Cuisines universitaires
2 colloques pour le prix d’un, et ça n’a rien à voir avec le logement. Quoique.
Colloque interdisciplinaire et international
Goût de France : gastronomie et culture / Francijas garša : gastronomija un kultūra
Les 24 et 25 mars 2017 à Riga en Lettonie
(Maison de l’Europe, 28 boulevard Aspazijas, Riga)
Langues de travail : letton et français avec traduction simultanée
Partie intégrante de l’identité culturelle nationale, la gastronomie offre un réseau de significations qui relèvent non seulement de l’art de goûter mais aussi de l’art de vivre. La France, réputée pays du goût par excellence, représente une belle opportunité d’étude des circulations et des transferts culturels au-delà des frontières. Le phénomène du goût en tant que réception des sensations gustatives et olfactives renferme deux caractéristiques : d’un côté, le goût-faculté, l’un des cinq sens, ou la faculté individuelle de sentir et de distinguer des substances, produits et arômes proposés ; de l’autre, le goût-appréciation des qualités spécifiques d’un produit donné, accessible aux organes sensoriels ; essentiellement basé sur une entente culturelle, il relève des règles gastronomiques. Il s’agit par exemple du plaisir ou déplaisir suscité par tel ou tel produit ou bien d’une appréciation plus nuancée qui nécessite un goût-faculté permettant de façonner, de soigner et de parfaire son appréciation. La perte du goût-faculté coïncide avec la disparition et l’incapacité de comparer, d’estimer et de constituer le système évaluatif de critères qui veille à la qualité des saveurs connues et l’appréciation de nouvelles. Les caractéristiques du goût en tant que métaphore de recherche interculturelle permettent d’étudier l’aptitude des individus à évaluer « l’autre » culturel ainsi que le degré d’ouverture d’une culture à l’altérité.
Le goût pour l’altérité est celui qui, le plus souvent, incite à aller au-delà des limites de sa culture vers une aire culturelle plus vaste parlant aux sens, aux émotions et à l’esprit. Or, la disposition à l’altérité est une composante interne à la société et aux individus qui détermine la propension de ces derniers à se tourner vers la culture d’autrui que celle-ci soit vécue comme une tendance subjective, un caprice de mode, une référence culturelle constante ou autre.
La procuration du sentiment de plaisir dépend de la satisfaction physiologique ou esthétique mais aussi de la codification sociale du goût, de la valeur symbolique du produit et du rituel de savouration hautement apprécié par Brillat-Savarin. Les plaisirs gustatifs suscitant des associations propres, transportent celui qui s’y adonne vers un ailleurs géographique, culturel, social, urbain ou rural tout en métamorphosant, selon le récepteur, le lieu d’origine des produits. Quant à la dégustation de la littérature, du théâtre et des arts, elle permet à l’individu de se projeter dans des dimensions diverses, des espaces potentiels qui se prêtent aisément à la transformation réceptive.
Nous vous invitons lors de ces journées de conférences à aborder le goût comme phénomène de réception et d’évaluation de « l’autre » gastronomique et culturel, à étudier la gastronomie en tant que composante de l’identité culturelle nationale et à examiner sa place et sa portée dans la littérature, le théâtre et les arts.
Nous proposons quelques axes de réflexion qui ne sont nullement restrictifs :
- Gastronomie et identité culturelle ;
- Gastronomie dans la littérature et littérature gastronomique ;
- Théâtre, cinéma et gastronomie ;
- Haute cuisine de l’arrière-scène ;
- Espace et outils du goût : préparation et apprêt ;
- Idées reçues et transgression des stéréotypes ;
- Altérité du goût et le goût pour l’altérité ;
- Goût et dégoût ;
- Caprices du goût : guerres de la mode ;
- Savouration, plaisir et goût raffiné ;
- Déguster et engloutir : modes de consommation ;
- Au bout de la langue : goût et langage ;
- Traduction du goût.
Propositions de communication devront être d’environ 200 mots et envoyées à simonasofijavalke@inbox.lv avant le 10 janvier 2017. Les communications dureront un maximum de vingt minutes. Dans le mail d’accompagnement, veuillez indiquer votre nom et votre institution ainsi que le titre de votre proposition.
Une publication des communications les plus convaincantes est prévue dans un volume consacré à cette journée.
Indications bibliographiques
Dix-huitième siècle n°15 : « Aliments et cuisine », 1983.
