Les Comédiens de Pierre Bourgeade
Un metteur en scène célèbre, Frost, remarque le texte et décide de le monter dans une grande salle parisienne avec, dans le rôle du Marquis, l’acteur à succès Éric d’Almeida. Figure du théâtre et du cinéma de divertissement, adulé du public mais méprisé par la critique, d’Almeida, qui a l’âge de Sade au moment de sa mort, se révèle extraordinaire dans le rôle. Le spectacle bat des records d’affluence. Hélas, après plusieurs semaines de représentations, la vedette se blesse et doit être remplacée par un autre comédien, Aurélien Levert, plutôt familier de l’oeuvre d’Antonin Artaud et pour qui Vernier avait secrètement écrit la pièce…
Avec Les Comédiens, Pierre Bourgeade élabore un récit qui vient s’ajouter aux textes, si nombreux dans notre littérature, qui se sont donné pour tâche d’approcher le mystère de l’art théâtral. La construction millimétrée, le rythme ultra rapide, des coups de théâtre purement mentaux font que le roman semble, à son tour, mis en scène sous les yeux du lecteur. En annexe, la publication de « la pièce dans le roman » accentue l’impression de vertige et permet une réflexion imprévue sur le personnage de Sade.
« Étrange comète que Pierre Bourgeade. Aujourd’hui, il nous livre un roman qui s’achève par une pièce de théâtre écrite par l’un des personnages du roman. La pièce a pour héros le vieux marquis de Sade, enfermé à Charenton. Qui va jouer le marquis ? L’acteur maudit qui ne jure que par Artaud ? Le metteur en scène tout-puissant ne veut pas en entendre parler et lui préfère une vieille gloire des scènes, aimée du public. Ce sera un triomphe, mais le vieil acteur glisse, entorse, l’acteur maudit le remplace, les recettes chutent, c’est l’échec. Ne disons rien du dénouement, qui a valeur de morale. »
Jean-Pierre Thibaudat
Chez Tristram, 2004
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9/09/2014