rainey et Bessie Smith furent les premières rock stars de l’histoire de la musique : or elles sont noires, bisexuelles, fêtardes, indépendantes et bagarreuses. Elles posèrent les bases de la culture musicale noire. Une musique issue des classes sociales noires et inférieures, qui prône une sexualité féminine libre et assumée (homosexualité comprise), qui appelle à l’indépendance et à l’autonomie des femmes aux lendemains de la période esclavagiste, en revendiquant avec force et détermination l’égalité de « race » et de genre. Cette réflexion s’étire aux années 1940 en évoquant l’œuvre de Billie Holiday. Angela Davis réhabilite la conscience sociale de cette chanteuse d’envergure, trop souvent présentée sous le simple prisme des turpitudes de sa biographie, en plaçant Strange Fruit au centre de sa carrière et de son message. Blues et féminisme noir propose une histoire féministe et politique de la musique noire qui couvre trois décennies, les années 1920, 1930 et 1940.
L’auteure
Figure américaine incontournable, Angela Davis (née en 1944) est connue pour son engagement politique depuis les années 1960. Communiste, élève de Marcuse et Adorno, membre du Black Panther Party, emprisonnée deux ans en 1970, inscrite alors sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI, elle mène depuis 1969 une carrière universitaire. Ses travaux, marqués par la théorie critique et son bagage d’activiste, tournent principalement autour de la question de genre, de la place des Noirs aux États-Unis et du système carcéral. Ses ouvrages les plus connus sont S’ils frappent à la porte à l’aube (Éditions sociales, 1971), Femmes, race et classe (Des femmes, 1983) et Autobiographie (Albin Michel, 1975)
Traduit par Julien Bordier
350 pages + 1 CD audio 18 titres chez Libertalia
Parution : octobre 2017
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8/07/2017