Symbolisme et Poésie scientifique
Les Dates et les Œuvres
Symbolisme et Poésie scientifique
René Ghil
Édité par Jean-Pierre Bobillot
En 1923, deux ans avant sa brusque disparition, René Ghil publie Les Dates et les Œuvres, grand ouvrage rétrospectif, à forte teneur (et saveur) polémique et auto-justificatrice, d’un intérêt majeur.
Non seulement, en effet, il y raconte par le menu — de son point de vue, certes, qui est très différent de celui de l’historiographie généralement reçue — les années d’affrontement entre Symbolisme et Poésie scientifique (c’est le sous-titre), de 1883 à 1892, et apporte un éclairage très précieux sur les avant-gardes et les querelles des années 1919-1922, recouvertes ensuite par la grande vague surréaliste ; — mais on y trouve, au passage, les portraits de maints protagonistes plus ou moins illustres (Jean Moréas, Gustave Kahn, Stuart Merrill) ; maints éloges de personnages moins connus, mais qui apparaissent comme d’intéressants acteurs de la vie littéraire et intellectuelle d’alors (George Bonna¬mour et Gaston Moreilhon, Marcello-Fabri, les frères Jamati) ; maintes anecdotes et évocations (ses « visites à Verlaine », sa conversation avec Sully Prudhomme, les « Mardis de Mallarmé »…) ; de brèves mais pénétrantes analyses d’œuvres de poètes ou de critiques les plus divers, et un essai complet sur Mallarmé — non dénués d’admiration sincère, de vivacité et de nuance, et volontiers rehaussés de quelque trait d’humour, quelquefois mordant —, qui en font un ouvrage en définitive fort agréable et passionnant, pour qui s’intéresse à l’époque, ou à son auteur.
Les Dates et les Œuvres forme avec les deux essais de 1909 et 1920, repris intégralement dans la même collection sous le titre De la Poésie-Scientifique & autres écrits, un ensemble parfaitement cohérent, marquant l’évolution, l’affermissement et la stabilisation de la pensée la plus personnelle — au moment où elle se dégageait totalement de sa prime gangue symboliste — d’un Ghil que l’on découvre plus serein, mais non moins combatif…
De la Poésie-Scientifique & autres écrits
René Ghil
Édité par Jean-Pierre Bobillot
René Ghil fut le plus soudainement célèbre, puis le plus injustement oublié des auteurs de la première génération symboliste : précisément parce qu’il s’avéra l’adversaire le plus irréductible du Symbolisme. Si les versions successives de son précoce et effervescent Traité du Verbe (1886), devenu En Méthode à l’Œuvre (1904), ont fait l’objet d’innombrables commentaires, ses traités plus tardifs sont restés largement ignorés, et n’ont jamais été réédités ; ils représentent pourtant les états les plus aboutis, et les plus personnels, d’une pensée aussi intransigeante que singulière, parvenue à une ferme maturité, et méritent aujourd’hui d’être lus, voire de contribuer aux débats actuels sur la poésie, la connaissance et la chose publique. On trouvera donc, dans le présent volume, le texte intégral de De la Poésie Scientifique (1909) & de La Tradition de Poésie-Scientifique (1920), auxquels s’ajoutent plusieurs lettres de Ghil lui-même et différents articles qui lui furent consacrés, tous en rapport direct avec la question de la « Poésie scientifique ». Outre une copieuse préface, des éléments biographiques et une bibliographie très détaillée, on y trouvera également d’abondantes notes consacrées, en particulier, aux nombreux auteurs plus ou moins inconnus ou oubliés que le poète-théoricien mentionne dans ses écrits, et bien sûr à ses correspondants.
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28/01/2014