Anne Steiner bloque son vendredi
Anne a participé à l’Amer deuxième mouture. Il y a quelques années, elle est venue également présenté le Goût de l’émeute à l’Insoumise. Cette semaine elle revient dans le même lieu pour enrichir le débat (éternel) sur la violence dans les luttes sociales au cours du week-end de RETOUR SUR LE MOUVEMENT CONTRE LA LOI TRAVAIL. Vendredi 11 novembre à L’Insoumise, 10 rue d’Arras, LILLE, à 15h00 DEBAT: Notre rapport à la violence dans les lutte sociales avec une présentation de Anne Steiner sur les luttes à la Belle Époque. A 19h00, Apéro & Cantine.
Sociologue et maître de conférences en sociologie à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Anne Steiner travaille sur la violence politique. Aux éditions L’Échappée, elle a publié un ouvrage de référence sur la Fraction armée rouge (RAF : guérilla urbaine en Europe occidentale, 2006) ainsi que des livres consacrés aux anarchistes individualistes (Les En-dehors : anarchistes individualistes et illégalistes à la Belle Époque, 2008), et à la violence sociale et politique à la Belle Époque (Le goût de l’émeute : manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la “Belle Époque”, 2012 ; Le Temps des révoltes : Une histoire en cartes postales des luttes sociales à la “Belle Époque”, 2015). Elle a également consacré un ouvrage (Belleville cafés, photos Sylvaine Conord, L’Échappée, 2010) et des articles à l’évolution de Belleville à travers celle des cafés de ce quartier.
Vous pouvez lire un entretien sur le site du comptoir, ICI.
En 1972, alors que la jeunesse occidentale poursuit sa mobilisation contre la guerre du Viêtnam, des bombes explosent aux quartiers généraux américains de Francfort et Heidelberg. Des soldats sont tués et des ordinateurs chargés d’assurer la logistique de l’armée américaine au Viêtnam sont détruits. Pour la première fois, un groupe de lutte armée, la RAF, affirme qu’il ne représente que lui-même, qu’il est sujet révolutionnaire. Il attaque l’impérialisme au cœur même des métropoles, en Allemagne fédérale. Pour les militants de la Fraction armée rouge, le mot d’ordre du mouvement étudiant, « Il faut lutter ici et maintenant », est devenu une prescription éthique qu’ils ont assumée jusqu’en prison, dans les conditions les plus dures. D’autres attentats suivront, contre des juges, des policiers. En 1977, le groupe prend en otage le chef du patronat allemand, un ancien SS chargé de hautes responsabilités sous le Troisième Reich.
Cet ouvrage accorde une place déterminante aux écrits de la RAF et aux enjeux qu’ils sous-tendent, car c’est avant tout la production théorique du groupe qui éclaire le mieux sa cohérence et sa singularité. Les entretiens menés avec d’anciens militants, sympathisants et avocats permettent de retracer des itinéraires et de montrer l’importance des rencontres et du contexte pour l’émergence d’un groupe porteur d’une pratique aussi radicale.
Ils ont vingt ans en 1910 et se définissent comme des » en-dehors ». Hors du troupeau, ils refusent de se soumettre à l’ordre social dominant, mais rejettent aussi tout embrigadement dans les organisations syndicales ou politiques. pour eux, l’émancipation individuelle doit précéder l’émancipation collective. Leur refus des normes bourgeoises, comme des préjugés propres aux classes populaires, les amène à inventer d’autres rapports entre hommes et femmes et entre adultes et enfants, à prôner l’amour libre et la limitation volontaire des naissances. Leur rejet du salariat les conduit à expérimenter la vie en milieu libre, à réfléchir à d’autres modes de consommation et d’échanges, mais aussi à emprunter la voie de l’illégalisme -jusqu’au célèbre périple de la « bande à bonnot « . En révolte contre sa famille, rirette maîtrejean débarque à paris à l’âge de seize ans et devient l’une des figures de ce milieu. son parcours sert de fil conducteur à ce récit qui fait sortir de l’ombre bien des acteurs de cette épopée anarcho-individualiste ayant fait leur ce précepte de libertad : « ce n’est pas dans cent ans qu’il faut vivre en anarchiste ». Exigence que plus d’un paya de sa liberté, et même de sa vie
Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, les conflits sociaux se multiplient dans toute la France, et dans la plupart des secteurs d’activité. Derrière les revendications concernant le temps de travail, le salaire, l’abrogation des nouveaux règlements, la reconnaissance des sections syndicales, c’est toujours d’une lutte pour la reconnaissance du travail et des savoir-faire dont il est question. Un combat pour la dignité que les vignerons du Midi ou de la Champagne mènent aussi en luttant contre les procédés frauduleux qui dévalorisent leur production et les plongent dans la misère.
