Vous lirez bien quelque chose
Un petit tour par la revue XXI et sa rubrique « vous lirez bien quelque chose », fort à propos pour un café librairie fraîchement ouvert par l’un des plus fervents soutiens de la revue finissante. Et que nous saluons, par la même occasion !
Le choix de Maxime Forcioli, café librairie Le Grand café français (Aubenas, 07)
Il y a quelques jours, le Grand café français d’Aubenas a changé de visage. On venait là boire un verre depuis deux siècles. L’endroit s’est enrichi d’une librairie où l’on déniche les dernières nouveautés comme des livres introuvables. Chacun d’eux raconte l’histoire de celui qui les a achetés et les vend : Maxime Forcioli.
Son aventure commence à Paris où il apprend le métier de libraire. Puis à Lille, sa région d’origine, où il reprend une première librairie, qu’il transforme en laboratoire du livre. Sur deux étages en forme de couloir, on y trouvait à peu près tout, à commencer par une conception du métier quasi utopique : « Un libraire doit être capable de se passionner pour un sujet qui lui est étranger et de le maîtriser le plus rapidement possible. Il faut aimer tout lire pour autrui. »
Eperonné par sa curiosité, Maxime Forcioli a lu et stocké des années durant plus que sa librairie ne pouvait contenir. Les œuvres complètes du poète Benjamin Péret comme des essais sur les mouvements d’extrême-gauche des années 1970 et 1980. Des bestiaires fantastiques aux revues mythiques oubliées. Mais aussi des essais sur la génétique, la littérature des Balkans ou des recueils de texte Falachas, ces juifs noirs d’Ethiopie…
« Des centaines de livres stockés dans mon petit appartement, ça devenait absurde, se souvient-il. On finissait par s’asseoir sur des cartons. Il y en avait jusque dans les placards et sous le lit de notre enfant. A portée de main mais parfaitement inaccessible, j’avais là l’ébauche d’une bibliothèque borgésienne. » Quelques centaines de kilomètres plus au sud, l’opportunité de reprendre le Grand café français s’est présentée. Bien plus qu’un commerce, c’est une utopie devenue réalité.
Cette semaine, Maxime Forcioli nous propose de découvrir L’opium et le bâton, de Mouloud Mammeri :
« Longtemps demeuré introuvable, ce roman enfin réédité est l’un des monuments de la littérature algérienne. On y suit les pas d’un jeune médecin, Bachir, parti d’Alger pour rejoindre Tala, le village de ses ancêtres en Kabylie. Nous sommes en pleine guerre d’indépendance. Tala est pris en tenaille entre le FLN et l’armée française. D’une grande précision ethnographique, l’écriture de Mouloud Mammeri procède par miniatures, dialogues intimes. A la manière des romans de Camus, L’opium et le bâton peut être lu à tous âges, et par tous publics : c’est une grande fresque qui fait vibrer le lecteur, l’émeut, lui fait mieux comprendre l’Histoire. »
Pierre Bottura
L’opium et le bâton, de Mouloud Mammeri.
Points
320 pages, 8,70 euros
Le Grand café français
13 boulevard Gambetta
07200 Aubenas
Tel : 04 75 35 01 07
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13/07/2012