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Dystopie et perturbations de l’utopie : XVIe-XXIe siècles

Journée d’études

Dystopie et perturbations de l’utopie : XVIe-XXIe siècles

Bordeaux, université Bordeaux 3

16 novembre 2012

L’utopie ne cesse de susciter la réflexion littéraire et philosophique, ainsi que le montrent plusieurs ouvrages récents, comme le numéro d’Europe « Regards sur l’utopie » (n° 985, mai 2011) ou le livre de Pierre Macherey, De l’utopie ! (2011). C’est dire que l’actualité nous demande de relire l’utopie et, plus précisément, nous permet peut-être de nous libérer de la vision anti-utopique de la fin du XXe siècle, quand une vulgate largement acceptée assurait que les penseurs utopistes avaient anticipé, voire préparé, les totalitarismes. Or, d’un autre côté, nous vivons le temps d’une inédite « biopolitique des catastrophes » (F. Neyrat), qui utilise les désastres pour resserrer le contrôle des populations et mieux séparer l’ « indemne » du « périssable » : à la critique, aujourd’hui datée, suivant laquelle les utopies conduiraient à la catastrophe succède le récit contemporain selon lequel la catastrophe interdit l’espérance d’une alternative utopique au capitalisme.

Il semble dès lors qu’il faille penser ensemble utopie et catastrophe, non pour reprendre ces deux condamnations symétriques de l’utopie, mais pour faire apparaître les liens peut-être anciens, mais aujourd’hui plus visibles que jamais, entre les deux notions. La réflexion est d’autant plus ouverte qu’ « utopie » et « catastrophe » sont deux signifiants polysémiques. Un spécialiste comme Jean-Michel Racault distingue fermement l’utopie-genre (littéraire) de l’utopie-mode (de la réflexion politique). De même, on peut envisager la catastrophe comme un événement qui interrompt brutalement le continuum de l’histoire ou voir au contraire dans la chaîne des événements historiques « une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines » (Walter Benjamin, “Thèses sur l’histoire”). L’utopie traverse bien évidemment des contextes historiques différents, qui renvoient eux-mêmes à plusieurs pensées de la catastrophe. Mais depuis Thomas More, le genre n’a sans doute jamais cessé de se confronter aux désastres et a souvent été mis en rapport avec l’apocalyptisme. Chez More déjà, la description de l’île d’Utopie ne se comprend que comme la suite du premier livre, qui décrit l’Angleterre comme une dystopie. La guerre est un thème fréquent de l’utopie classique, et conduit parfois au récit de ce qu’on appelle aujourd’hui des génocides, comme l’extermination des « Fondins » dans La Terre australe connue de Gabriel de Foigny (1676), qui se poursuit jusqu’à l’anéantissement de leur territoire, délibérément rasé et submergé. Ainsi peut-on sans doute éclairer utopie et catastrophe :

• en relisant les utopies classiques et modernes à la lumière de leurs catastrophes, ce qui fait au moins apparaître que l’utopie a toujours intégré la critique de ses propres constructions,

• en comparant les procédés des anti-utopies récentes à ceux des utopies classiques, ce qui mène à relativiser l’opposition convenue de la société harmonieuse et du cauchemar totalitaire.

Rappelons que cette journée s’inscrit dans le programme pluri-annuel Utopie et catastrophe. Elle fait suite à la journée d’études du 1er décembre 2011 à Bordeaux, qui a tenté de repérer la permanence de l’utopie aux XXe et XXIe siècles et de rendre compte de la spécificité de ses formes, et à celle du 28 mars 2012 à Poitiers qui a porté sur les images et imaginaires de l’utopie après la catastrophe.

Jean-Paul Engélibert et Raphaëlle Guidée

Programme pluri-annuel «Utopies et Catastrophes» dirigé par Jean-Paul Engélibert

(TELEM, université Bordeaux 3) et Raphaëlle Guidée (FoReLL, université de Poitiers)

Les propositions sont à envoyer à Jean-Paul Engélibert (jean-paul.engelibert@u-bordeaux3.fr) et Raphaëlle Guidée (rguidee@yahoo.fr) le 30 avril au plus tard.

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30/04/2012

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