À l’âpreté de ces combats, souvent comparés aux jacqueries d’antan, répond la brutalité de la répression. La troupe charge, mutile et tue, et les peines de prison pleuvent sur les manifestants et les syndicalistes. Ces années de guerre sociale correspondent à l’âge d’or de la carte postale, dont la production explose entre 1900 et 1914. À une époque où les photographies de presse sont rares et de qualité médiocre, c’est sur ce support, média à part entière, qu’ont été fixés les moments forts de ces révoltes urbaines ou rurales : cortèges, barricades, charges de dragons, machines sabotées, demeures patronales incendiées, mais aussi soupes communistes, fêtes et meetings.
Mettant en regard récits et images, ce livre nous plonge au cœur de ces événements et nous fait découvrir le métier et la vie des femmes et des hommes qui en furent les valeureux protagonistes.
Malgré la poussée de la gauche aux élections législatives de 1906, les conflits sociaux se multiplient, impulsés par une CGT acquise au syndicalisme révolutionnaire. Entre 1908 et 1910, Paris et sa banlieue sont le théâtre de manifestations violentes rassemblant des milliers de participants que le sentiment d’injustice et d’impuissance face à la répression transforme en émeutiers. Ils attaquent des bâtiments, saccagent le mobilier urbain, brûlent trams et bus, élèvent des barricades et tirent sur les policiers à coups de browning.
À l’origine de ces explosions de colère, il y a des morts. Le 2 juin 1908, deux terrassiers grévistes de Draveil sont abattus par la gendarmerie. En octobre 1909, en Espagne, le pédagogue libertaire Francisco Ferrer est fusillé dans les fossés de Montjuich après une parodie de procès. En juin 1910, l’anarchiste Henri Cler est frappé à mort par un policier devant le quartier général des ébénistes en grève du faubourg Saint-Antoine. En juillet de la même année, des milliers de Parisiens se massent autour de la guillotine pour empêcher l’exécution du jeune cordonnier Liabeuf. Au printemps 1909, les boutonniers de Méru, engagés dans un long conflit, saccagent les demeures et les fabriques des patrons les plus haïs.
Ce livre raconte ces événements et dresse le portrait de ces foules sensibles et inflammables, versatiles parfois, courageuses toujours, affrontant avec des armes improvisées ou à mains nues les dragons casqués et montés envoyés pour les mater.
C’était à Belleville, quartier parisien mythique, haut lieu de l’agitation populaire au XIXe siècle, que bien des artisans, ouvriers, et même petits bourgeois de la rive droite venaient fêter leurs noces. Outre les guinguettes et les bals, de nombreux divertissements s’offraient alors aux promeneurs. La densité des cafés y était exceptionnelle. Aux grands bars d’un luxe tapageur, situés aux carrefours, s’opposaient les simples estaminets, établissements plus modestes fréquentés essentiellement par des habitués. Cet héritage a laissé des traces, et le vieux Belleville se distingue encore aujourd’hui par le nombre et la vitalité de ses cafés. Fruit d’un long travail d’observation, d’entretiens avec clients, patrons et serveurs, de conversations informelles et de lecture de témoignages, romans, ouvrages savants, etc., ce livre nous plonge au coeur de ces lieux de détente, de brassage mais aussi de réconfort véritables refuges pour les plus démunis ou pour d’anciens habitants nostalgiques de la vie du quartier. Textes et photos restituent une ambiance, donnent à voir la scène que constitue le café et éclairent les personnages qui l’animent. Et si nulle part on ne peut mieux observer la situation d’un quartier et de ses habitants que dans ses bistrots, voici un portrait sensible du Belleville d’hier et d’aujourd’hui.
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9/11/2016