Les bibliothèques des Amis de l’Instruction
Programmes des conférences 2013-2014
Les bibliothèques des Amis de l’Instruction sont nées d’un rêve : celui d’un monde où chacun pourrait accéder aux livres et décider de ses lectures. Leur fondation est un acte d’indépendance lourd de conséquences philosophiques, culturelles et politiques ! Cette autonomie intellectuelle a été imaginée sous l’influence de l’utopie fouriériste. Revenir aux racines associationnistes et mutuellistes de notre institution nous permettra d’en éprouver la profondeur à l’aune d’un courant de pensée radicalement différent : l’individualisme. Tordons d’emblée le cou aux idées reçues : l’individualisme, au sens libertaire, n’a pas grand chose à voir avec l’égoïsme. C’est un courant de pensée qui s’inscrit dans la tradition du stoïcisme et des cyniques de l’Antiquité… Bornons-nous à rappeler combien l’instruction est au cœur des préoccupations individualistes : pour eux, point de Grand Soir ni aucune solution collective à la question sociale ; chaque individu est invité à faire la révolution en lui-même, à se grandir par l’étude et dans l’introspection. Grâce à nos orateurs, nous découvrirons comment individualisme, coopération ou mutuellisme ont parfois pu se rejoindre …
1) Bernard Desmars, Les fouriéristes : expériences phalanstériennes et réalisations coopératives, éducatives et mutualistes, 10 octobre 2013.
Bernard Desmars est membre de l’Association d’études fouriéristes et maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Lorraine. Il a notamment publié Militants de l’utopie ? Les fouriéristes dans la seconde moitié du XIXe siècle (Dijon, Presses du Réel, 2010)
Son propos consistera à montrer que le fouriérisme ne se réduit pas au modèle de la communauté phalanstérienne (à travers laquelle il est trop souvent vu, ce qui permet, étant donné l’échec de la plupart de ces communautés, de le qualifier d’utopie ou de projet impossible à réaliser), mais qu’il s’est aussi traduit par des engagements concrets et des réalisations pratiques dans les domaines de l’éducation, de la coopération, de la mutualité, et aussi du côté du féminisme et du pacifisme.
2) Olivier Chaïbi, Proudhon et le mutuellisme, 7 novembre 2013.
Enseignant, Olivier Chaïbi a soutenu une thèse en histoire sur le socialisme utopique et les modèles coopératifs de Jules Lechevalier Saint-André (1806-1862). Il a notamment publié Proudhon et la banque du peuple, Paris, Connaissances et savoirs, 2010.
3) Maurice Schuhmann, Les Penseurs individualistes et leur idée de la société (Max Stirner et Friedrich Nietzsche), 5 décembre 2013.
Maurice Schuhmann est politologue allemand et président de la société Max Stirner. Il a soutenu une thèse sur la conception de l’individualité radicale chez le Marquis de Sade, Max Stirner et Friedrich Nietzsche.
Les philosophes allemands Max Stirner et Friedrich Nietzsche sont des représentants radicaux de la philosophie individualiste. Dans leurs œuvres, ils célèbrent l’individu concret, nourrissent un ressentiment contre l’altruisme et l’idée même d’une société. Maurice Schuhmann montrera comment Stirner et de Nietzsche pensent la relation entre l’individu et la société et évoquera la possibilité de concevoir une société d’individualistes.
4) Stéphane Beau, Georges Palante, un individualiste altruiste, 30 janvier 2014.
Travailleur social, Stéphane Beau est non seulement l’auteur de romans et nouvelles, mais aussi le fondateur de la défunte revue Le Grognard ; il collabore à de nombreuses revues littéraires et tient un blog sur Palante dont il a réédité plusieurs ouvrages.
