Enfant(e)
Peut-être
Ça date, dans tous les sens du terme…
Delphine Seyrig :
« Je crois que toutes les femmes sont féministes. Ou alors on se suicide tout de suite. Ou on est une femme et on voit que il n’y a pas d’espoir et la place des femmes dans le monde est très très limitée, à savoir faire des enfants, faire la cuisine, faire la vaisselle, se lever, et toute sa vie servir un mari et des enfants. C’est une vocation préfabriquée. On nous élève toute petite à ça. Je crois que toutes les femmes le savent, quand elles sont toute petite fille qu’on les prédestine à ça. A un moment ou à un autre, on se met plus ou moins consciemment en colère contre ça. Ça peut prendre des formes différentes.
On peut devenir archi féminine parce qu’on sait que c’est la seule manière de s’en tirer. C’est peut-être ce qu’il m’est arrivé à moi. Jouer la féminité parce que je savais que c’était la seule carte avec laquelle je pouvais m’en sortir dans la société telle qu’elle est. Je pense que c’est quand même une forme de désir de survie. On peut s’en tirer, essayer de s’en tirer de toutes les manières possibles. Maintenant il va peut-être y avoir des manières plus intéressantes de s’en tirer que de jouer la carte de la féminité. Et je crois que c’est ça qui est en train de se passer maintenant.
Je ne sais pas maintenant si j’avais 13 ans si c’est la féminité que je choisirais comme voie d’ouverture, possibilité dans la vie. Il se trouve à l’époque moi où j’avais 14 ans ça me semblait être la seule voie. De me maquiller, de devenir une dame, d’être aimée, adulée, adorée. Pour moi je n’avais de raison d’être que si j’étais acceptée, aimée par quelqu’un de l’autre sexe. C’était l’autre sexe qui comptait, c’est-à-dire un homme. Peut-être que maintenant les femmes vont commencer à ne pas se baser sur le jugement des hommes sur elles. Et à ce moment là la féminité, le maquillage tout ça va changer. Si elles pensent que elles ont une valeur en elles-mêmes, elles n’éprouveront plus le besoin d’épouser les critères des hommes. Peut-être.
Ce qui est remis en cause, c’est le choix. Aucune femme ne dira qu’elle renie par exemple maternité, du moins pour toutes les femmes. Peut-être qu’elle le renie pour elle-même, peut-être qu’elle ne veut pas de la maternité pour elle-même. Ce que les femmes veulent, c’est avoir le choix de pouvoir être mère ou ne pas l’être, de pouvoir faire ce qu’elles ont envie de faire, d’avoir un choix.
Jusqu’à il y maintenant il y avait une moitié de l’humanité dont le destin était déjà préfabriqué à la naissance. Et cette moitié de l’humanité c’était les femmes parce que les hommes ont toujours eu une possibilité même de rêve, d’autre chose. Même si les hommes opprimés n’avaient pas d’autre choix que de descendre dans une mine, je pense qu’il y avait une possibilité d’imagination que n’ont même pas eue les femmes. Les femmes ont toujours imaginé que ce qui pouvait leur arriver de mieux, c’est d’avoir des enfants, d’être la femme à tout faire des hommes. Ça a été leur seul horizon ».
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17/07/2016