Corps féminins, Image et Temps.Une histoire interdisciplinaire du regard
Corps féminins, Image et Temps.Une histoire interdisciplinaire du regard
DESCRIPTIF
Le Département des Philologies Romane, Italienne, Gallaïco-Portugaise et Catalane et le Lectorat de Roumain de l’Université de Grenade, en collaboration avec le Département de Littérature et d’Etudes Culturelles de l’Université « Transilvania » de Braşov vous invitent du 26 au 28 juin 2014 au Congrès International CIT (Corps féminins, Image et Temps. Une histoire interdisciplinaire du regard).
A une époque qui est celle du visuel obsédant, le congrès se veut une invitation à la réflexion critique inter- et pluridisciplinaire sur la corporalité humaine, telle qu’elle est „vue”, „regardée” par chacun d’entre nous, par les autres, par la société dans son ensemble. Inspiré entre autres par les spectacles, représentations et expositions corporelles de Marina Abramović (http://www.youtube.com/watch?v=traUaknfR5o), le congrès voudrait établir les coordonnées par lesquelles le regard humain porté sur la corporalité féminine puisse aussi représenter le point de synergie des intérêts de spécialistes venant d’horizons variés.
Le corps, partie visible de l’histoire de l’humanité, offre la certitude de la présence au monde. Mélange binaire de matière et d’esprit, champ de bataille de la société, il s’offre au monde pour être catalogué et classifié, tandis que le monde le modèle et le prédétermine. En matière de corps, les exigences de la société contemporaine, dirigée par une véritable tyrannie du regard, sont en perpétuelle dynamique faisant en sorte que l’on assiste à des interventions de la chirurgie esthétique de plus en plus sophistiquées, elles-mêmes partie d’un combat acerbe contre la vieillesse et la mort. Les découvertes récentes en médecine et les nouvelles technologies médicales permettent un contrôle du corps sans précédent : possibilité de retirer et d’introduire de nouveaux organes et autres prothèses, clonage, procréation in vitro, sans oublier la prévention des maladies, et la surveillance constante et efficace des fonctions des différents organes.
En latin, imago désigne « portrait », « représentation », « statue ». L’image sociale de l’homme a depuis toujours été d’abord son corps, projection-message à l’endroit de l’autre et obsession narcissique, point de fixation du regard des autres sur soi. Le regard qui s’arrêtait à la limite de l’épiderme va maintenant toujours plus loin. L’évolution de la science permet au regard de pénétrer jusqu’à l’atome, sans oublier les regards jetés sur le corps minuscule du fœtus par l’entremise de l’échographe.
Le regard est aussi discriminatoire. Il instaure des normes, et saisit ce qui y contrevient. Il instaure une véritable tyrannie, insouciante du passage du temps, et qui se répercute dans tous les registres du social et de l’artistique. Véritable obsession de la société, cette tyrannie est présente sur les terrains de sport, dans les hôpitaux, les théâtres, les cinémas, dans les librairies, les cabinets de nutrition, les instituts d’esthétique, dans la rue, à la télé, sur Facebook, par l’intermédiaire du Skype. Elle est par ailleurs objet d’étude dans des écoles et des universités. Elle est devenue par la force des choses matière d’étude pour les arts et la linguistique, pour la sociologie et la philosophie, pour la religion et la médecine. Dans la construction de l’idée de corporalité, à partir des représentations sociales et culturelles du corps, une nouvelle signification peut être observée dans la manipulation, la symbolisation, et la légitimation de l’image du corps : le corps comme espace d’exploitation/exploration/exhibition.
La pensée occidentale a dès ses débuts fixé d’obsédantes dualités : nature/culture, intime/public, passion/raison, corps/esprit, et, inévitablement, la dichotomie homme/femme. Si les différences entre les corps morphologiques, sociaux et culturels des femmes et des hommes existent, elles se manifestèrent dans l’ordre patriarcal sexiste par un ensemble de préjudices sociaux dont les principales victimes furent les femmes. Avant de s’émanciper et de devenir sujet et objet des études de genre, les corps de femmes, définis et réglementés à travers le regard des hommes, étaient essentiellement assignés à décorer les sociétés plus ou moins patriarcales.
Les notions et les concepts en matière de corporalité convergent vers une véritable absolutisation du regard : le schéma ou l’image corporelle initiale dans le processus d’expression sociale parcourt quelques étapes obligées pour arriver à des stades inenvisageables il y a un siècle :
1. La perception corporelle (perception de l’autre et ensuite de soi-même : le double dans le miroir, le soi dans le processus d’autocontemplation-autoconnaissance) est le cumul de perceptions assimilées au niveau cérébral, et elle peut être abordée de manière multidisciplinaire, dans la tentative d’une définition (et autodéfinition) du corps féminin.
