Brisset !
La grande nouvelle
Jean-Pierre Brisset
Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’ai ? Que sexe a ?
Que exe est que ça ? Kekseksa ?
On voit que notre question la plus fréquente
fut créée alors que l’apparition du sexe
troubla l’esprit des grenouilles.
Il fallait quelque chose de bien personnel
pour intéresser nos stupides ancêtres.
À la fin du XIXe siècle, Jean-Pierre Brisset (1837-1919), paisible chef de gare passionné par la linguistique et la natation, reçoit une double révélation divine : le latin n’est qu’un argot et la parole prend son origine chez l’ancêtre de l’homme, la grenouille. Il s’en suit une abondante production prophétique publiée à compte d’auteur – dont La Grande Nouvelle, parue en 1900 sous la forme d’un prospectus tiré à dix mille exemplaires, se veut une synthèse.
Si elles n’eurent guère d’écho de son vivant, les thèses de Brisset suscitèrent plus tard la fascination de Marcel Duchamp, Raymond Queneau, André Breton… Pour Michel Foucault, dont on trouvera dans cette édition une présentation, « Brisset est juché en un point extrême du délire linguistique, là où l’arbitraire est reçu comme l’allègre et infranchissable loi du monde ».
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19/06/2017