Pour Noël, el Chucho !
Jesús Arriaga, dit Chucho el Roto (1834 ?-1885) demeure probablement aujourd’hui, aux yeux des Mexicains, le bandit le plus célèbre et le plus emblématique ayant jamais écumé leur pays. La série contant son incroyable épopée fut – à partir de la fin des années 1960 – l’un des plus grands succès de la télévision nationale. Des pièces de théâtre, des films lui ont également été consacrés, certains peu après sa mort tragique dans l’une des plus ignobles prisons du monde, véritable Alcatraz mexicain : le bagne de San Juan de Ulua, où ce roi de l’évasion connut l’Enfer, et qui aura vu défiler tant d’autres réfractaires au régime de Porfirio Diaz.
Mais qui était vraiment ce personnage de légende ?
Peut-on reconstituer, par bribes, l’histoire authentique de ce charpentier misérable devenu hors-la-loi, et dont les Mexicains se plaisent à douter, aujourd’hui encore – comme pour Zapata – qu’il soit bien mort et enterré ? Ses biographies écrites, quasiment inexistantes, laissent la part belle au cinéma et aux chansons populaires. Celle présentée ici, éditée anonymement en 1916 et republiée depuis à maintes reprises, a fait rêver des générations de lecteurs.
Elle n’avait jamais été traduite en Français.
Écrit au cœur des tourmentes de la Révolution, l’ouvrage y jette un regard nostalgique sur l’âge d’or d’un banditisme – presque un dandysme – d’honneur, effondré depuis sous le poids sanglant de l’Histoire. De sorte que la comparaison avec un autre outlaw mythique : Francisco « Pancho » Villa s’impose nécessairement. Pancho choisit la Révolution. Chucho en reste à la révolte. Une révolte pure, et noble, comme l’indique le sous-titre original : braquages et vols, certes, mais sans excès de violence. Révolte contre le pouvoir des riches, contre leur corruption, politique et morale. Révolte contre le monde de l’argent, et toute cette litanie de bassesses qu’il représentera toujours, ici comme ailleurs.
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25/12/2012