La scène punk en France (1976-2016)
Revue Volume ! La revue des musiques populaires
Volume ! – revue de recherche pluridisciplinaire à comité de lecture dédiée à l’analyse des musiques populaires – lance un nouvel appel à contributions pour un numéro consacré à la scène punk en France (1976-2016). Alors que les travaux existants se sont jusqu’à ce jour concentrés sur les espaces anglais (Hedbige 1979, Laing 1985) et américain (McNeil / McCain, 2006), ce numéro cherchera à identifier les spécificités de la scène punk en France ; il explorera la naissance du punk dans l’hexagone, ses modes de diffusion, de réappropriation et de réinvention. Le centre de gravité du projet se situe au carrefour de l’histoire et de la musicologie, sans négliger l’apport plus large des sciences sociales et des études culturelles.
Argumentaire
En France, de manière quasi-simultanée avec ce qui se produit en Angleterre ou aux États-Unis, les années 1976-1978 voient émerger une multitude de formations musicales qui s’auto-revendiquent et / ou sont désignées comme « punk » et se caractérisent par leur position revendiquée de rupture violente anti-establishment et anti-hippies, le dynamitage des codes musicaux ainsi que l’adoption, pour une bonne partie, de la langue française comme expression de leur contestation.
Cette « explosion punk », qui interpelle profondément la société, constitue une période aussi brève qu’intense au-delà de laquelle le mouvement, auto-proclamé éphémère, se considère (ou est considéré) comme mort. Or pour autant le punk n’a pas disparu, et sa capacité à se projeter bien au-delà de la génération pionnière questionne. Le premier objectif de se numéro sera donc de questionner l’étonnante vivacité d’un mouvement pluriel qui constitue le creuset d’une nouvelle forme de création, d’organisation sociale, musicale et artistique, et témoigne, à sa manière, des dynamiques de réinvention des sociétés contemporaines.
De plus, en se situant en rupture avec les courants musicaux antérieurs, et en prônant le DIY (Hein, 2012) le punk se positionne comme une force alternative aux formes économiques et socio-politiques de l’industrie musicale, et de manière plus large de l’establishment. Aussi le second objectif sera-t-il d’interroger doublement la question de l’intégration du punk : comme segment culturel qui se situe à la marge de la culture dominante, et donc en tant que mouvement suscitant une scène spécifique, une adhésion, une reconnaissance, une mémoire (en témoigne la réception polémique de l’exposition Europunk, Paris 2014) ; comme mouvement soumis aux forces d’aspirations de la culture dominante, et notamment aux dynamiques et logiques de fabrication et de diffusion de la culture de masse générées par les médias (Robène/Serre, 2015), l’industrie musicale (Frith, 1979), tous en quête de « récupération » des talents du moment et plus largement par le succès (mainstreamisation).
Enfin, si la révolution punk procède initialement d’une vague émergente à dominante anglo-américaine, elle est quasi simultanément adoptée plus largement en Europe, et en particulier en France, au terme d’un processus dynamique d’adaptation qui s’entend non seulement à partir de la scène nationale, mais aussi des déclinaisons que la fragmentation du punk a pu engendrer, région par région, ville par ville. Le troisième objectif de ce numéro sera donc, en mobilisant la notion de scène (Straw 1991 ; Guibert 2006) d’analyser le fonctionnement d’un système qui articule à la fois les dimensions transnationale, nationale et locale, et se constitue en réseau au sein duquel les différents acteurs circulent, autrement dit de penser la question des cultures et des pratiques musicales en rapport au territoire de manière dynamique.
Thèmes
Les propositions d’article peuvent s’inscrire dans l’une des thématiques suivantes, la liste n’étant pas exhaustive :
- Historicité et généalogie de la scène punk en France
- Vieillissement et mémoire
- Production de la culture punk
- La violence de la scène punk
- Homologies musicales, esthétiques, artistiques
- Identité et transferts culturels
Conditions de soumission
Les chercheurs souhaitant proposer un article sont priés d’envoyer une première proposition
avant le 15 avril 2015.
Les contributions définitives doivent être envoyées avant le 1 Aout 2015 aux adresses suivantes :
- luc.robene[at]u-bordeaux.fr
- solveig.serre[at]gmail.com
- equipe[at]seteun.net
Le volume des articles et les normes de présentation devront impérativement suivre les instructions aux auteurs de la revue : http://volume.revues.org/1651
Numéro dirigé par
- Luc Robène (Professeur à l’Université de Bordeaux, THALIM)
- et Solveig Serre (Chargée de recherche au CNRS, THALIM)
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31/03/2015