Littera necat
« Je suis convaincu qu’il y a des bons et des mauvais journaux. Je suis convaincu surtout qu’il y en a des mauvais. Et il y a aussi ceux qui sont bons et mauvais. Dans des proportions variées. J’admets qu’il y ait tout un échelonnement. J’admets que nous ferons une table des valeurs. Eh bien ce que je dis, c’est que ce n’est pas cette table des valeurs qui m’intéresse.
C’est le registre même où il se fait qu’elle est une table de valeurs.
Je suis convaincu qu’il y a des bons et des mauvais imprimés. Et peut-être beaucoup d’entre-deux. Je suis convaincu qu’il y a une bonne et une mauvaise presse ; et peut-être beaucoup d’entre deux. Ce qu’il y a de bon, c’est que la bonne presse est quelquefois mauvaise et peut-être souvent ; et que la mauvaise presse n’est jamais bonne. C’est toujours le même système de l’irréversibilité et de la dégradation continue. On perd toujours. On ne gagne jamais. Eh bien ce que je dis c’est que les mauvais journaux font infiniment plus de mal comme journaux que comme mauvais, la mauvaise presse fait infiniment plus de mal comme presse que comme mauvaise. Et c’est ici que nous rejoignons notre Bergson : une mauvaise idée toute faite est infiniment plus pernicieuse comme toute faite que comme mauvaise ; une idée fausse toute faite est infiniment plus fausse comme toute faite que comme fausse. »
Charles Péguy, Note conjointe
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29/08/2008