Georges Palante, philosophe individualiste, fortement influencé par Schopenhauer et Nietzsche, a souvent été présenté sous les traits d’un misanthrope, solitaire et mal à l’aise en société. Ce portrait n’est pas sans fondements, mais c’est oublier qu’il était surtout un être d’une extrême sensibilité. Ses proches s’accordent tous pour vanter sa politesse, son souci d’autrui et son profond respect pour ses interlocuteurs. A travers son enseignement, mais aussi dans ses engagements concrets, politiques notamment, Palante a su conjuguer individualisme et altruisme.
5) Goulven Le Brech, Jules Lequier (1814-1862) : la question de la liberté, 13 février 2014.
Archiviste de Sciences Po, président de l’Association des amis de Jules Lequier, Goulven le Brech, est l’auteur d’un essai biographique sur cet auteur (éditions La part commune, 2007).
Philosophe de la liberté, né il y a 200 ans, Jules Lequier a été « un précurseur sans être un promoteur » (Jean Grenier). A l’avant-garde des penseurs de l’existence (A. Camus, J.P. Sartre), Lequier occupe une place originale au sein des grandes pensées déterministes du 19e siècle. Oscillant entre rationalisme et romantisme, l’objectif de son œuvre inachevée et inédite est de montrer le rôle primordial de la liberté humaine, la part de créativité qui se trouve à tous les niveaux de l’action humaine.
6) Clément Arnoult, Han Ryner, du crime d’obéir au rire du sage, 6 mars 2014.
Enseignant, Clément Arnoult s’est passionné pour la philosophie de Han Ryner. Il s’est investi dans la société des Amis d’Han Ryner, a réalisé un blog consacré à cet auteur et réédité L’individualisme dans l’antiquité (éd. Du Sandre, 2010) ainsi qu’un recueil d’articles intitulé Comment te bats-tu ? (Le Grognard, 2010).
Dans trois romans écrits entre 1895 et 1905, Han Ryner a dressé le portrait du héros individualiste, réfractaire absolu qui refuse de commander autant que d’obéir. Il s’est ensuite attaché à réinvestir la figure du sage antique, pour qui la philosophie est concrète. Philosophe sans système, anarchiste se défiant de la révolution, extrémiste et non-violent, radical et nuancé, antireligieux et spiritualiste, écrivain à la langue profuse et surannée, Han Ryner surprend et agace, mais reste une personnalité méconnue et attachante des lettres et de la philosophie.
7) Anne Steiner, Les anarchistes individualistes et l’Éducation : conceptions pédagogiques et dispositifs autodidactes, 9 avril 2014.
Maître de conférence en sociologie à l’université de Nanterre, Anne Steiner a publié plusieurs ouvrages sur les anarchistes individualistes qui collaboraient au journal l’anarchie (ed. L’Échappée). Son dernier ouvrage : Rirette, l’insoumise, Milles Sources, 2013.
8) Philippe Oriol, Jehan Rictus, l’aristocrate populaire (Titre provisoire), 15 ou 22 mai 2014.
Directeur pédagogique au Cesacom, Philippe Oriol est l’auteur d’une thèse consacrée à Jehan Rictus. Il a travaillé sur les mouvements décadents et symbolistes, sur l’anarchisme et l’engagement politique des écrivains, puis s’est consacré à l’Affaire Dreyfus. Il a récemment publié un livre sur Zo d’Axa.
9) Daniel Lerault, Solitaire et solidaire Panaït Istrati, 12 juin 2014.
Ancien bibliothécaire à la BnF, Daniel Lérault a publié des études portant sur des écrivains de la mouvance prolétarienne ou libertaire : Henry Poulaille, Marcel Martinet, Panaït Istrati, Han Ryner… Dernière publication : « La Véritable tragédie de Panaït Istrati » par Eleni Kazantzaki, présentation d’Anselm Jappe et note bibliographique par Daniel Lérault, éditions Lignes / Imec, 2013.
Le conférencier présentera la vie et l’œuvre de ce grand conteur roumain d’expression française, en s’attachant à montrer combien sa pensée individualiste atteint l’universel. Resté fidèle aux valeurs humanistes, Istrati n’a jamais cessé de chanter la liberté et l’insoumission…
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6/08/2013