Sex Pistols par Pierre Benain
Pierre Benain publie ses premières photos rocks à l’âge de 15 ans, dans le magazine Extra. Lycéen, en voyage linguistique, demeurant chez une famille de la banlieue nord de Londres, il écume les concerts et festivals, fréquente le fameux Marquee club et passe sa vie chez les disquaires pendant ce mois de juillet 1971.
Il propose ses photos à la presse spécialisée et, à 17 ans, commence à écrire et à publier des photos dans Rock & Folk, par l’entremise de Yves Adrien, rencontré au légendaire Open Market.
Il organise en 1973, avec deux amis, pour le compte de Frédéric Mitterand, un festival de films rocks : « Rock Show », au cinéma Artistic Voltaire.
Fréquentant assidument Londres, Il se coupe les cheveux et adopte le style inspiré des teddy boys. après avoir découvert, au bout de King’s road, la boutique de Malcom Mclaren et Vivienne Westwood « Too Fast To Live, Too Young To Die », qui deviendra « SEX » puis « Seditionaries », et enfin « World’s End » : temple de la mode Pirate post punk.
Contributeur du magazine « Rock News » de Michel Esteban, ce dernier le met en relation avec Malcom Mclaren pour programmer les Sex Pistols à l’occasion de la réouverture du club Le Châlet du Lac, dans le bois de Vincennes. Le groupe se produit le 3 septembre 1976 pour l’inauguration de la boîte, redécorée par Starck, sur une scène éclairante, donnant un set inouï dans une salle comble, à l’intérieur comme à l’extérieur ! Un deuxième concert aura lieu le 5. Pierre tisse des liens avec Malcom et le groupe pendant leur séjour parisien et continue de voir Malcom et le groupe régulièrement lors de voyages en Angleterre.
Brièvement manager des Stinky Toys, copains du lycée Charlemagne : Jacno, Elie, Oswald et Hervé, il leur présente leur nouveau guitariste, Bruno Carone, et les programme aussi au Châlet du Lac et au Punk festival du 100 Club de Londres, où jouent les Pistols. Le 21 septembre, ils y font la première partie des Damned et Elie Meideiros en fera la couverture du Melody Maker.
Peu de temps après la séparation des Sex Pistols en avril 1978, Jean-François Bizot le sollicite pour écrire un portrait de Johnny Rotten pour l’Almanach Actuel.
Il se rend à Londres, accompagné de Siobhan Taylor, une amie irlandaise forte en gueule, prend contact avec Johnny Rotten qui le reçoit à plusieurs reprises dans sa modeste maison de Gunter Grove, au bout de Chelsea. Y défile un aréopage de personnages de la scène punk londonienne : de Poly Styrene, chanteuse du groupe X-Ray Specs, à Don Letts, habitué des lieux et futur membre de Big Audio Dynamite, les nouveaux musiciens de PIL, Sid Vicious et Nancy Spungen, etc. En invité, Pierre prend des photos de tout le monde et revient plusieurs jours d’affilé, enregistrant plusieurs heures d’entretien avec Johnny Rotten.
Pierre raconte que : « Parmi les invités réguliers, Nora Forster, la mère de Ari Up chanteuse du groupe punk féminin the Slits, était en adoration devant John et s’imposait à lui en amoureuse volontaire. Elle est devenue sa femme, et l’est toujours. Il y’a d’ailleurs d’étonnantes photos actuelles du couple sur internet. Ni l’un ni l’autre ne désirait qu’on les photographie ensemble. J’ai respecté ce souhait.
Don Letts n’était pas très agréable et tenait parfois un discours très anti français mais s’entendait bien avec mon amie Siobhan, qu’il avait surnommé « Ding Dong », prétextant qu’il n’arrivait pas à prononcer son prénom irlandais. Jeannette Lee, impliquée dans la création et le management de PIL, le nouveau groupe de John, était discrète et attentive à tout le monde. Simon Barker, que j’avais souvent vu avec l’égérie de la boutique SEX, Jordan, était très placide. Poly Styrene, convertie à Krishna quelques années plus tard, était particulièrement intriguante, sa réserve contrastant avec l’exubérance de ses prestations scèniques avec X-Ray Specs.
Alors que j’étais chez John un après-midi, Sid a téléphoné et John l’a convié à venir. Il a débarqué avec Nancy, les deux dans un sale état. Je suis allé chercher des bières avec Sid qui ne voulait boire que de la Carlsberg « Special Brew », une lager puissante, à la sulfureuse réputation de «drogue dure ». La principale activité de l’après-midi a consisté à enfiler des canettes de bière en écoutant des disques. Très proches, John et Sid parlaient de leur divers projets musicaux, de leurs carrières respectives, désormais séparées, des mauvaises manières que Malcom leur avait faites, etc. »
Très versé dans le reggae, comme toute la scène punk rock londonienne de l’époque, préfigurant le renouveau du Ska, John nous faisait découvrir plein d’artistes jamaïcains ou anglais inconnus. Nous avons du écouter vingt fois « Cairo », chantée par Joyella Blade, qui nous avait tous transportés ; que Bananarama reprendra quelques années plus tard. Publié dans l’Almanach d’Actuel en octobre, agrémenté de photos teintées bleues, l’article, largement tronqué, ne rend pas compte de cette période de plusieurs jours.
Deux des photos de ces séances, mettant Sid Vicious tenant un couteau sous la gorge de sa petite amie, Nancy Spungen, deviennent un scoop mondial, font deux doubles-pages dans le magazine Stern et la couverture du Daily Mirror, lorsque Nancy est découverte morte poignardée, le 12 octobre 1978, dans la chambre qu’elle partageait avec Sid, à l’hôtel Chelsea, à New York.
Par la suite directeur artistique des Bains-Douches, où il programme de nombreux groupes devenus mythiques tels que Joy Division, Suicide, Orchestral Manoeuvre In The Dark ou les Simple Minds ; puis du Palace, pour la programmation musicale, il fera venir PIL, nouveau groupe de Johnny Rotten redevenu John Lydon, sur la scène de ce haut-lieu des nuits parisiennes, pour un unique concert, parmi une série éclectique : de Prince aux Specials, en passant par Bow Wow Wow, managé par Malcom.
Au début des années 80, Pierre Benain se tourne vers la mode et le design et se consacre aujourd’hui à l’architecture d’intérieur.
Toutes les photos ont été prises avec un Olympus OM1 muni d’un 35 mm, un 50 mm et un 85 mm
Zuiko, et un Minox 35 El sur pellicule 35 mm Kodak Tri-X.
La Galerie Stardust
19, rue Notre Dame de Nazareth
75003 Paris
Laisser un commentaire
1/10/2015