2. L’image corporelle et sa représentation mentale sont en permanente relation avec l’autre, et même son propre moi est perçu comme regard extérieur dans le processus d’interaction entre l’individu et la subjectivité de son propre corps.
3. La connaissance (autoconnaissance) et la conscience de sa propre corporalité.
4. Du regard scrutateur à la recherche de réponses identitaires, en passant par les “mutations du regard” (Alain Corbin) et les introspections à l’intérieur du corps à l’aide des radiographies et des échographes pour en arriver à l’annulation de toute intimité en raison de la vidéo-surveillance (dont le superlatif est représenté par le phénomène Big Brother et autres reality-shows).
Aujourd’hui en partie libéré des tabous et autres préjugés des siècles passés, le corps exhibé, soumis à l’attention, a cessé de relever du naturel, pour devenir un projet social, susceptible de perfectionnement continuel, voire d’immortalité. L’hystérie du regard permanent opère une idéalisation des traits physiques qui font du propriétaire du corps un individu responsable de son bon fonctionnement, de son aspect, de son attractivité et de la valeur marchande de sa présence physique. Les nouvelles dictatures esthétiques confisquent le fond en faveur de la forme de présentation : le corps séduisant est l’exemple et le résultat du contrôle des appétits, de l’infatigable éducation physique, des interventions directes opérées sur lui. Le corps est un « investissement discursif, matériel et affectif » (Petruţa Teampău), c’est un capital, une image de la prospérité et une marque du pouvoir économique de son porteur, une preuve de son succès social. Un corps non soigné est l’équivalent du délaissement (mais aussi de la pauvreté), le symptôme de l’instauration du temps, de la vieillesse, de la maladie, de la laideur, annonçant la mort, autant de « péchés » contre l’ « hygiène » de notre image sociale. Le souci du look est la nouvelle théologie subversive. L’inévitable mort est tout simplement ignorée. A l’instabilité temporelle est opposé le corps-machine, inaliénable et inaltérable. Un produit à terme de validité suffisamment acceptable pour échapper à la dramatique mais non moins naturelle mort. Le corps-machine ne veut plus subire la péremption, il peut être réparé comme peut l’être le corps biologique dans l’industrie de la chirurgie esthétique.
Mais regarder n’est pas seulement une extase contemplative, c’est aussi une action analytique et introspective. Le regard est une stratégie complexe, qui s’instaure comme pouvoir absolu, qui capte les complications sémantiques et les décèle. Le regard est d’abord habileté qui s’apprend, une lecture qui peut être victime de stéréotypes et de préjugés. Pour le regard, le corps constitue un texte offert à la lecture. Le regard est ex-centrique et il confisque les attributions de la corporalité ; c’est pourquoi il y a une priorité absolue du regard devant les autres sens. Mais c’est en regardant que l’on cartographie aussi l’espace de l’Autre, les géographies du corps social, l’ethnographie de notre propre présence. Regarder devient alors synonyme de comprendre et de connaître. Le regard structure aussi la sociabilité de ceux qui sont devant nous, il réalise une évaluation anthropologique de la communication corporelle (gestuelle) et une connexion identitaire avec les autres, établissant les différences et les convergences, parfois en un coup d’œil.
Regarder signifie exposer/démasquer/dévoiler. Regard veut dire émotion, communication, attentes sociales. Qu’est-ce que, alors, que penser le regard quand il est dirigé vers le corps féminin ? C’est l’analyse de ce dernier qui nous intéressera.
Nous attendons des propositions de communication relevant de domaines variés, qui aborderont le regard porté sur le corps féminin selon des axes comme :
1. Corps féminins et littérature : corps du texte, corps comme thème littéraire ;
2. Corps féminins et linguistique : de l’unité linguistique à l’idéologie ;
3. Corps féminins et traduction ;
4. Corps féminins et anthropologie : rituels, rites, modes, cultures traditionnelles, maladies, etc.
5. Corps féminins et pensée sociale : théologie, sciences socio-politiques, études de genre ;
6. Corps féminins entre normes et excès ;
7. Corps féminins et technologie : retrouver une perfection du corps ; nutrition, artifice, construction corporelle (bodybuilding, cybercorps, chirurgie esthétique) ;
8. Corps féminins en Europe orientale
9. Corps féminins et arts visuels.
La traduction littéraire, comme exercice interculturel, nous intéresse vivement. Comme fait-on pour passer le lexique du corps féminin d’une culture à l’autre ? Tout peut-il être traduit partout ? Sinon, où la censure s’installe-t-elle ? Y a-t-il un intraduisible du corps féminin ?
