Le démolisseur
Le démolisseur frappe à la fenêtre. Il est grand temps. En hâte, on ramasse les instruments littéraires : le manque de talent, l’esprit blanc-bec, les poses, la mégalomanie, les petites filles des faubourgs, les cravates, le style maniéré, les fautes de grammaire, le monocle et les nerfs secrets – tout doit être enlevé. Des poètes hésitants sont gentiment conduits vers la porte. Sortis des recoins ombreux des cafés, ils ont peur du jour qui les éblouit, dela vie dont la plénitude risque de les écraser. Contre cette lumière, le monocle ne protège guère : la vie va faucher les béquilles de l’affectation.
Karl Kraus, Die demolierte Literatur, Frühe Schriften : 1892-1900.
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4/09/2009