Modernité de Gourmont [2]
Mise entre parenthèses la pertinence d’une interrogation sur la modernité de Gourmont ou de n’importe quel écrivain (Homère, notre contemporain…), on peut, à la manière des sophistes, conduire une antilogie qui prouvera primo la modernité de Gourmont (cinéma, écologie…), secundo son immodernité : si vraiment la Revue blanche fut la revue de l’avant-garde qui permit à la société française de s’acheminer « vers le modèle culturel et politique qui est le sien aujourd’hui » (Paul-Henri Bourrelier), alors Gourmont n’est pas moderne, puisqu’il n’a pas partagé la plupart des valeurs de cette « génération dans l’engagement ». En fait, Gourmont est en avance sur son époque, et donc en avance sur la nôtre, car si les modernes ont fait leur la devise de l’homme est la mesure de toute chose, nouveaux et intolérants dévots, ils érigent leur relatif en absolu ; d’où il appert que Gourmont, fut sophiste, dans la plus noble acception du terme, un sophiste étincelant, celui qui a une vision relative fuyant « l’horrible manie de la certitude ».
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3/11/2010