Le théâtre de l’effroi
Si le Faust de Goethe est la pièce la plus célèbre du théâtre allemand, le Wallenstein de Schiller est sans doute la plus grande. La première élève la légende noire d’un aventurier intellectuel du seizième siècle au rang de drame cosmique ; la seconde met en scène la destinée d’un condottiere de la guerre de Trente Ans, devenu généralissime des armées catholiques puis assassiné pour avoir fait ombrage au pouvoir impérial.
Les deux œuvres sont unies par des liens qu’une lecture croisée permet de renouer, mettant ainsi en lumière leur matrice commune, qui est l’effroi. À l’origine de cet effroi, il y a la résurgence de la barbarie qui a accompagné les bouleversements politiques dont Goethe et Schiller furent contemporains.
La barbarie devenant l’instrument de la raison, les deux monstres dramatiques de la scène allemande s’interrogent : comment l’humain reste-t-il possible ?
Table des matières
Avertissement
Introduction
Faust et Wallenstein : du creuset commun à la concurrence inégale
Wallenstein, oublié de l’histoire ?
La guerre de Trente Ans, fracture européenne
Les Dioscures de Weimar : la fin d’un mythe
Trop d’histoire ?
Faust et Wallenstein, une complémentarité remarquable
De la comparaison au croisement
Goethe aux prises avec son Faust
Quel corpus ?
Quels thèmes ?
Classique malentendu
Irrévérences
Sous le signe de l’effroi
Goethe et Schiller, Jacobins de la littérature ?
L’effroi, émotion révolutionnaire
I. Philologica : état de la question
Une suite à la Flûte enchantée ?
Iffland triomphe à Weimar
Quel programme pour la réouverture du théâtre ?
Le Prologue de Wallenstein revu et corrigé par Goethe
II. Æsthetica 1 : le monde du théâtre
Le prologue théâtral : de l’occasio au métathéâtre
1. L’espace théâtral : le temple et les tréteaux
L’espace et le verbe
Les illustres baraques
De Stuttgart à Weimar : l’architecte Thouret
L’architecture théâtrale des Lumières
2. Les gens de théâtre : l’éphémère et le pérenne
Un directeur à tout faire
Le poète devenu tâcheron
Le retour du Bouffon
L’impossible comédie allemande
Des fleurs mais point de couronnes
Le salut par la mémoire
Goethe rewriter
Des comédiens menés à la baguette
Apologie de l’instant
3. Quel théâtre pour quel public ? La foule et les élus
Guerre au public ?
Le Prologue de Wallenstein : hommage ou offense au public ?
Éloge de la multitude
Les nécessaires compromis esthétiques
Les grands sujets
III. Æsthetica 2 : le théâtre du monde
1. La cour divine du Prologue au Ciel
Cosmogonies plurielles
Diabolus advocatus hominis
Le diable dupé
La transcendance abolie
2. Clio à la rescousse de Thalie dans le Prologue de Wallenstein
Histoire et cosmogonie
Le héros innommable
L’art au secours de l’histoire
IV. Æsthetica 3 : l’illusion esthétique ou Le faux au service du vrai
L’impératif esthétique
1. Guerre ouverte avec la ville, conflit larvé avec la cour : le classicisme weimarien pris entre deux feux
Guerre au « naturalisme » !
Le « non, mais » à la tragédie classique française
L’axe Weimar-Iéna
2. « L’illusion consciente d’elle-même » : itinéraire d’un concept
Un crime de lèse-public
Une Locandiera au masculin
La médiation parisienne de Humboldt
Pour un théâtre de la frontalité
Le recours à Voltaire
3. Les avatars du radicalisme schillérien
La rime made in Germany ?
De la sincérité avant toutes choses
Charon et Thespis
Serenitas in tenebris
Indicatif schillérien, subjonctif goethéen
V. Violencia
1. La guerre, inévitable et impossible objet dramatique
La violence fondatrice
Composition et décomposition
L’action et le personnage, victimes de la guerre moderne
La revue au secours du théâtre
2. Le Camp de Wallenstein : le pouvoir et ses créatures
Ni personnages ni action ?
Un camp sous haute tension
Images du pouvoir : légende noire et légende dorée
Réalité du pouvoir : la convoitise, source de toutes les trahisons
Les cuirassiers de Pappenheim : une utopie républicaine ?
La liberté pervertie
3. La promenade pascale du docteur Faust : l’impossible résurrection
La violence élémentaire
Faust au grand jour
Les plaisirs rustiques
L’éveil du printemps
Les crimes cachés du vénérable docteur Faust
Entre chien et loup
À la poursuite du soleil
Cave canem
Violence explicite, violence implicite
VI. Melancholia
Les enfants de Saturne
Horoscope et tragédie : Wallenstein, saturnien malgré lui
La Révolution dévoratrice
Le retour des cannibales
Cronos, tyran imprévisible
1. Wallenstein, frondeur irrésolu
Un texte très commenté
Wallenstein, personnage hamlétique ?
Le joueur confondu
Homo politicus – homo tragicus
2. Faust, docteur mélancolique
Le Titan désenchanté
Eros salvator Fausti
Sortir ou non du werthérisme
3. L’impossible dénouement
Le petit monde de Marguerite
Susanna, Johanna et les autres
Heinrich l’innommable
Un message impérial
L’effroi cognitif
En guise de conclusion.
Rideau baissé, questions ouvertes.
Tragique et tragédie
La tragédie comme rupture anthropologique
Instant de l’histoire, instant du théâtre
Quels vainqueurs ?
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26/02/2016