Critique n°685-686 : « La Gastronomie », 2004.
Revue Roumaine d’Études Francophones n°7 : « Couleurs, goûts et senteurs francophones », 2015.
Jean-Claude BONNET, La Gourmandise et la faim, Paris, Livre de poche, 2015.
Florent QUELLIER, La Table des Français, une histoire culturelle (XVe-XIXe siècle), Presses universitaires de Rennes, 2013.
Responsables : Simona VALKE, Académie de la Culture de Lettonie ; Nadège LANGBOUR, Centre d’Études et de Recherche Éditer/Interpréter de la Faculté des Lettres de l’Université de Rouen.
Cuisines en situation minoritaire
Les XXe et XXIe siècles sont marqués par des mouvements de population sans précédent. Souvent, les migrants emportent des pratiques alimentaires qu’ils transposent dans la société d’accueil. Au contact du nouveau territoire, les savoir-faire culinaires subissent des transformations. À l’inverse, les émigrations ont des répercussions sur la cuisine du pays d’origine, surtout quand les « diasporisés » reviennent dans la terre natale avec, dans leurs bagages, de nouveaux aliments. Ces échanges conduisent à s’interroger sur le développement de la cuisine dans un contexte minoritaire et/ou diasporique. Par le truchement de l’exil, le pays d’origine se dissémine dans un nouvel espace. Cette dispersion s’accompagne de la remise en question d’une identité transnationale à redéfinir tant pour les migrants que les traditions culinaires qu’ils tentent de sauvegarder dans un contexte minoritaire.
Dans ce processus de conservation, la mémoire occupe une place de choix. Pour juguler la nostalgie ou pour marquer la singularité identitaire, les facteurs sensoriels (odeur, saveur, goût) deviennent un asile tant les migrants que pour les populations locales en situation minoritaire dans leur propre pays. Cette mise à l’abri se double d’un acte de résistance contre ce qui pourrait être perçu comme une perte d’identité.
Le (nouveau) contexte de vie ne permet pas toujours de maintenir l’authenticité des us et coutumes culinaires en raison de l’indisponibilité d’aliments, d’ustensiles ou encore de l’impossibilité de préparer des repas selon un rituel bien établi. C’est précisément à ce moment que la cuisine subit une acclimatation qui entraine irrémédiablement des altérations ; l’expérience d’un mélange de pratiques alimentaires est à l’œuvre. Outre les modifications internes de la cuisine, celle-ci subit des modifications au contact d’autres cuisines notamment celle du pays d’accueil. Ce développement peut aller du simple emprunt à une sorte de déperdition. C’est cet espace de rencontre qu’il importe d’interroger. Inévitablement, un rapport d’altérité se met en place d’autant plus que la cuisine concourt à se représenter l’Autre en fonction de sa classe sociale, de son ethnie, de son genre ou de son régime alimentaire. Face à l’altérité culinaire, les réactions peuvent être multiples : choc, emprunt, appropriation ou rejet. Ces répliques ont à voir avec des préoccupations liées à la question identitaire tant sur le plan culturel que national.
Ce colloque se propose d’examiner la représentation de la cuisine en situation minoritaire. À partir d’une approche multidisciplinaire, les contributions proviendront de domaines variés tels que la littérature, les études gastronomiques, l’histoire, les sciences politiques, la sociologie, l’ethnologie, l’anthropologie, la nutrition ou les études culturelles. Conjointement à un examen des représentations, chercheurs, chefs cuisiniers et autres acteurs de l’alimentation seront conviés à livrer leur expérience pour mieux saisir la complexité du fait alimentaire provenant d’un groupe minoritaire.
De manière non exhaustive, nous suggérons les axes de recherche suivants :
– cuisine et immigration
– déterritorialisation et reterritorialisation de la cuisine
– la cuisine comme passerelle ou frontière
– cuisine et altérité
– métissage culinaire
Le colloque se déroulera en français; néanmoins, des contributions portant sur diverses aires culturelles sont les bienvenues.
Veuillez noter qu’il nous est malheureusement impossible de prendre en charge les frais de déplacement et de séjour des participants.
Les propositions de 300 mots environ, accompagnées d’une courte notice biobliographique, doivent être envoyées à Emeline Pierre <emeline.pierre@umontreal.ca> et Geneviève Sicotte <genevieve.sicotte@concordia.ca> avant le 10 janvier 2017.
Laisser un commentaire
5/01/2017