D’autres ouvertures thématiques peuvent être proposées.
Imaginé, écrit, savouré, consommé (voir le dernier film de Manuel Martin Cuenca, Cannibale), peint, dansé, annulé, béatifié, sacrifié, sanctifié, le corps ne cesse de se construire sous nos regards. L’Université de Grenade rêve d’une histoire du regard porté sur le corps féminin. Aussi lance-t-elle cet appel à des spécialistes de domaines de recherche très variés pour tenter un premier pas dans cette direction.
LANGUES DU CONGRES : espagnol, roumain, anglais, français.
SESSIONS DE COMMUNICATIONS PARALLELES: linguistique, littérature, anthropologie culturelle, médecine, sciences sociales.
COMITE D’ORGANISATION :
Présidente : Oana Ursache (Université de Grenade)
Membres : Enrique Nogueras Valdivieso (Université de Grenade), Nuria Romo Aviles (Institut Universitaire d’Etudes de la Femme et de Genre de l’Université de Grenade), Adelina Sánchez Espinoza (Master GEMMA, Université de Grenade)
Secrétaire : Alessandra Sanna (Université de Grenade)
Collaborateurs : Pablo Garcia Calvente (Université de Grenade), Adina Mocanu (Centre dona i literatura, Université de Barcelone), Ioana Gruia (Université de Grenade), Esther Fabrellas (Université de Grenade), Jacek Kociolek (Université de Grenade), Livia Orozco (Université de Grenade), Agata Ignaciuk (Université de Grenade).
COMITE SCIENTIFIQUE :
Liviu Antonesei (Université « Alexandru Ioan Cuza » de Iaşi), Margarita Birriele Salcedo (Université de Grenade), Andrei Bodiu (Université « Transilvania » de Braşov), Isabel Clúa (Centre dona i literatura, Université de Barcelone), Claudia Costin (Université « Ştefan cel Mare » de Suceava), Marina-Sabina Draga Alexandru (Centre d’Etudes Américaines de Bucarest), María Eugenia Fernández Fraile (Université de Grenade), Teresa Fernanda García Gil (Université de Grenade), Eugenia Gil García (Université de Séville), Carmen Gregorio Gil (Université de Grenade), Helena González Fernández (Centre dona i literatura, Université de Barcelone), Rodica Ilie (Université « Transilvania » de Braşov), Adrian Lăcătuş (Université « Transilvania » de Braşov), Pedro Linares (Université de Grenade), Simona Marin (Université « Dunărea de Jos » de Galaţi), Candida Martínez López (Université de Grenade), Xavier Montoliu (Institut de Lettres Catalanes), Amalia Morales Villena (Université de Grenade), Rodica Nagy (Université « Ştefan cel Mare » de Suceava), Teresa Ortiz Gomez (Université de Grenade), Liviu Papadima (Université de Bucarest), Olivia Petrescu (Université « Babeş-Boylai » de Cluj), Gina Puică (Université de Strasbourg), Nuria Romo Aviles (Institut Universitaire d’Etudes de la Femme et de genre de l’université de Grenade), Minerva Alganza Roldán (Université de Grenade), Adelina Sánchez Espinosa (Master GEMMA, Université de Grenade), Luminiţa Turcu (Université Ştefan cel Mare de Suceava), Meri Torras (Université Autonome de Barcelone), Oana Ursache (Université de Grenade).
COMITE D’HONNEUR :
Svetlana Cârstean, Nadia Comăneci, Ruxandra Cesereanu, Laura Grünberg, Mihaela Miroiu, Marina Sala.
IMPORTANT
Les participants au congrès doivent envoyer leurs propositions de résumé avant le 15 février 2014 et le texte complet et définitif jusqu’au dernier jour du congrès : le 28 juin 2014. Pour tout autre information, veuillez contacter le secrétariat du congrès.
Ne seront pris en compte que les textes envoyés à l’adresse officielle du congrès : cuerpo.imagen.tiempo@gmail.com
Les dates et le calendrier du congrès ne peuvent être changés.
Chaque auteur(e) est tenu(e) de présenter un seul article, mais il/elle peut participer en qualité de co-auteur(e) à d’autres articles.
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5/02/2014